Des organisations et des associations tunisiennes ont décidé de conjuguer leurs efforts en vue d'aider et de secourir les nombreux citoyens tunisiens bloqués en Syrien depuis plus de deux ans, face à l'absence d'interventions officielles dans ce sens, en raison de la rupture des relations diplomatiques entre Tunis et Damas. Les représentants de ce collectif d'associations appelé « coalition nationale de soutien aux tunisiens en Syrie » ont tenu, ce jeudi 2 mai 2013, un point de presse, à Tunis, au cours de laquelle ils ont présenté les objectifs de leur action. Retour, aide et réhabilitation L'instigateur de cette initiative, le journaliste Zouhir Latif, producteur de l'émission « Fi Samim », sur « Ettounissia », a indiqué que le principal objectif est de venir en aide aux tunisiens et aux tunisiennes concernés qui souhaitent renter en Tunisie et surtout ceux qui n'ont pas pu régulariser leurs situations juridiques, et ce en collaboration avec les autorités tunisiennes. Il s'agit également d'inciter le gouvernement à fournir des services consulaires aux Tunisiens concernés afin de faciliter leur retour en Tunisie, outre des actions à titre d'aide humanitaire aux tunisiens en Syrie. L'initiative prévoit également un programme d'encadrement et de réhabilitation pour les concernés de manière à favoriser leur réinsertion en Tunisie. Enfin, cette campagne de soutien vise aussi à régulariser la situation juridique de tous ceux parmi les Tunisiens qui ont été impliqués dans des opérations militaires et terroristes en Syrie. C'est à la suite de visites effectuées en Syrie où il a pu constater la réalité douloureuse vécue par les tunisiens, civils et prisonniers, dans ce pays, en l'absence d'une représentation diplomatique tunisienne, que Zouhir Latif a eu l'idée de cette initiative qui répondait aussi aux appels de détresse lancés par les familles des Tunisiens concernés, à la société civile tunisienne. Les représentants des associations réunies au sein de ce collectif ont souligné qu'il s'agit d'une affaire nationale par excellence qui concerne des citoyens vivant des situations difficiles au quotidien et qui sont menacés de violations de droits humains. Aussi, Ils estiment que c'est un devoir, dans le cadre de la lutte pour la défense des victimes des conflits armés, de venir en aide aux Tunisiens en Syrie. Décision hâtive Les organisations et associations engagées dans cette campagne sont le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, la ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme, l'association tunisienne des femmes démocrates, l'ordre national des avocats, l'organisation contre la torture en Tunisie, l'association de secours des tunisiens à l'étranger et l'association dite « Free reporters ». Les intervenants ont estimé que la décision des autorités tunisiennes de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie a été hâtive et n'a pas tenu compte des intérêts des tunisiens résidents en Syrie. Or, a dit Zouhir Latif, le nombre de Tunisiens en Syrie officiellement enregistrés auprès de l'ambassade tunisienne dépassait alors les 4000 personnes dont plusieurs familles, car il y a de nombreux tunisiens mariés à des syriennes et à des palestiniennes vivant en Syrie. Il y avait en outre 350 étudiants tunisiens en Syrie. Beaucoup de tunisiens profitaient de l'entrée en Syrie sans visa pour se rendre dans ce pays comme touristes ou faire de petites affaires. Tous ces tunisiens se sont retrouvés bloqué en Syrie, à cause du conflit armé qui y sévit depuis deux ans, et plusieurs n'ont plus d'argent pour se nourrir et se loger, au point que des prisonniers Tunisiens détenus uniquement pour défaut de titre de séjour préféraient rester en prison que de se trouver sans ressources dans la rue. 400 captifs tunisiens Il y a enfin les jeunes tunisiens qui s'étaient rendus dernièrement en Syrie, de leur plein gré, pour combattre dans les rangs des rebelles. Certains sont morts et d'autres ont été capturés et faits prisonniers par l'armée régulière syrienne. Zouhir Latif a été autorisé, par les autorités syriennes, à visiter une cinquantaine de ces prisonniers tunisiens, partisans des rebelles et a obtenu quelques améliorations de leurs conditions de détention, très sévères, a-t-il dit. Il a estimé à 400 cents le nombre de ces tunisiens captifs de l'armée syrienne. Une délégation de la coalition nationale de soutien aux tunisiens en Syrie va se rendre prochainement dans ce pays pour opérer un recensement des Tunisiens concernés et leur situation à l'égard de la loi syrienne et tunisienne afin de les aider, ensuite, cas par cas, selon la nature de l'intervention que nécessitent leurs situations respectives, en donnant la priorité aux femmes et aux enfants. Ces interventions seront menées en collaboration avec le gouvernement tunisien, les autorités syriennes, ainsi qu'avec des organisations de la société civile syrienne. L'ordre national des avocats syriens et l'Union des avocats arabes dont le siège est à Beyrouth, au Liban, ont promis leur assistance. Des familles de Tunisiens en Syrie assistaient à la conférence de presse.