L'Union tunisienne de l'industrie et de l'artisanat (Utica) a organisé, hier, un sit-in de protestation contre le commerce et les étals anarchiques, devant le siège du gouvernorat de Tunis. Des commerçants du Grand-Tunis sont venus en masse mardi, à la rue Habib Thameur, pour protester contre le commerce anarchique, considéré comme une menace pour leurs affaires. «Des bandits viennent installer leurs étals devant nos boutiques. Non seulement ils restreignent l'accès à nos magasins, mais en plus ils font fuir les clients avec leur grossièreté», dénonce Abdallah, commerçant à la rue Charles de Gaulle. «Les clients ne viennent plus acheter dans les magasins parce qu'ils trouvent dans la rue des produits moins chers», se plaint une commerçante. «Le commerce parallèle et les étals anarchiques ruinent l'économie du pays», peut-on lire sur une banderole brandie par les manifestants. «Stop à l'anarchie dans la Tunisie post révolution», est-il inscrit sur une autre. Pour Azouz el Khlifa, président du bureau local des commerçants au détail dans le secteur de la fripe, les étals anarchiques nuisent à l'image du pays. «On veut que la Tunisie redevienne propre comme avant. On est en pleine saison touristique, il faut que l'on soit au niveau à l'échelle internationale», dit-il. Non-application de la loi Il y a un mois, les marchands ambulants et les vendeurs à la sauvette ont disparu de la plupart des principales artères de la capitale, suite à un renforcement du contrôle policier. Seulement, les étalages anarchiques ont très vite réapparu. Les manifestants dénoncent l'inertie des autorités face à ce problème et s'étonnent de la non-application de la loi. «Parfois les vendeurs se bagarrent entre eux. Quand on appelle la police parce qu'on se sent en danger, personne n'intervient», dénonce un commerçant à la rue d'Espagne. «La police n'est pas la solution», intervient un policier. «Il y a beaucoup d'intervenants dans cette affaire», ajoute-t-il. La police procède à une dizaine d'arrestations par jour pour lutter contre le commerce anarchique, mais les vendeurs seraient beaucoup trop nombreux pour pouvoir tous les arrêter, explique l'agent. «Le problème ne vient pas des vendeurs mais de certains hommes d'affaires véreux, qui profitent de petites gens pour écouler des produits sans payer des charges sociales et des taxes», estime Faiza Karray, présidente à l'Utica locale-Tunis. «Les produits exposés dans les étalages coûtent cher. Je ne pense pas que les vendeurs aient les moyens de les importer et de payer les taxes à la douane», explique la commerçante. Les manifestants appellent les autorités à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme au commerce anarchique. Certains menacent de fermer boutique au cas où le problème ne serait pas résolu.