Dans son spectacle, Mohamed Ali Kammoun s'est démarqué du jazz implanté chez nous, pour nous produire un jazz purement oriental et dûment tunisien. Après avoir annoncé leur abdication du festival de Boukornine, suite à des problèmes qui ont entravé le cheminement de la programmation de l'actuelle session, Leïla Toubel et le bureau directeur ont laissé le champ libre à la délégation culturelle régionale et à un nouveau comité permanent pour «protéger» et mener à bien un programme éclectique — préparé, en grande partie par l'équipe démissionnaire — dont le démarrage a eu lieu samedi dernier. Kammoun confirme Avant-hier, la 34e édition du festival de Boukornine nous a proposé un jeune talent tunisien, Mohamed Ali Kammoun, qui est reconnu comme l'un des artistes les plus marquants du jazz en Tunisie. Dans ce spectacle, l'artiste s'est démarqué du jazz implanté chez nous, pour nous produire un jazz purement oriental et dûment tunisien. En effet, le spectacle a été une rencontre entre la musique orientale et tout ce qu'elle remembre d'instruments (nay (flûte), luth, tabla et darbouka ) et le jazz (guitare, basse, piano). Ainsi, la musique n'est-elle pas un éclatant rendez-vous regorgeant de genres éclatés, couronnée d'une symbiose de mélodies, de sensations et de rythme? L'artiste, accompagné de ses quatre musiciens et de ses quatre chanteurs, nous a montré que la frontière entre les genres et les races musicales n'a pas le moindre lopin dans son répertoire. C'est ce qui a fait naître magiquement une harmonie rutilante entre l'oriental et l'occidental. Oscar Wilde ne disait-il pas que «la musique met l'âme en harmonie avec tout ce qui existe» ? De surcroît, l'oriental n'est pas seulement une expression instrumentale, il se traduit notamment dans une interprétation qui émane d'une matière richissime et inspirée dont la toile de fond est irriguée de méditation, de mysticisme et de sensualité. Ainsi, on a goûté aux turqueries avec le folklore turc, au folklore tunisien aux percussions vibrantes, mais aussi aux onomatopées et aux youyous retentissants. Dans ce spectacle, Mohamed Ali Kammoun l'interprète, musicien et chef d'orchestre est devenu un «chef d'attaque» dans cet acte de rendre un gracieux hommage à notre patrimoine culturel et musical en amalgamant la chanson bédouine avec le malouf, le tout dans une alchimie savante et avec une touche jazzifiée aux couleurs impétueuses.