Alors que le travail des commissions avance lentement, le phénomène de la corruption bat son plein actuellement, notamment dans la gestion des biens confisqués, comme le confirment les spécialistes La corruption et la malversation ont proliféré depuis la révolution à des degrés inquiétants auprès des préposés de l'administration et du séquestre judiciaire des biens confisqués. Certains parmi eux, nommés après la révolution, exerçaient de hautes fonctions au sein de ces entreprises appartenant au clan Ben Ali. Ce qui explique en grande partie la prolifération de ce phénomène. Malheureusement, après la constitution des deux gouvernements Troïka I et Troïka bis rien n'a changé. Ces mêmes personnes, pointées du doigt, ont continué à exercer leurs fonctions en dépit des appels des organisations spécialisées qui n'ont cessé de réclamer leur révocation, dont l'Organisation pour la transparence financière dirigée par Sami Remadi. «Il existe de lourds dossiers de corruption, dont certains sont déjà passés devant la justice. Plusieurs administrateurs judiciaires et ceux chargés du séquestre judiciaire des entreprises confisquées sont défaillants et même impliqués dans des affaires de malversation», affirme le rapporteur de la commission de la réforme administrative et de lutte contre la corruption relevant de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Néjib Mrad. D'après lui, entre autres exemples, l'administrateur judiciaire de la société Bricorama, confisquée au clan Trabelsi, qui s'absente durant des mois en laissant la société livrée à son sort. Néjib Mrad nous a indiqué que la masse salariale de cette société s'élève à 50 mille dinars mensuellement pour un personnel constitué de 153, personnes, outre un restaurant dont le loyer s'élève à 30 mille dinars par an et qui n'a pas été payé depuis le 14 janvier 2011. Aussi et selon Néjib Mrad, la société dispose d'un parc auto intéressant et délaissé qui n'est pas encore vendu et qui risque de perdre de sa valeur. Accès aux archives et autres difficultés Tout en travaillant en synchronisation avec la commission nationale de confiscation, certains membres de ladite commission constituante viennent de consigner avec des membres du groupe Wafa Lethawra (fidélité à la révolution) une proposition de loi qui «donne accès à ladite commission aux différentes archives des institutions publiques et autres organismes étatiques afin qu'elle puisse parachever ses travaux». Cette proposition de loi figure parmi une cinquantaine d'autres lois qui devront passer devant l'ANC. Il faudra du temps, donc, pour qu'elle soit étudiée et adoptée... «Entre-temps, des citoyens disposant de dossiers de corruption ont préféré nous les présenter au lieu de les faire passer à la commission de confiscation ou au ministère de la bonne gouvernance. Certains parmi ces dossiers impliquent de grosses sommes de malversation. Nous travaillons dessus pour mieux les gérer en attendant que les difficultés qui entravent le travail de notre commission soient contournées», ajoute Néjib Mrad qui s'alarme quant à la prolifération de la corruption qui, d'après lui, bat son plein ces temps-ci. Dernière liste des biens confisqués Par ailleurs, la commission de confiscation vient de publier son dernier rapport quant aux biens confisqués et qui comprend les résultats de ses enquêtes jusqu'au 25 avril 2013. La liste comprend, entres autres, 501 biens immobiliers, 555 entreprises (avec participations diverses), 360 comptes bancaires pour une valeur de plus de 70.213.000 dinars, des portefeuilles financiers d'une valeur de 204 millions de dinars dont 4 millions de dinars appartenant à Moncef Matri. Pour ce qui est des biens mobiliers, ils sont de l'ordre de 42.739 relevant du palais de Sidi Dherif, outre ceux relevant du clan Ben Ali confisqués dans leurs résidences et autres lieux dont les entreprises qui étaient à leur disposition. Le total des titres financiers, des revenus et des comptes courants du clan s'élève à plus de 120.191.000 dinars. Le rapport liste d'autres biens à l'instar de 188 voitures, des yachts, etc. Cependant, on n'a pas encore évalué la valeur de certains biens dont des villas, restaurants et autres... Après près d'un an et demi de travail des différents intervenants dans ce dossier de la corruption et de la malversation, entre ministères et commissions, les choses semblent avancer lentement et la difficulté d'accès aux archives du moins ceux des institutions étatiques, demeure un problème, même pour une commission constituante ! Il va falloir du temps pour que ça s'éclaircisse davantage...