• Affaire des assurances GAT : la Commission nationale de confiscation rejette toutes les accusations de collusion • Confiscation de toutes les sociétés de Sakher El Materi dont le capital s'élève à 200 millions de dinars • 158 biens et 41 sociétés déjà enregistrés au nom de l'Etat L'affaire des assurances GAT a été au centre du point de presse tenu hier par le président de la Commission nationale de confiscation, Adel Ben Ismail. Cette affaire qui porte sur le gel des parts de Marouane Mabrouk dans le capital de la société demandé par l'un des associés a été portée devant la justice, laquelle a reporté son examen au 24 août. Cet associé qui exige la nomination d'un administrateur judiciaire sur la société s'est heurté au refus du Contentieux général de l'Etat et de la Commission nationale de confiscation qui ont décidé de désigner un séquestre sur les parts revenant à Marouane Mabrouk seulement, «lesquelles parts doivent revenir à l'Etat», explique Adel Ben Ismail. Mais de là à accuser ces deux institutions de collusion est un pas que le plaignant a franchi. Accusation que le président de la commission rejette parce «qu'infondée». «Nous avons voulu éviter des dépenses supplémentaires qui, dans ce cas, devraient être versées à la société d'assurance internationale qui détient des parts dans la société GAT, ajoutant que «la Commission n'en a cure de ce genre d'accusations et continue à faire son travail dans la sérénité, conformément à ses prérogatives définies par le décret loi n° 13 du 14 mars 2011 relatif à la confiscation des biens mobiliers et immobiliers. Ce décret, explique le président de la Commission, a dressé une liste de 114 personnes soupçonnées d'être impliquées dans des opérations de malversation et d'avoir acquis leurs biens de manière douteuse. L'opération d'investigation pourrait s'étendre à toute autre personne ayant fait fortune grâce à la complicité de l'ancien président ou de sa famille. Mais notre travail n'est pas de la facilité qu'on imagine parce qu'on doit tenir compte des intérêts de tout le monde dont notamment la sauvegarde des emplois, des intérêts des actionnaires, de l'ensemble du personnel et de l'Etat bien sûr. Et puis il y a des marchés qui ont été conclus par et avec les sociétés confisquées et qui doivent être dûment réalisés. En plus de cela, il y a des sociétés écrans qu'on doit identifier. Mais nous n'avons aucun intérêt à ce que la confusion perdure». Certaines parties ont contribué par leurs agissements à compliquer la situation des sociétés. «Elles ont, par exemple, demandé la mise sous séquestre de biens ou de sociétés pour pouvoir honorer leurs créances. Alors que ces biens sont désormais propriété de l'Etat qui a, jusque-là, repris 158 biens et 41 sociétés appartenant à l'ancien président, à sa femme et à leurs familles en vertu d'arrêtés de transfert de propriété». Sur un autre plan, le président de la commission a fait savoir que «la seule société Ennakl qui appartient à Sakher Materi, gendre de l'ancien président, a enregistré des pertes sèches de cinq millions de dinars au cours des événements ayant suivi le 14 janvier suite au vol ou à la casse des véhicules. Pour les seules clés, il a fallu dépenser 150 mille dinars pour les refaire. Mais depuis, la société a repris et a reçu plusieurs commandes fermes». Il a également annoncé la confiscation de toutes les sociétés appartenant à Sakher Materi dont le capital cumulé est de l'ordre de 200 millions de dinars. Au nombre de ses associés on trouve sa femme Nesrine Ben Ali, son père et sa mère et d'autres sociétés ou personnes physiques qui entrent pour une part infime. Les plus importantes sont la Banque Zitouna dont le capital s'élève à 70 millions de dinars avec une valeur nominale de 1 dinar l'action. Sakher détient 50.999.980 parts indirectes par le biais de Princesse Holding et 8.400.000 par le biais de Portefeuille Invest en plus de 900.000 parts directes en son propre nom, tout comme sa femme Nesrine. La deuxième grande société est Ennakl Automobile avec un capital de 30 millions de dinars et une valeur nominale de 1 dinar l'action. Princesse Holding détient 16.818.940 parts et la Banque Zitouna 1.495.000. Le reste est partagé entre Sakher en tant que personne physique, ses parents, sa sœur et autres souscripteurs. Il a également investi dans le secteur de l'aéronautique en créant une société anonyme « Princesse Privat Aviation » avec un capital de 23 millions de dinars. Le bâtiment ne lui a pas échappé. La société immobilière "le Vieux port", "le Marchand de l'immobilier" et les "Hirondelles" avec respectivement des capitaux de un million de dinars, 6,5 millions et un million. Tout comme le secteur agricole avec deux grandes sociétés de développement et d'exploitation Zitouna I et Zitouna II dont le capital s'élève à 9,250 millions de dinars pour la première et 9,115 millions de dinars pour la deuxième contre un loyer modique de 64 mille dinars par an. Pour 1.390 hectares des meilleures terres. "Toutefois, on doit faire attention à cette culture qui consiste à douter de tout et à considérer tout le monde complice dans l'affairisme ou dans l'enrichissement illicite. Et surtout à jeter, injustement, le discrédit sur des institutions ou des personnes en charge de dossiers aussi délicats que l'investigation sur les biens mal acquis ou la confiscation des avoirs du clan de l'ancien président et de sa femme. Il y va de l'honneur des gens", n'a pas manqué de souligner le conférencier.