Le gouvernement reste en place et le dialogue reprendra avec la participation de ceux qui partagent les propositions de Laârayedh et sont disposés à les améliorer. Pas question de tout reprendre à zéro. Ali Laârayedh, chef du gouvernement provisoire, a, enfin, livré sa feuille de route en vue de la gestion de la crise déclenchée par l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, coordinateur général du Courant populaire. Hier après-midi, lors d'une conférence de presse au Premier ministère, Laârayedh a présenté une initiative fondée sur les six axes suivants. «D'abord, le gouvernement actuel poursuit son action tout en redoublant d'efforts en vue d'améliorer son rendement. Nous ne sommes pas soucieux de rester au pouvoir mais nous sommes déterminés à assumer pleinement nos responsabilités et à remplir la mission pour laquelle nous avons été élus: réussir la transition démocratique et organiser des élections démocratiques et transparentes. Ensuite, nous proposons que l'ANC parachève l'adoption de la Constitution avant fin août prochain et adopte la nouvelle loi électorale avant le 23 octobre 2013. Enfin, nous suggérons que les élections se tiennent le 17 décembre 2013». Les trois autres axes du plan d'action présenté par le chef du gouvernement tournent autour de : «la nécessité d'éviter de soumettre à l'ANC des projets de loi suscitant la division ou la discorde parmi les Tunisiens. En deuxième lieu, l'application stricte de la loi à l'encontre des organisations ou associations qui prônent la violence (allusion aux ligues de protection de la révolution) et au cas où elles ne se conformeraient pas à la loi, elles seront dissoutes. En dernier lieu, l'ouverture d'un dialogue avec toutes les parties qui adhèrent à notre plan d'action et qui sont prêtes à fournir des suggestions propres à renforcer l'efficacité du rendement du gouvernement. Tous les partis politiques, dans l'opposition ou au gouvernement, ainsi que les organisations nationales sont invités à participer à ce dialogue. Nous ne retournerons pas au point zéro. Le dialogue ne se fera pas dans la rue mais bien dans les espaces qui lui sont réservés». C'est le peuple qui protège la révolution Et Ali Laârayedh d'insister sur l'engagement du gouvernement à réunir les conditions idoines pour la tenue d'élections libres, démocratiques et transparentes. «Nous considérons que la résolution de nos conflits, ajoute le chef du gouvernement, passe inéluctablement et exclusivement par le dialogue. Et ce dialogue ne peut en aucune manière avoir lieu dans la rue ou dans les places publiques, ou sous les menaces ou la violence». Quant à ceux qui ont choisi la voie de la surenchère ou la logique des calculs partisans étriqués, Laârayedh leur brandit l'arme du référendum : «Oui, nous sommes disposés à demander au peuple de dire son mot, via référendum, et à choisir la voie à suivre. C'est le peuple qui a réalisé la révolution du 14 janvier et c'est à lui que revient le dernier mot pour protéger sa révolution et dire non à ceux qui se sont autoproclamés détenteurs de la légitimité alors que cette dernière est l'apanage exclusif du peuple». Un remaniement ministériel n'est pas impossible L'élargissement de la coalition gouvernementale est-elle à l'ordre du jour ? «Nous discuterons de tout avec ceux qui croient en le bien-fondé de notre initiative et nous irons jusqu'au remaniement ministériel si l'intérêt de notre pays l'exige. Nous essayons de convaincre les constituants qui ont annoncé leur retrait de l'ANC de réviser leur décision et nous estimons qu'il est possible de parachever la Constitution et de l'adopter avant fin août prochain», souligne le chef du gouvernement. Pour ce qui est de l'appel lancé par l'opposition pour la formation d'un gouvernement de salut public ou d'union nationale, comme proposé par Ettakatol, Laârayedh dévoile : «Je ne suis pas au courant de la proposition d'Ettakatol. Je viens de rencontrer le Dr Mustapha Ben Jaâfar et il n'a rien dit sur cette proposition. Nous avons fait part de notre initiative et je pense que le dialogue pourrait nous mener vers une formule qui serait meilleure que celle d'un gouvernement de salut public. En tout état de cause, nous opterons pour la solution la plus indiquée pour servir les intérêts de notre peuple. Notre réponse à ceux qui soutiennent que le peuple ne veut plus de notre gouvernement est simple : nous ne tomberons pas dans les surenchères et c'est bien le peuple qui tranchera avec les partisans du coup d'Etat qu'ils présentent comme soi-disant la volonté du peuple dont ils ont confisqué, à tort, la voix». Les planificateurs des assassinats de Belaïd et Brahmi seront dévoilés incessamment Revenant sur le dévoilement des identités des planificateurs et des commanditaires des meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, le chef du gouvernement précise : «En comparaison d'autres pays où se sont produits de tels assassinats, nous considérons que nos unités de sécurité ont accompli un travail considérable en si peu de temps puisque nous avons déjà découvert les identités de quatre parmi les tueurs des deux martyrs Belaïd et Brahmi. Nos enquêteurs continuent à y travailler sérieusement et notre objectif est que les commanditaires des deux assassinats seront connus incessamment». Et Laârayedh de relever que la lutte contre le crime organisé et le terrorisme «est un long processus qui commande persévérance et vigilance permanentes. La solution ne réside pas en le remplacement d'un responsable sécuritaire par un autre responsable. Il s'agit d'une action de longue haleine en vue de faire éclater les structures sur lesquelles les groupes terroristes fondent leur action et d'appuyer par tous les moyens nos forces de sécurité qui accomplissent un travail qui mérite hommage et considération. Le chef du gouvernement n'a pas manqué de dénoncer les agissements de ceux qu'ils accusent de chercher à «s'emparer des institutions de l'Etat pour faire plonger le pays dans le chaos et le désordre. En effet, bien avant que le corps du martyr Mohamed Brahmi n'arrive à l'hôpital, des voix se sont élevées pour appeler à la désobéissance civile, à faire tomber le gouvernement et à mettre la main sur les sièges des gouvernorats et des délégations et à incendier ceux de certains partis politiques. Pis encore, ils ont incité l'armée à la désobéissance.». «Heureusement, conclut-il, que le peuple a vite découvert leurs vils desseins et a fait avorter leur complot en se rendant compte qu'ils sont des aventuriers anarchistes poussés par leurs intérêts personnels et partisans, faisant fi aussi des intérêts du peuple. Dieu merci aussi, les indicateurs économiques, principalement ceux de la Bourse, n'en ont pas pâti et sont retournés très vite à leur cours normal».