Sami Lejmi promet, demain, à Carthage, un spectacle de grande classe, une communion totale, une éblouissante reconstitution de la «Ziara» (visite rituelle), à partir du répertoire d'El Aouemreya du Sahel et de la Aïssaouia de Sfax. Du fait de son succès éclatant, la Hadhra aura fait un peu d'ombre aux autres formes de chants liturgiques dont regorge un pays qui compte plus de 2.500 marabouts. Ce que l'artiste entreprend de faire, c'est, justement, dépoussiérer et mettre en exergue un patrimoine oral ancestral et un legs liturgique important. Et c'est ainsi qu'est né le spectacle Ziara qui réunira plus de cent personnes sur scène. Il commencera par la récitation de la Fatiha, cette prière d'actions de grâces, pleine d'élan et de foi, par laquelle les musulmans sanctifient tous les actes importants de la vie. C'est la première et la plus belle page du Coran. Elle sera récitée en signe de recueillement sur l'âme de nos martyrs, soldats et hommes politiques. S'ensuit alors une séance d'invocations « Ya Latif » pour demander la clémence de Dieu pour un pays en tourmente. Dans son principe, « Ziara » est le fruit d'une recherche musicale méticuleuse sur les chants soufis de deux confréries, à savoir la Aîssaouia de Sfax et El Aouemreya du Sahel. Dans cette œuvre, le concepteur du projet n'entend pas les restaurer dans leurs formes originelles, mais se propose d'en renouveler la lecture, d'en adapter et d'en recomposer les notes et de les porter dans le langage contemporain. La scénographie, signée Hafedh Jedidi, porte sur une cour intérieure d'une zaouia où se déroulera l'assemblée des dévots. L'entrée se fera par une procession « Dakhla » des fidèles qui viennent rendre visite au marabout conformément à l'obligation de l'ordre de se réunir à des jours déterminés, pour chanter en commun les louanges de Dieu et de son Prophète, et pour célébrer les mérites du fondateur de l'ordre. L'entame se fera par un chant de Mjarred, « Na Jay Nzour » (je viens rendre visite). Une conception lumière, basée sur la technique de l'ombre chinoise et du jeu des silhouettes, donnera au chorégraphe Ramzi Abdelhafidh la possibilité de restituer l'ardeur que fera naître la récitation. Des corps qui avancent et reculent, comme s'ils étaient poussés par des ressorts invisibles; des mouvements saccadés, des chevelures flottant au vent, etc. C'est l'ambiance d'une cérémonie religieuse où chacun vient raviver sa foi à ce foyer incandescent, et puiser dans la communauté d'idées et de sentiments un nouvel aliment à son enthousiasme. Avec ce spectacle, qui comptera près de 100 personnes sur scène, Sami Lejmi promet un show magistral avec la participation de Mohamed Dahleb, Haïder Emir, Hatem Ferchichi, Mounir Troudi, Mehdi Ayechi, Cheikh Mokhtar Bayoudh et le cheikh Hédi Naât.