Comme de coutume, durant la deuxième moitié du mois de Ramadan, les familles tunisiennes se préparent pour la célébration de la fête de l'Aïd. Or, qui dit préparatifs dit dépenses ménagères supplémentaires consacrées, essentiellement, à l'achat de vêtements neufs et de pâtisseries traditionnelles. Du côté du Grand-Tunis, depuis l'entame du dernier tiers du mois de la piété, plusieurs boutiques proposent des rabais à la caisse entre 15 et 25%. C'est le cas de la plupart des commerces de prêt-à-porter, notamment pour hommes, situés au centre-ville. Karim, un jeune cadre, ne s'en est pas privé : «Je viens d'acheter deux chemises dans une boutique de la rue Ali-Bach Hamba et deux pantalons dans un magasin au Palmarium, j'ai eu droit à une remise de 15% dans chacun des deux commerces», souligne-t-il. A Nabeul, malgré l'ambiance électrique que connaît le pays et le sit-in des opposants en face du siège du gouvernorat, les boutiques de l'avenue Hédi-Chaker, artère principale du prêt-à-porter et de la maroquinerie dans la capitale des Potiers, ne désemplissent pas. Séduits par les remises à la caisse, les clients, curieux et tentés, affluent. On s'interroge dès lors sur l'intérêt de reporter les soldes au 15 août, alors que plusieurs commerçants pratiquent déjà des réductions plus ou moins alléchantes, du moins pour certains? Les tailleurs et les couturières ont la cote Pour d'autres bourses, plus en difficulté, les remises de 15 à 25% n'arrangent rien, si bien que la plupart des commerçants restent assez pessimistes. «Nous avons fait un effort pour attirer la clientèle malgré le report de la période des soldes pour le 15 août mais en vain. Les visiteurs que vous voyez nombreux font surtout du lèche-vitrine ou se limitent à l'essayage des articles, mais en matière de vente, notre chiffre d'affaires n'a pas bougé d'un iota. Il faut dire qu'avec la conjoncture socioéconomique difficile que connaît le pays, plusieurs de nos concitoyens ont préféré se rabattre sur les tailleurs et les couturières au lieu d'acheter du prêt-à-porter», précise Sofiane Akil, propriétaire d'une boutique de prêt-à-porter pour femmes. Ces propos sont confirmés par Mme Salma Trabelsi : «J'ai 4 filles et mon pourvoir d'achat ne me permet pas de les habiller au prêt-à-porter. Pour mes deux petites filles, j'ai épargné une petite somme pour leur acheter deux robes. Tandis que mes deux grandes filles et moi-même, nous avons opté pour des tenues confectionnées chez la couturière de la famille». Et d'ajouter : «Même mon époux a acheté du tissu pour se faire confectionner une chemise et un pantalon par un tailleur». Les couturières et les tailleurs semblent avoir de nouveau la cote, si bien que certains d'entre eux ont dû mettre les bouchées doubles afin de pouvoir honorer leurs engagements. C'est le cas d'Ahmed Laâouini, un tailleur du côté de l'avenue de la République de Nabeul. «Les commandes ont triplé cette année par rapport à l'année dernière. Il m'est arrivé de refuser des commandes, au risque de fâcher mes clients, car à ce rythme-là, je ne pourrai pas les délivrer avant l'Aïd El Idha», déclare-t-il, amusé. Malgré le refus des commandes, Si Ahmed risque malgré tout de passer une nuit blanche la veille de l'Aïd. Comme quoi, le bonheur des uns fait le malheur des autres!