Des Tunisiens résidant en France ont organisé un sit-in à Paris, en écho à celui du Bardo. Un second rassemblement, plus politisé, a eu lieu le lendemain, toujours dans la capitale française. Suite aux événements tragiques qui ont secoué le pays, et en soutien aux manifestants du Bardo, des Tunisiens résidant en France ont organisé un sit-in, vendredi dernier, Place de la République. Plusieurs centaines de personnes ont participé à l'événement. «La plupart étaient des jeunes, mais il y avait aussi des parents avec leurs enfants et des personnes plus âgées», témoigne Selma, 29 ans. Le rassemblement pacifique était ouvert aux gens de tous bords politiques. «Nous étions là pour exprimer notre peine, mais aussi notre amour du pays», affirme la jeune femme. Tout au long de la manifestation, chants, lecture de poèmes et musique instrumentale ont alterné avec des moments plus solennels où on pouvait entendre l'hymne national et une lecture de versets du Coran. Les participants n'ont pas manqué de rendre hommage aux soldats tués en observant une minute de silence. Des bougies allumées étaient posées sur la place. Sur des feuilles blanches on pouvait lire des messages d'amour et de paix mais également des messages hostiles au gouvernement tels que «Nous refusons un gouvernement de médiocres », « Au Bardo ou à Paris, tous debout contre Ennahdha». Beaucoup de Tunisiens attendaient cette manifestation pour exprimer leur colère et ont été déçus par le caractère «trop pacifiste» de l'évènement. «J'ai eu l'impression que les organisateurs n'avaient pas assez conscience de la gravité de la situation en Tunisie», affirme Maher, 31 ans. Un second groupe a finalement été créé juste à côté du premier. Les participants, une vingtaine de personnes, ont scandé des slogans contre Ennahdha et Ghannouchi. Bastille Au lendemain de la manifestation Place de la République, un autre rassemblement, organisé par la coordination France du Front de Salut National a eu lieu Place de la Bastille. Selon les témoins sur place, il y avait près d'une centaine de participants. Les manifestants ont scandé des slogans rappelant les principales revendications du Front de Salut National, à savoir la démission du gouvernement, la dissolution de l'Assemblée nationale constituante et la constitution d'une Haute instance pour achever la rédaction de la Constitution avec le concours d'experts, et la formation d'un gouvernement de Salut National restreint, constitué de personnalités indépendantes et non engagées dans les futures élections. «Chose étrange, il y avait beaucoup de manifestants pro-Bachar qui agitaient des drapeaux syriens et des portraits du président», relève Karim, 28 ans. «Vive l'unité arabe !», criaient certains. Après vérification avec l'un des organisateurs, Tarek Ben Hiba, président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives, il s'est avéré que ces manifestants sont des nationalistes tunisiens venus soutenir le mouvement, mais qui ont profité de l'occasion pour faire leur propagande. Par ailleurs, le Front de Salut National compte installer une tente permanente à Paris, avec le soutien de la mairie, qui servira comme lieu de visibilité et d'animation.