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Médias-pouvoir : l'autre champ de mines
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 08 - 2013

Outre le terrorisme, le régime provisoire installé au lendemain du 23 octobre 2011 a compté, parmi ses dossiers explosifs, les orages cycliques et les conflits récurrents qui ont traversé ses relations avec les médias. Trois raisons objectives d'une grande discorde...
Deux faits révélateurs ont récemment affolé le baromètre des relations politico-médiatiques :
- Mardi 30 juillet, la chaîne de télévision publique Tunisie Nationale diffusait à chaud et en exclusivité les images des soldats victimes de l'attentat terroriste du Châambi et des membres terrorisés de l'escadron du commando ciblé. Ce qui a été probablement dicté par la fièvre du scoop, relève en réalité de la faute professionnelle, de l'erreur déontologique grave : double atteinte à la dignité de la personne humaine et au moral des troupes, stimulation indirecte d'autres actes terroristes, banalisation de l'horreur... Le choc des images a certes permis, pour la première fois, aux Tunisiens de découvrir la face terroriste de la nébuleuse islamiste. Mais il s'est ajouté à la liste des dérives médiatiques et des transgressions déontologiques enregistrées depuis le 14 janvier 2011 en Tunisie. Réactions vives du parti du président Marzouki, celles de la ligue de la protection de la révolution qui menace de reprendre son sit-in devant le siège de la télévision publique, et de certains députés de la majorité. Intervention immédiate de la Haica pour qui le respect de la déontologie est une affaire de régulation interne et spécialisée dont les politiques ne peuvent point se mêler.
- Deuxième fait : lundi 29 juillet, dans sa dernière conférence de presse, le chef du gouvernement ouvrait une parenthèse que, dans le tollé général et dans le choc qui a suivi l'attentat du Chaâmbi, peu d'observateurs ont remarquée. M. Ali Laârayedh a mis un point d'honneur à « remercier les journalistes qui se sont distingués par leur loyauté, et leur appui à l'effort du gouvernement et sur lesquels il peut compter en temps de crise...».
Sur fond de « Grande Discorde »
Dans le code consacré des relations pouvoir-médias, cet égard est pour le moins déplacé. Pour le journaliste, le merci politicien renferme en lui-même une offense à l'indépendance et à la neutralité. Venant du sommet de la hiérarchie, il révèle toute l'ambition et la stratégie de cette hiérarchie de se rallier le corps médiatique, de le mettre au pas... Pour le secteur, la distinction faite par le chef du gouvernement entre les journalistes loyaux et le commun des journalistes vient confirmer ce que l'on sait déjà : l'obédience d'un pan entier du paysage médiatique au régime transitoire.
Si le chef du gouvernement a choisi de louer les journalistes alliés, la vice-présidente de l'ANC, le porte-parole du gouvernement et le ministre de l'Agriculture ont, de leur côté, préféré s'en prendre rudement aux « adversaires » — les médias — les accusant d'être entièrement alignés sur les mouvements de protestation populaire, de manquer de crédibilité et d'objectivité dans le traitement de la crise.
Cette accusation n'est pas nouvelle. Elle est la dernière d'une série d'orages cycliques et de conflits récurrents qui, depuis le 23 octobre 2011, ont accompagné toutes les crises traversés par le gouvernement de coalition. Avril 2012 : répression des manifestants de l'opposition et de la société civile sur l'avenue Habib-Bourguiba, août 2012 : coupures d'eau à Sidi Bouzid et premier bilan négatif du gouvernement de coalition, octobre 2012 : polémique autour de la fin de la légitimité, novembre 2012 : vidéo fuitée du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, décembre 2012 : attaque du siège de l'Ugtt par les LPR, février 2013 : assassinat de Chokri Belaïd, avril-juin 2013 : premiers événements du Mont Chaâmbi, juillet 2013 : assassinat de Mohamed Brahmi et attentat contre huit soldats tunisiens au Chaâmbi... A chacune de ces crises, médias, dirigeants et députés de la coalition au pouvoir se sont laissés aller à des confrontations et des déchaînements. Une adversité est sitôt née qui, au-delà des pics, a servi de toile de fond à la transition.
Des journalistes publiquement « engagés et militants »...
Sur le terrain, trois raisons semblent avoir nourri ce qui ressemble plus à une discorde de fond qu'à des conflits conjoncturels.
La première raison est l'engagement publiquement militant de nombre de journalistes et de chroniqueurs de chaînes indépendantes de radio et de télé qui ont sciemment décidé de se départir de la neutralité requise par la profession, pour jouer un rôle politiquement engagé, défendant la liberté d'expression, mais aussi « une Tunisie moderne et progressiste contre le projet théocratique dictatorial du parti islamiste Ennahdha». Leur devise : comment rester neutre et objectif face à ceux qui remettent en question notre existence professionnelle et nos valeurs ? S'agissant de figures médiatiques célèbres et trop présentes sur les ondes et les écrans, l'idée a fini par être communément partagée que l'ensemble du corps des professionnels s'inscrit « dans l'opposition systématique au régime». De là à l'accuser de défendre l'ancien régime, le pas est franchi. A cette confusion générale entre opposition politique et contre-pouvoir médiatique s'ajoute une autre : l'amalgame entre les médias classiques et les réseaux sociaux. Le système des vases communicants entre les deux a laissé peu de place à la distinction entre l'insoutenable légèreté du fil de l'actualité de Facebook et la gravité du pur produit journalistique...
Un pouvoir qui ne veut pas s'encombrer de contre-pouvoirs
La deuxième raison tient du régime transitoire lui-même qui, dès l'installation du gouvernement d'Ennahdha en décembre 2011, a procédé, à travers les déclarations offensives de ses dirigeants, les campagnes houleuses de ses bases et les prêches enfiévrés dans les mosquées, à une remise en question fondamentale et méthodique de l'existence même des journalistes et des médias en tant que contre-pouvoir. Nominations des responsables des médias publics, contacts secrets avec des journalistes en vue de « collaboration », refus d'activer les décrets de régulation et de constitutionnaliser sans réserves la liberté d'expression... Pour le parti Ennahdha au pouvoir, le vœu, dès le départ, était clair : la particularité de la période de transition ne supporte ni opposition politique, ni critique médiatique. C'est l'unité des corps et des voix qui est de rigueur, avec comme mots d'ordre l'unanimité et l'adhésion... Il est clairement demandé aux médias d'« appuyer l'effort politique », de « faire réussir la transition démocratique » de « considérer l'intérêt supérieur du pays »... Sous peine de procès, d'emprisonnement, de campagnes de dénigrement et de takfir pour les transgresseurs. Les critiques contre le gouvernement et l'ANC sont, désormais, élevées au rang de transgressions blasphématoires et d'atteintes au sacré venant d'une institution laïque et mécréante : l'information.
Ainsi prit corps l'information alternative. Un paquet de cinq chaînes de télévision et de quelques journaux vont prêcher pour des convaincus à travers des contenus propagandistes, politico-religieux, avec des cahiers des charges et des sources de financement bénéficiant de la plus grande opacité. L'objectif est double : se garantir des alliés médiatiques et s'adresser aux partisans qui se plaignaient de ne plus se reconnaître dans les médias publics et indépendants. Loin de tout professionnalisme et de toute crédibilité, les contenus accumulent les cas d'intox, de détournements et de manipulation. L'analyse de contenu de quelques programmes et de journaux télévisés explique en partie le carcan et l'isolement politiques dans lequel les inconditionnels de l'information alternative ont fini par se retrouver.
Omerta, intox et manipulation.
La troisième raison et la plus importante tient de la nature même du discours qui a imprégné la communication du régime de transition. Fraîchement promu aux commandes de l'Etat, le parti Ennahdha a fait, en même temps que les promesses utopiques de son programme de 365 points (aujourd'hui retiré des pages officielles du parti), le marketing avant-coureur de sa propre communication. Il annonçait une communication politique ouverte et rationnelle, textuellement « à l'américaine ». Quelques semaines au pouvoir, c'est au double langage mi-démocratique, mi-salafiste de ses dirigeants que les journalistes se sont confrontés. A coups de rhétoriques, les promesses de modernité et de démocratie se doublent, de faux-fuyants et de langage codé envers les bases. Le double langage ne fera pour autant qu'une saison. De crise en divulgation, le débit des éloquents et des volubiles s'est peu à peu raréfié. Et c'est à un hermétisme et un black-out quasi total que nous renvoya, dès la cérémonie de passation en février 2013, le nouveau gouvernement de M. Ali Laârayedh. Bien avant lui, sous le gouvernement de M. Hamadi Jebali, les sources administratives se sont taries. Après les quelques mois d'ouverture qui ont suivi le 14 janvier, l'administration, traversée, sous le gouvernement de la coalition, par un vaste mouvement de transferts, de sanctions déguisées, de nouvelles promotions et de nouvelles nominations, s'est à nouveau retranchée dans le silence précaire et méfiant. Le décret 41 sur la liberté d'accès aux données n'est toujours pas activé. Les responsables anciens et nouveaux fuient le contact et redoutent les questions et il ne faut pas compter sur l'armée de nouveaux conseillers qui les surplombent pour vous informer. La pratique des fax sans réponse a repris ses droits... Le tour des plateaux des personnalités du parti majoritaire et ses acolytes est la partie visible de l'iceberg. Le reste de l'activité gouvernementale ploie sous la nouvelle omerta de l'administration. Les points de presse réguliers, les interviews concédées, particulièrement activés en temps de crise, relèvent plus de l'autodéfense, de la contre-critique que de la communication rationnelle et de l'information pertinente et justifiée. Sa retranscription objective pose en elle-même un problème de codes de lecture et de traitement professionnel, tant le déphasage est grand.
L'information au temps du salaf, un cas d'école
Sur le terrain, le journalisme au temps de l'islamisme est un cas d'école sur lequel les chercheurs devront se pencher. La culture rationnelle et les techniques de l'information s'y affrontent à une stratégie sectaire et impénétrable de l'endoctrinement, à la tradition salafiste et confrériste de la clandestinité. Une épreuve où la liberté d'écrire et de produire achoppe sur le mur de silence de l'administration et se confronte à l'impossibilité de croiser ses sources et d'authentifier. Situation où la rumeur et l'intox ne peuvent que prospérer. Au bonheur de la classe au pouvoir qui tire à ce jour sa force du doute qu'elle sème sur la crédibilité de l'ensemble du secteur.
C'est sur ce fond de profonde discorde qu'évoluent les relations entre les médias et l'actuelle classe au pouvoir. L'actualité vient de les encombrer de deux dossiers chauds et inédits que tout relie : celui du terrorisme et celui de l'impasse du pouvoir. Des terrains minés en perspective, des erreurs et de l'apprentissage en vue...


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