L'édition de La Presse que vous tenez entre les mains peut être la dernière avant au moins quatre jours. Comme plusieurs autres journaux tunisiens, un problème d'approvisionnement en encre et en papier pourrait empêcher la parution de plus d'un titre, s'il venait à persister Notre directeur technique, H. A., est dans tous ses états et doit gérer la pénurie d'encre afin d'assurer la parution régulière du journal. « Pour faire face à la pénurie, on a dû réduire le tirage de 10 à 20% ce dernier mois, et emprunter de l'encre à des imprimeurs et à d'autres journaux », affirme le responsable. « Si jusqu'à présent le journal a réussi à paraître dans les kiosques, il est possible que demain il ne puisse plus le faire », ajoute-t-il. D'autres journaux sont dans la même situation. Contacté par téléphone, le directeur technique de Dar Essabah, M.D., confirme que tous les clignotants sont au rouge : « Nous avons effectivement le même problème d'encre, nous avons tout juste de quoi sortir des tirages pour samedi ». La raison du blocage? La société chargée d'approvisionner tous les journaux tunisiens n'est plus en mesure de fournir de l'encre, à cause « d'une importante congestion au port de Radès et d'une perturbation des délais de chargement des bateaux ». Un premier stock d'encre devait arriver par bateau le 7 juillet dernier et un second était prévu pour le 19 du même mois. Le gérant de la société prestataire de services, M.B., affirme que les navires sont arrivés en Tunisie avec la marchandise à leur bord, mais n'ont pas pu être déchargés. « Actuellement, j'ai 60 tonnes d'encre en mer », dit-il. Tout le stock de réserve a été épuisé et pour répondre à la demande, de l'encre a été importée d'Algérie via les louages avec des coûts supplémentaires que le fournisseur assure ne plus pouvoir supporter. Pénurie de papier En ce qui concerne le papier, le même problème est à déplorer. Grève de plusieurs jours des agents de la Société tunisienne d'aconage et de manutention (Stam) début juillet, lenteurs administratives, changement de direction à la tête de la douane, réduction des heures de travail en été, baisse de régime avec le mois de Ramadan en plus des jours de congé, etc. Tous ces facteurs ont contribué à perturber l'approvisionnement, selon un important fournisseur de papier, A.R. Ce dernier assure toutefois qu'il continuera à fournir du papier à ses clients, mais à des quantités plus réduites. Face à la rupture, plusieurs journaux ont dû faire une impression sur du papier inhabituel, qui coûte jusqu'à 40% plus cher que le papier ordinaire. « S'il y a encore une seule grève, ne serait-ce que d'un jour, les journaux ne paraîtront plus », prévient le fournisseur. Et une non-parution prolongée d'un journal peut vouloir dire sa mort, surtout quand il dépend des recettes publicitaires.