Voilà donc plus de deux semaines que cela dure. Plus de gaz et la pénurie est d'autant catastrophique vu la grande vague de froid qui s'est abattue sur le pays depuis quelques temps. Catastrophique parce que le gaz est un besoin vital et que si l'on arrive à ne plus en avoir, des vies sont en danger. Les protestations se font de lus en plus nombreuses. La vraie raison réside en réalité à cette nouvelle manie qu'est le sit-in. Un moyen d'expression de révolte très récurrent qui commence à peser sur la stabilité du pays et qui pèse lourd dans la balance pour le citoyen. Voici quelques témoignages et les réponses d'un haut responsable de la SNDP (Société Nationale des Produits Pétroliers). Samir, propriétaire d'un fast-food : «A plusieurs reprises j'allais fermer boutique à cause de cette histoire de pénurie de gaz ! A quoi bon ouvrir tous les matins si je ne peux même pas préparer les plats. Depuis plus d'une semaine, je n'ai plus de bouteilles de gaz. Même la réserve est épuisée ! Je connais certains qui ont été obligés de hausser les prix des plats et des sandwichs parce qu'ils étaient amenés à fermer quelques jours plus tard en attendant qu'on veuille bien nous fournir le gaz ! Jusqu'à quand va-t-on devoir supporter ces crises et cette instabilité ? On a des familles à nourrir et un loyer à payer ! » Abir, revendeuse de gaz et propriétaire d'une supérette «C'est une première. Voilà 10 ans que je suis dans le secteur du commerce, je n'ai jamais vu une pénurie pareille en gaz ! D'ailleurs, il n'y pas que le gaz qui est en manque. La carence est aussi notoire dans les produits les plus élémentaires et vitaux, comme le lait et le sucre. En plein hiver et avec le froid de canards qu'il fait, ce n'est vraiment pas le moment. Depuis plus d'une semaine, je n'ai plus été fournie en bouteilles de gaz et les clients sont de plus en plus désemparés. Tantôt en colère, tantôt impuissants, ils ne comprennent pas la raison d'une telle pénurie. Y en a ceux qui, au comble du désespoir sont même demander de prendre la bouteille au prix que je désire ! On m'a même proposé 30d rien que pour pouvoir faire à manger à leurs enfants. C'est insensé et compréhensible à la fois. Il faut que l'Etat trouve une solution à tout ça ! » Mme Souad, femme au foyer et consommatrice (Une femme qu'on a rencontrée devant une supérette attendant vainement la distribution du gaz) : «Je suis désespérée ! Ça fait une semaine que je ne sais même plus le goût d'un plat chaud avec le froid qu'il fait ! C'est anormal ! Je suis diabétique et suis obligée de dîner à peine des yaourts ! A deux reprises, j'ai eu une hypoglycémie. Je suis allée me chercher un poulet grillé pour mes enfants et moi, le vendeur a exigé que je prenne avec un plat de spaghetti sinon il ne me vendrait pas le poulet ! Il y en a ceux qui profitent de ces moments de crises !» Makrem (dépositaire de gaz, secteur Ben-Arous-Le Bardo) «Cette situation dure depuis le début du mois de décembre et s'est aggravée ces deux dernières semaines. C'est le sit-in quia eu lieu à Gabès qui a tout foiré. D'habitude, trois bateaux viennent de France pour nous fournir du gaz, mais le sit-in a fait que le bateau qui était prévu ne veuille plus revenir puisque la dernière fois, il a été bloqué au port de Gabès et ce durant 3 jours. Ce qui est très embêtant pour les consommateurs surtout les personnes âgées. Comment peuvent-ils manger ou se réchauffer si le gaz n'est pas fourni avec le froid qui a fait ces temps-ci ? Heureusement que deux bateaux ont accosté avant-hier. C'est la fin du calvaire. Bien que les gens doivent attendre encore quelques jours dans le froid et parfois dans la faim.»
Habib Mlaouah (Directeur Central d'Exploitation et de Commercialisation des Produits Pétroliers à la SNDP) : “La faute aux Sit-in et aux grèves” Le Temps : Depuis presqu'un mois, la pénurie en gaz se fait de plus en plus sentir, surtout durant une période de grand froid. Pourriez-vous nous expliquer les raisons d'un pareil manque en bouteilles de gaz ? Habib Mlaouah : En réalité, et malgré les grandes précautions de l'Etat surtout avec cette grande vague de froid, une déficience en ravitaillement de gaz est là depuis le début de ce mois. Cette carence n'a rien à avoir avec la production tunisienne ou nos fournisseurs étrangers en matière de gaz. Deux grands événements ont fait que cette catastrophe a eu lieu. Pour commencer, le sit-in du16 novembre 2011 qui a eu lieu à Gabès durant 15 ans a paralysé 40% des outils de productions tunisiens des trois zones pétrolières de Radès, Gabès et Bizerte. Cette perturbation a causé beaucoup de tort dans la profusion et la distribution de gaz sur tout le territoire tunisien. Il a fallu que la Société civile intervienne pour que le sit-in soit levé. Par ailleurs, le bateau qui était prévu fin novembre et qui devait accoster à Gabes n'a pas pu décharger la cargaison car, les employés du port observaient une grève et ont bloqué l'accès au port au bateau venu pour nous fournir le gaz. Ledit bateau est resté cinq jours bloqué. Il a donc été renvoyé vers le Nord et est parti vers le port de Rades. Ce retard a créé un retard dans la circulation des bateaux. Les répercussions étaient donc fatales sur le secteur et surtout pour les consommateurs. Du coup, les stocks étaient épuisés dans les différents centres BUTAGAZ ET et TOTALGAZ. Rajoutons à cela la grande vague de froid qui s'est abattu sur le pays. Comment faites-vous pour ravitailler les régions où le froid est à la limite au-dessus du supportable, surtout dans les régions du Nord-Ouest? Effectivement, pendant cette période de crise due aux sit-in successifs, notre priorité était de fournir le gaz aux villes qui connaissaient un grand besoin de se réchauffer. La SNDP, qui fournit d'habitude 46% de la part des marchés, a focalisé sa distribution en gaz sur le Nord-Ouest à l'instar de Kef et Jandouba. La SNDP a assuré des renforts en bouteilles GPL à partir de Gabès, de Radès et de Bizerte, un ravitaillement quotidien. Quels sont généralement nos besoins en gaz ? Combien en consommons-nous ? Vous savez, l'Etat fait toujours en sorte de fournir tous les besoins quotidiens des citoyens surtout durant la période hivernale parce que c'est capital pour la vie humaine. La bouteille de gaz est donc hautement subventionnée par l'Etat, son prix initial est de 18d alors qu'elle est proposée à 7,400. Pour nous, c'est une vraie catastrophe que les citoyens restent sans gaz surtout en période de grand froid ! Quant à nos besoins en gaz, annuellement, nous consommons 32 millions de bouteilles de 13 kg, le reste est distribué en vrac (secteur industriel, automobile, etc… En d'autres termes, les besoins des Tunisiens sont de 470 mille tonnes de GPL par an. 20% de nos besoins en gaz sont fournis par nos trois centres de production de Bizerte, de l'usine GPL STEG de Radés et une partie par de British Gaz. Le reste est importé par la STIR qui est chargée par l'Etat pour importer ce produit de l'Algérie essentiellement t de l'Europe aussi. Que comptez-vous faire à propos de cette pénurie alarmante ? La STIR et le Ministère de l'Industrie et de l'Energie a préparé un programme assez solide de gestion de crise. Depuis le 22 décembre, 20 mille tonnes sont affrétés et qui sont répartis sur 6 cargaisons. D'ailleurs, avant-hier soir, deux bateaux, le premier Tamara venant de Marseille (4 mille tonnes métriques) a accosté à la Goulette. Le second Ghaschemm Rhône venant d'Algérie (3600 tonnes métriques) est arrivé à Gabès. Hier d'ailleurs, les centres ont déjà commencé à travailler normalement l'irrigation. D'ici deux jours, les bouteilles de gaz seront disponibles chez les revendeurs. J'aurais juste deux petits messages à faire passer aux consommateurs. Evitez la surconsommation car tout ira désormais bien. Arrêtez avec ces sit-in qui perturbent même les choses les plus vitales de la vie et met en péril la vie des vieux, des gens malades. Melek LAKDAR
Près de 7600 tonnes de gaz liquéfié arrivent aux ports de Radès et Gabès Près de 7600 Tonnes de stocks de Gaz liquéfié (GPL) ont été importées, du 22 au 23 décembre 2011 pour faire face à la pénurie de bouteilles de gaz à usage domestique enregistrée sur le marché local, a annoncé le ministère de l'Industrie et de la Technologie dans un communiqué publié, hier à Tunis. «Un navire transportant 4000 tonnes de Gaz liquéfié (GPL) est arrivé au port de Radés, hier matin, après un premier navire transportant 3600 tonnes de GPL et parvenu au port de Gabès, jeudi, a précisé le communiqué. Selon le communiqué, la Société nationale de distribution des pétroles (AGIL) confirme le retour à la normale des opérations de remplissage des bouteilles de gaz, réalisées dans les entrepôts de stockage (Butagaz) et (Total Gaz), dans les régions de Radés et Gabès afin d'assurer l'approvisionnement du marché. Il y a lieu de rappeler que les bouteilles de GPL ne sont pas importées mais remplies dans les centres des sociétés de distribution en Tunisie.