Noureddine B'hiri confirme que le Conseil de la choura va adopter la feuille de route de Ghannouchi. Le dialogue ne sera pour autant jamais rompu, selon lui Réuni dans un endroit gardé secret jusqu'à la dernière minute, pour des raisons que personne ne connaît, le Conseil de la choura d'Ennahdha poursuivait encore ses travaux à l'heure où nous rédigions le présent article, en début de soirée. A l'ordre du jour de cette session exceptionnelle : l'examen de la situation générale dans le pays et la discussion de la feuille de route exposée par Rached Ghannouchi, lors de sa dernière conférence de presse, pour sortir la Tunisie de la crise qu'elle traverse depuis près d'un mois. Contacté par La Presse pour savoir quelles sont les tendances qui ont dominé les débats, samedi et dimanche, au sein du Conseil et quels seraient les résultats auxquels l'opinion publique devrait s'attendre, Noureddine B'hiri, membre du bureau exécutif d'Ennahdha et ministre auprès du chef du gouvernement, précise : «Les discussions ont tourné autour de la situation générale dans le pays en nous basant sur une approche patriotique appelant à accélérer davantage la concrétisation de la transition démocratique. Pour nous, ce qui se passe dans le pays équivaut à une tentative de coup d'Etat qui vise avant tout le processus démocratique et qui ignore les résultats de l'opération électorale. Nous sommes convaincus que l'étape actuelle nous commande de construire ensemble, dans un esprit consensuel et participatif, l'avenir de notre pays, loin de toute tendance de quiconque à imposer son opinion ou ses choix par la force ou par la coercition. Malheureusement, il s'est avéré qu'il existe des parties qui refusent les conditions du consensus et cherchent à imposer le pouvoir de la minorité en voulant mettre la main sur les institutions de l'Etat. Ce processus est inacceptable parce qu'il menace l'essence même de l'opération démocratique et risque de nous faire revenir au point zéro. Il met en cause, également, le choix participatif et consensuel. Il porte atteinte, d'autre part, au caractère pacifique de notre révolution et à nos chances de préserver la pérennité de l'Etat». Noureddine B'hiri poursuit : «Nous comprenons les craintes exprimées par nos partenaires politiques et nous les appelons à un dialogue ouvert sans conditions préalables. L'essentiel est que nous discutions ensemble de toutes les questions en suspens. Nous sommes disposés à présenter toutes les garanties possibles afin que personne n'intervienne dans les affaires de l'Instance des élections. Quant aux responsables régionaux, ils peuvent être révoqués au cas où il serait établi qu'ils sont impartiaux». Oui à la feuille de route de Ghannouchi Interrogé sur la possibilité pour le Conseil de la choura d'avaliser à la fin de ses travaux la feuille de route exposée par Rached Ghannouchi, notre interlocuteur indique : «Oui, j'ai le sentiment que les membres du Conseil vont soutenir la lecture de la situation politique faite par le bureau exécutif de notre parti et adopter le plan d'action soumis par notre président. Quant à l'Ugtt, nous réaffirmons que nous demeurons ouverts au dialogue avec tout le monde. Toutefois, nous appelons la centrale ouvrière à jouer le rôle du médiateur impartial». A propos de la rencontre Ghannouchi-Caïd Essebsi à Paris, Noureddine B'hiri relève : «Notre mouvement est ouvert à tout le monde et il est normal que notre président, qui est avant tout un homme de dialogue, rencontre le président de Nida Tounès qui a sollicité l'entretien. La rencontre a permis de mettre les points sur les i et a montré qu'il ne peut y avoir de solution en dehors du consensus et du dialogue». A notre question sur la possibilité de voir Ahmed Mestiri diriger le prochain gouvernement comme l'ont laissé entendre certaines indiscrétions médiatiques, la réponse de notre interlocuteur est claire et tranchante : «Nous n'avons aucune information sur la question. Pour nous, l'accession au pouvoir s'opère uniquement à travers les institutions constitutionnelles. Notre choix est le maintien du gouvernement, tout en l'élargissant à ceux qui acceptent d'y participer sur la base de la poursuite du processus démocratique. Je m'adresse à nos amis dans l'opposition pour leur dire : l'instant historique par lequel passe notre pays nous commande une union sacrée contre le terrorisme qui n'épargne personne et qui vise tout le monde». L'impératif pour l'ANC de reprendre ses travaux Pour ce qui est de la suspension des activités de l'ANC par le Dr Mustapha Ben Jaâfar qui a réaffirmé son attachement, lors du Conseil national d'Ettakatol tenu, hier, à Sousse, à ce que le gel se poursuive encore jusqu'au démarrage du dialogue national, Noureddine B'hiri avance une nouvelle approche : «Au sein d'Ennahdha, nous considérons que l'ANC assume une importante responsabilité dans l'accélération du parachèvement de la période transitoire, d'où l'impératif qu'elle reprenne ses travaux le plus tôt possible. Nous aurions préféré que le Dr Ben Jaâfar limite sa décision à la discussion du projet de Constitution de manière à ce que la Constituante puisse continuer à discuter et à adopter les projets de loi à caractère économique. Je cite, à titre d'exemple, le projet relatif à la Cité Omar-Al Mokhtar à Séjoumi ainsi que plusieurs projets de développement dans les régions de Sidi Bouzid et de Kasserine, sans oublier le nouveau Code des investissements ainsi que nos engagements avec la Banque mondiale. Avec le gel de l'ANC, ce sont les Tunisiens qui ont besoin de ces projets, qui se retrouvent sanctionnés». Noureddine B'hiri se veut, en conclusion, rassurant envers les constituants sit-inneurs en leur lançant le message suivant : «Nous ne profiterons jamais de votre absence pour faire adopter la future constitution qui sera la constitution de tous les Tunisiens et de toutes les Tunisiennes. Nous gardons l'espoir de voir les constituants campant devant l'ANC y revenir et que le dialogue continue au sein du palais du Bardo».