Ennahdha accepte l'initiative de l'Ugtt, mais à ses conditions. Il fait durer le suspense en laissant entendre qu'il a de nouvelles propositions à dévoiler en temps opportun Décidément, la crise dans laquelle se morfond la Tunisie depuis l'assassinat du constituant Mohamed Brahmi n'est pas près de connaître son épilogue. L'éclaircie ou la lueur d'espoir entrevue, hier matin, avec l'acceptation par Ennahdha de l'initiative de l'Ugtt a rapidement volé en éclats. Ainsi, les partis de l'opposition ont-ils crié, pratiquement à l'unisson, qu'Ennahdha a eu recours à une nouvelle manœuvre en réaffirmant, dans un communiqué de quatre lignes diffusé sur son site web, son attachement «à ce que le gouvernement de la Troïka poursuive sa mission jusqu'à ce que le dialogue national parvienne à un choix consensuel en vue de parachever le processus transitoire et d'organiser des élections libres et transparentes». La petite phrase du communiqué d'Ennahdha a le mérite d'être claire et précise : «Le gouvernement Laârayedh ne démissionnera pas avant le démarrage du dialogue national comme l'exige l'opposition». Du côté de l'Ugtt, l'on déplore cette position «en contradiction totale avec l'essence même de l'initiative de l'Ugtt, devenue par la force des négociations et des concertations avec l'opposition, celle de l'ensemble des Tunisiens qui se sont retrouvés en face d'Ennahdha qui maintient toujours une position le moins qu'on puisse dire ambiguë», souligne Bouali M'barki, membre du bureau exécutif de l'Ugtt chargé de l'administration et des finances. «Nous sommes pratiquement dans l'impasse. L'opposition se cramponnant à sa position, voulant que le gouvernement démissionne immédiatement. De l'autre côté, Ennahdha est d'accord pour la formation d'un gouvernement consensuel qui sera installé à la clôture du débat national. De toute façon, le S.G. de l'Ugtt reçoit, ce matin, les partis de l'opposition pour s'informer de leurs positions définitives. Dans l'après-midi, à partir de 17h plus précisément, une troisième rencontre aura lieu entre Abassi et Ghannouchi dans l'objectif de se fixer sur une issue définitive. Notre espoir est que cette rencontre permettra de fixer la date du démarrage du dialogue national qui pourrait commencer au début de la semaine prochaine», conclut-il. Nous avons fait toutes les concessions possibles Pour Abdellatif Mekki, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, les choses sont aussi claires comme l'eau de roche: «Nous avons accepté l'initiative de l'Ugtt en tant que point de départ du dialogue national. Malheureusement, nous avons été surpris de découvrir que l'opposition exige la démission du gouvernement avant que ce dialogue ne démarre. Nous considérons que nous avons fait toutes les concessions possibles et que nous avons réuni les meilleures conditions de réussite du dialogue national. Notre sentiment est que l'opposition cherche à fuir le dialogue avec ses conditions inacceptables et en faisant fi du climat général régnant dans le pays. Un climat qui rend la démission du gouvernement impossible à l'heure actuelle du fait de la bataille qu'elle livre au terrorisme. Et en tout état de cause, tout dialogue a bien ses règles élémentaires dont la première est qu'il ne peut être assujetti à des conditions préalables». Toutefois, Abdellatif Mekki laisse entendre qu'Ennahdha pourrait réviser ses positions en déclarant: «Oui, nous avons d'autres propositions qui seront annoncées au public en temps opportun quand elles seront acceptées par les autres parties».