Le 29 mai dernier se disputait l'ultime journée d'une interminable compétition. Plus rien depuis. La faute à qui? Voici un début de réponse. La nouvelle, le énième report, est tombée comme un couperet. Le championnat ne débutera pas demain. Encore moins le dimanche prochain. Peut-être après la rencontre des éliminatoires de la Coupe du monde Tunisie-Cap Vert. Peut-être plus tard, soit le 20 septembre. Cela fera alors quatre (4) longs mois que la majorité de nos clubs sont dans l'inactivité. Avec des charges, des salaires, des stages, des recrutements. Dans l'intérêt de qui? Sûrement pas des clubs, sûrement pas du football, sûrement pas des supporters qui ne se rappellent même plus les noms de leurs joueurs et la dernière fois qu'ils ont mis les pieds dans un stade. Difficultés réelles et jeu malsain En apparence un huis clos insupportable, a priori, les grosses difficultés financières de nos clubs. Mais, en réalité, un énième bras de fer entre la fédération et le ministère, par présidents de clubs interposés. Avec aussi pour fil rouge le match important, mais non décisif, pour la qualification à la Coupe du monde 2014 au Brésil, face au Cap-Vert. Le communiqué du bureau fédéral est très significatif à ce propos, puisqu'il met toute la responsabilité sur le ministère de la Jeunesse et des Sports, coupable à ses yeux de «n'avoir pas répondu (à la positive bien sûr) aux exigences des clubs, et ce, en dépit des courriers répétitifs de cette dernière depuis le 8 mars 2013, sur procuration des clubs». Ou encore «dans le cadre du souci constant de la FTF de prendre la décision adéquate pour que reprenne le championnat dans les meilleures conditions possibles et dans les plus brefs délais, celle-ci a, à l'issue d'une réunion exceptionnelle tenue le dimanche 25 août, décidé de reporter le coup d'envoi du championnat et de charger la commission fédérale des compétitions, en accord avec la commission technique nationale et du sélectionneur national, de préparer un nouveau calendrier». Enfin, «le bureau fédéral espère que les parties concernées (comprenez le ministère en premier lieu) trouveront les solutions adéquates pour une reprise du championnat dans les meilleures conditions». En d'autres termes, la reprise du championnat n'est plus son affaire, c'est l'affaire des clubs et surtout celle du ministère qui doit accéder aux exigences de ceux-ci. Sans nier les énormes difficultés des clubs, dont une partie est inhérente à la situation confuse et parfois chaotique post-révolutionnaire; sans nier l'effort qui doit être consenti et qui le sera par le ministère, donc par l'Etat et par conséquent par le contribuable (le MJS propose 400 mille dinars avant la fin de l'année; cela fera 6 milliards 400 cent millions pour les seuls clubs de la Ligue 1), il n'y a pas que le côté financier... Le contentieux s'alourdit Le conflit larvé entre le ministère et la FTF (Al Jary en premier lieu) n'en finit pas de pourrir le paysage footballistique tunisien et cela n'est pas sans rappeler la situation politique générale du pays. De la nomination de Nabil Maâloul, à la lettre ouverte d'Al Jary à Rached Ghannouchi, en passant par les modestes résultats de l'Equipe Nationale et l'incapacité de la FTF à assumer ses responsabilités dans cette crise; pour finir avec la nécessité pour l'actuel bureau fédéral de voir l'Equipe Nationale se qualifier à la phase finale de la Coupe du monde 2014 au Brésil, unique condition de survie de cette fédération, c'est tout un jeu malsain qui prévaut actuellement. Mettre la pression sur le ministère et lui faire assumer la responsabilité du report du championnat arrangent drôlement les affaires d'une FTF qui se détourne et fuit ainsi ses propres responsabilités. Mettre la pression sur le ministère et continuer à reporter le championnat arrangent la FTF qui gagne ainsi la sympathie des grands clubs auxquels on épargne à leurs joueurs deux à trois matches supplémentaires, en prévision de la confrontation contre le Cap-Vert et en coupes africaines. Cela sans parler de la manne financière du ministère. Mettre enfin la pression sur le ministère par l'intermédiaire des clubs permet à la FTF de gagner la sympathie des petits clubs en difficulté et qui ont ainsi l'impression que la FTF défend leurs droits auprès du ministère. Voilà en quelques points les enjeux et les dessous de ces reports rejetés, tout en sachant que le ministère, qui a la responsabilité de l'argent public, exige toujours des clubs un bilan de la situation réelle de leurs finances pour débloquer l'argent. Des bilans qui ne viennent toujours pas. Faut-il, en effet, rappeler que le ministère a, de tout temps, donné aux clubs. Parfois sans compter et surtout sans demander des comptes. Avec l'inflation, l'explosion des montants de recrutements et de salaires, le ministère, le contribuable sont en droit d'exiger des bilans réels pour qu'on sache au moins où en sont nos clubs et où en est notre football. Ce que la FTF ignore et occulte royalement, son souci étant de se maintenir en place après l'élimination honteuse au premier tour de la CAN, celle des éliminatoires du Chan et les prestations modestes de l'Equipe Nationale. Son destin est plus que jamais entre les mains de... Nabil Maâloul!