Panafricaine dans l'âme, Angélique Kidjo est une chanteuse béninoise qui a tenu à mettre ses convictions et son talent au service du Mondial sud-africain. Elle était de la fête lors du grand concert inaugural qui s'est déroulé au stade Orlando de Soweto. Dans un entretien recueilli par un journaliste de RFI, elle s'exprime sur le sens de l'événement qui se déroule en Afrique du sud: «Ça représente un début de reconnaissance de notre expertise en Afrique pour mener à bien ce genre de projets. On entend souvent dire que l'on sera toujours un continent assisté alors qu'il y a des hommes et des femmes qui sont capables. Si cet événement peut rendre la confiance et la dignité aux Africains qui mettent leur savoir-faire au service des autres, on avancera beaucoup plus vite». Le déroulement du Mondial dans un pays qui a été marqué pendant longtemps par une politique d'Apartheid revêt une signification qui n'échappe pas à personne. Elle dit à ce propos : «C'est vrai qu'il y a encore beaucoup de tensions en Afrique du Sud mais c'est quand même un exemple fantastique: un être humain comme Nelson Mandela a donné au monde une leçon d'humilité, de pardon et d'humanité incroyable. Il a réussi à dire aux Sud-Africains que le pays appartient autant aux noirs qu'aux blancs. Vous voyez ce que ça demande comme courage alors que ces mêmes blancs l'ont mis à l'ombre durant 27 ans? Pendant l'apartheid, j'ai toujours refusé d'aller jouer en Afrique du Sud. La première fois, c'était en 1996. Quand je suis arrivée, je ne me rendais même pas compte de la célébrité que j'y avais. Là-bas, les gens me reconnaissent, m'arrêtent, on prend des photos. C'est aussi le pays de Miriam Makeba, mon idole, ma mère musicale. Elle a été la première à me recevoir chez elle en 1996. Elle m'a reçu comme sa fille. Elle m'a fait tellement manger que je ne pouvais plus bouger !» Mais Angélique Kidjo ne vient pas seulement en tant que chanteuse au pays du Mondial. L'entretien se conclut ainsi: «J'ai grandi avec sept frères. Et comme j'étais toujours à leur courir après, ce sont eux qui m'ont appris à grimper aux arbres, à faire du basket et aussi le foot, quand ils n'avaient pas le nombre exact de copains pour faire leur match ! J'adorais ça, malgré la poussière, je suis née asthmatique. J'étais souvent goal, parce que mes frères disaient qu'ils n'avaient pas envie de m'écraser ! On prenait la rue d'un bout à l'autre, on avait plus ou moins un ballon… Ce qui était fantastique, c'était l'accord tacite avec les voitures : dès que les conducteurs voyaient qu'on jouait au foot, ils faisaient le détour ou se garaient pour venir voir. Il y avait des supporters, ça chantait, ça criait comme si on était au Stade de France alors qu'on était dans une rue en Afrique !»