Eprise de liberté, elle a passé sa vie entière à crier fort, par sa voix et ses actions de bonne volonté, au droit à une vie digne et elle a quitté ce monde en défendant cette même cause. Miriam Makeba, connue par « Mamma Africa », s'est éteinte dans la nuit de dimanche à lundi, à l'âge de 76 ans alors qu'elle était sur le podium en Italie, lors d'un concert dédié au jeune écrivain Roberto Saviano du best-seller « Gomorra », menacé de mort par l'un des fiefs de la mafia italienne. Mais comment raconter le parcours grand et long d'une dame exceptionnelle comme « Mamma Africa » qui a fait de sa vie un véritable combat pour l'amour, la liberté, la tolérance et la paix. Les tunisiens qui ont vécu les années 70 et 80 se souviennent certainement des petites escales faites par la chanteuse sud-africaine et de sa chanson « Pata, pata », qui a fait le tour du monde notamment en Tunisie, lors de sa première montée en scène dans le cadre du festival international de Tabarka en 1976. En 1982, elle est l'invitée des Journées cinématographiques de Carthage. Engagée comme elle est, Miriam Makeba, l'actrice, a joué un rôle dans le film « Amok » du réalisateur marocain Souheil Ben Barka. Un film qui parle de la rébellion contre le système raciste de l'Apartheid en Afrique du Sud, à travers le voyage d'un instituteur noir qui part à la recherche de sa sœur, de son frère et de son fils et au cours duquel il est confronté à un monde étrange, un monde de crime, de haine et de torture dans les prisons. La grande vedette sud-africaine qui a chanté à l'amphithéâtre de Carthage en 2005, a été reçue par le Président Zine El Abidine Ben Ali qui lui avait décerné, le 6 avril 1995, en Afrique du Sud, la médaille du mérite culturel. Et pour Miriam Makeba, c'était, « une source de fierté, qu'un chef d'Etat me consacre un peu de son temps. Sachant qu'il n'y a pas beaucoup de dirigeants qui feraient de même. Cela m'a profondément émue », avait-t-elle déclaré. Aujourd'hui, alors qu'elle a quitté ce monde, la Tunisie, lui a, par devoir de mémoire, rendu un dernier hommage, comme l'atteste le message de condoléances adressé mardi 11 novembre par le président Ben Ali au président de la République d'Afrique du Sud, Kgalema Montlanthe. A la mémoire d'une artiste qui a généreusement enrichi la scène artistique, en étant la voix glorieuse du continent africain contre le racisme qu'elle a longuement combattu.