Le mot a été lâché hier lors de la réunion des représentants du Front du salut... On est dans une logique de mobilisation positive : davantage pour se rassembler que pour rejeter Dans la partie qui se joue entre la Troïka au pouvoir et l'opposition, la journée d'aujourd'hui est cruciale. Hier, le Front du salut national s'est mis en «réunion permanente» et semble jeter toutes ses forces dans la bataille, en ce jour de commémoration, afin de faire résonner la voix du peuple contre le gouvernement actuel... Quarante jours après la mort de Mohamed Brahmi, le message de l'opposition est le même, à savoir que la mort d'un élu du peuple, sous les coups perfides de ses assassins, signe l'échec irrévocable du pouvoir en place, qui doit donc partir. Le présupposé fondamental derrière cela étant que le contrat minimum qui lie le gouvernement au peuple est que le premier doit assurer la sécurité du second, ne pas le livrer à la violence et au crime... Il est vrai que, depuis, cette revendication du départ — Errahil — est entrée dans une phase de négociation et qu'elle a dû intégrer deux paramètres : la sauvegarde de l'unité nationale et le refus du scénario égyptien d'une part et, d'autre part, la mise en place d'un gouvernement susceptible de garantir les conditions de neutralité de l'administration dans la perspective de la prochaine période électorale. On relèvera, par ailleurs, que l'Union générale des travailleurs tunisiens, qui a joué un rôle à la fois de parrain et d'intermédiaire dans le processus de négociation entre la Troïka et l'opposition, a appelé les citoyens à se rendre présents lors de cette célébration. Est-ce dans le but de redonner du poids au rapport de force entre la foule des uns et celle des autres ? On ne saurait le croire. Avec ses partenaires du quartet, à savoir l'Utica, la Ltdh et l'Ordre des avocats, l'insistance est désormais sur la nécessité d'en finir avec la crise politique actuelle et, par conséquent, celle pour toutes les parties de faire les concessions requises... Alors ? A vrai dire, on observe une évolution analogue du côté des partis regroupés au sein du Front du salut. Le ton est ferme. Les revendications sont toujours affirmées avec force. La volonté de mobilisation est intacte. Mais quelque chose a changé... L'objectif n'est plus tant de nuire à la majorité en place que de constituer un «rassemblement national»... Le mot a été lâché hier lors de la réunion des représentants du Front du salut... On est dans une logique de mobilisation positive : davantage pour se rassembler que pour rejeter. D'ailleurs, on observe de l'autre côté aussi un mouvement de regroupement. En effet, c'est dans cette même journée d'hier qu'on a appris que quelque 12 partis ont créé une coalition, baptisée «Alliance nationale pour la réussite du processus démocratique»... Certes, les tractations seraient engagées depuis le mois d'avril dernier en vue de la former, mais la coïncidence entre son annonce et la mobilisation des partis de l'opposition à la veille de la commémoration est sans doute une donnée à relever. Ces partis réunissent le parti majoritaire, Ennahdha, et des formations proches et de modeste importance... Il s'agit, précise-t-on, d'une coalition et nullement d'une fusion. Quoi qu'il en soit de cette coïncidence, la journée d'aujourd'hui est un grand jour pour l'opposition. Les déclarations de Ali Laârayedh, hier, réaffirmant qu'il «ne livrerait pas le pays à l'inconnu», autrement dit qu'il ne permettrait pas la démission du gouvernement comme préalable au dialogue, sonnent presque comme un défi lancé aux partis qui réclament le «départ»...