Les familles tunisiennes se penchent, actuellement, sur les préparatifs de la rentrée scolaire. Cette dernière nécessite un budget assez costaud, variant entre 150dt et 900dt, selon la nature de l'enseignement. Mais l'enseignement privé reste, de loin, plus coûteux que l'étatique. A deux jours donc de la rentrée scolaire, les libraires accueillent encore les parents qui, une longue liste de fournitures scolaires à la main, acquièrent cahiers, manuels scolaires et autres, parascolaires, règles, compas, gomme, taille-crayon, crayons de couleurs et autres produits. Mohamed Jelassi, ouvrier dans une usine de fabrication de carrelage, attend patiemment son tour devant le comptoir de la librairie du coin. Père de trois enfants inscrits en première, en cinquième et en sixième années de l'enseignement de base, il sait d'avance qu'il aura à dépenser pas moins de 100dt pour chacun de ses enfants. Malgré ces lourdes dépenses pourtant prévisibles, il n'a pas fait des économies pour pouvoir subvenir aisément aux préparatifs de la rentrée scolaire. Il faut dire que les vacances, ramadan ainsi que l'Aïd ont eu raison des économies des Tunisiens. C'est ce qu'affirme d'ailleurs Emna Naoui, informaticienne et mère de trois enfants âgés respectivement de 8, 14 et 15 ans. «Nous avons un budget limité qui nous oblige à serrer la ceinture et à opter pour des fournitures à prix abordables. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que je suis devenue au fil des années une cliente fidèle des deux librairies dont les prix sont nettement inférieurs à ceux appliqués dans d'autres librairies ainsi que dans les supermarchés», indique-t-elle. En effet, selon Monia Chedli, libraire, la marge bénéficiaire des libraires sur les manuels et les cahiers de 72 pages est fixée à 25%. Pour les autres fournitures, elle excède les 30%. «Certains libraires profitent de cette marge illimitée pour gonfler les prix. En ce qui nous concerne, nous sommes convaincus que cette marge doit être raisonnable», précise la libraire. Prendre en considération le pouvoir d'achat des Tunisiens Cette maman semble préoccupée par les dépenses indispensables à la rentrée scolaire. Elle estime qu'elles frôleront les 500dt, sans compter les manuels parascolaires. Pourtant, Emna fait de son mieux pour préserver intacts les manuels de ses aînés afin que les cadets puissent les utiliser. Quant aux cartables, elle avoue être obligée d'opter pour la gamme moyenne dont le prix ne dépasse pas les 30dt. «Je pense qu'il faudrait réviser tout le système de l'enseignement et prendre en considération le pouvoir d'achat des Tunisiens», souligne-t-elle. Pour elle, il est inconçevable que la plupart des cahiers recommandés à la rentrée ne soient pas utilisés lors de l'année scolaire. S.B.A est mère de deux enfants inscrits en quatrième année et en terminal. Pour subvenir aux besoins de ses enfants en fournitures scolaires, elle recourt aux grandes surfaces ainsi qu'aux étals anarchiques. Toutefois, la qualité des fournitures fait défaut. «Les stylos sont jetables, les protège-cahiers ne tiennent pas plus de deux jours», indique-t-elle, déçue. Cette maman trouve indécent les prix des cahiers de 400 pages avec spirale qui s'élèvent à 8dt et ceux des porte-documents qui atteignent les 7dt. «Ces deux produits sont indispensables pour ma fille inscrite en terminale. Il lui faut une dizaine de cahiers et quatre porte-documents. Faites donc le calcul...», ajoute-t-elle. Du côté des librairies, l'effort est orienté essentiellement vers la garantie d'un bon approvisionnement en manuels étatiques et autres fournitures scolaires. Mme Hayet est responsable dans une librairie de renom. Elle indique que les cahiers manquent nettement sur le marché à cause d'un manque flagrant en papier. Elle reproche également l'augmentation des prix des manuels importés et recommandés par les écoles privées . Pour les parents dont les enfants sont inscrits dans les écoles privées, les dépenses relatives aux manuels et aux fournitures scolaires peuvent atteindre les 900dt. Le prix d'un seul manuel étant de 80dt.