Ansar Echaria projetait de diviser la Tunisie en trois émirats islamiques «Nous avons fait avorter un complot visant la création de trois émirats islamiques en Tunisie. Nous avons interpellé trois cents terroristes qui croupissent en prison et font l'objet de plusieurs instructions auprès de la justice. Désormais, tout document qui nous proviendra d'un service de renseignement étranger atterrira directement sur le bureau du ministre pour que les mesures nécessaires soient prises immédiatement. Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur a dit, hier, à Radio Mosaïque, ce qu'il avait sur le cœur et révélé des détails qu'il n'a pas pu livrer aux constituants au Palais du Bardo lors de la dernière séance d'audition, en présence des seuls constituants légitimistes alors que les dissidents boudaient toujours l'hémicycle. D'abord, le document sécuritaire de la CIA sur l'éventualité de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Pour Ben Jeddou, «il s'agit d'un seul document et non de deux documents comme l'ont révélé certains médias. Le document en question a été formulé en deux versions. Il est parvenu à mon bureau après l'assassinat de Brahmi tout simplement parce que la direction de la sécurité extérieure avait pris l'habitude depuis la nuit des temps qu'une fois clôturée l'enquête sur la véracité des informations reçues, le ministre est informé. C'est une faute et nous avons décidé de corriger le processus. Aujourd'hui, je reçois directement toute information relative à n'importe quelle menace d'assassinat de quiconque parmi les personnalités politiques aussi bien de l'opposition que de la Troïka». 20 mille arrestations en six mois Ces dysfonctionnements parmi les différentes directions au sein du ministère de l'Intérieur n'ont pas empêché, ajoute le ministre, «nos policiers de faire du bon travail. Ainsi, en six mois, il a été procédé à l'arrestation de 20.000 individus dont plus de 300 terroristes». Et Ben Jeddou de livrer les informations suivantes : «Les frappes qui ont ciblé Jebel Chaâmbi et Jebel Semmama nous ont permis de découvrir que 14 terroristes se cachent actuellement à Chaâmbi (y compris Ghadhgadhi, le présumé assassin de Chokri Belaïd) et que 14 autres se terrent à Jebel Semmama. Sur ces 28 terroristes, quatorze sont algériens et obéissent aux ordres de Mossaâb Abdelouadoud. D'autre part, les forces de sécurité opèrent quotidiennement des descentes dans les maisons des présumés terroristes et dans les mosquées. Des armes, des ordinateurs et des documents écrits ont été saisis. Les descentes dans les mosquées sont filmées sur des CD, le but étant d'éviter que les policiers soient accusés de profanation des mosquées». Concernant le complot d'Ansar Echaria avorté à temps par les forces de sécurité, Ben Jeddou a précisé qu'il s'agissait d'un «plan pour la division de la Tunisie en trois émirats islamiques. Plusieurs personnalités politiques dont certaines appartiennent à Ennahdha étaient sur les listes d'assassinat que projetait de commettre Ansar Echariaa». Une autre révélation : «Aujourd'hui, 96% des personnalités politiques sous protection policière appartiennent à l'opposition (58 bénéficient d'une protection rapprochée). Même quand les opposants se déplacent à l'étranger, ils bénéficient d'un protocole de protection. La police judiciaire souveraine Troisième volet des explications fournies par Ben Jeddou : les présumés terroristes libérés par les juges d'instruction. «Nous n'avons aucune autorité sur les magistrats instruisant les affaires de terrorisme. S'ils estiment que les preuves fournies par la police ne sont pas convaincantes, ils ont le droit de les relâcher. Toutefois, cette remise en liberté ne signifie pas qu'ils sont innocents. Quant à la police judiciaire, elle opère en toute indépendance du ministère de l'Intérieur. Oui, trois présumés terroristes ont été relâchés mais on oublie les centaines qui sont sous les verrous», précise Ben Jeddou. L'institution sécuritaire est-elle noyautée par certains partis politiques ? A cette question, Ben Jeddou tient à clarifier : «Je n'ai pas accusé devant les constituants tous les partis politiques d'avoir noyauté l'institution sécuritaire. J'i bien dit : les partis politiques cherchent à s'assurer une certaine présence au sein de l'institution sécuritaire. Et la divulgation du document de la CIA est bien la résultante de ces tentatives». A propos d'Abou Iyadh, le ministre de l'Intérieur a précisé qu'il se trouve actuellement en Libye. «Nous cherchons à le récupérer par voie d'Interpol. Malheureusement, nos contacts avec les libyens n'ont pas encore abouti». Que peut-on faire face à ceux qui reviennent du jihad en Syrie? «Ils sont interrogés par la justice. Mais il n'y a pas de lois pour les sanctionner. Seuls sont poursuivis ceux qui ont participé effectivement à des opérations terroristes. Toutefois, ils sont gardés sous surveillance policière»