Un peintre de renommée mondiale, au parcours riche et inégal qui le ramène toujours au pays. Georges Koskas, l'enfant prodige de La Marsa, le peintre talentueux qui connut le succès auprès des plus grands durant les années 50, vient de nous quitter. Et ses nombreux et fidèles amis le regrettent. On l'avait rencontré, on s'en souvient, il y a une dizaine d'années, Aicha Gorgi l'ayant invité à exposer à Sidi Bou Saïd. Et il avait ravi son public avec ses évocations poétiques et nostalgiques des plages de la banlieue, retrouvant la veine et l'atmosphère qu'avait développées un Mosès Levy, et qui étaient alors dans l'air du temps Mais curieusement, ce n'est pas cette peinture figurative, pleine de grâce et de légèreté, à laquelle il revint sur le tard, qui fit sa renommée. Le succès de Georges Koskas, et ses œuvres qui se trouvent aujourd'hui dans les collections des plus grands musées, remontent aux années 50, et à ce qu'on appelle sa période des points. C'est au lendemain de la guerre que Georges Koskas, à l'instigation de Max Pol Fouchet, s'installa à Paris. Un Paris vibrant, foisonnant de vitalité, qui avait fait de Montparnasse et de Saint-Germain le centre du monde des arts. Koskas, comme beaucoup de peintres de sa génération, se forme dans les ateliers de Lhôte et de Léger. Là, on lui apprend à se méfier de l'art abstrait, considéré comme « dangereux ». Aussi, quand il décide de se libérer de l'ascendant trop encombrant de Léger, c'est tout naturellement qu'il se tourne vers cet interdit, l'abstraction. « Progressivement, Koskas abandonne toute référence à la nature visible, au profit d'éléments graphiques : points, lignes, hachures, triangles, spirales, qu'il répartit sur la toile sans hiérarchisation, et avec fluidité », écrit Domitille D'Orgeval qui se penche sur cette période abstraite de Koskas, de 1949 à 1959, et qui fut probablement le meilleur de son œuvre. Il exposera à la galerie Maeght, en compagnie des plus grands : Alechinski, Corneille, Lanzman. Les années 50 verront l'artiste s'imposer sur la scène de l'avant-garde abstraite parisienne, et sa production picturale être particulièrement féconde. Artiste orchestre, Koskas adoptera de nombreuses autres formes d'expressions : il fera de la photo, de la vidéo, des romans-photos, sera décorateur pour le cinéma, et dessinera pour cela du mobilier et des costumes. C'est ainsi qu'on lui doit les décors du film de Jacques Barratier, « Goha Le Simple », tourné en Tunisie, et récemment restauré. Son parcours artistique, riche et inégal, le ramenait, à la fin, à La Marsa, et aux décors de sa jeunesse, qu'il s'attachait à retrouver.