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D'art Jerba
Ouverture du Centre Culturel Internationl «Dar Chérif»
Publié dans Le Temps le 02 - 05 - 2010

En dépit des perturbations du trafic aérien causé par les nuages volcaniques islandais, qui a empêché une bonne part des invités étrangers à se rendre à Djerba, la cérémonie d'ouverture du Centre Culturel International de Dar Chérif, a eu lieu en grande pompe, en présence du Ministre de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine et des officiels de la région.
Le vernissage de l'exposition « Paris- Tunis, peintres en mouvement» qui constitue l'axe central de l'événement, s'est déroulé sur fond de musique et de danse interprété par Alain Alexandre, alias Eskandar, danseur chorégraphe et artiste peintre d'origine guadeloupéenne, ayant travaillé notamment avec Maurice Béjart, Georges Balanchine, Carolyn Carlson et Kazuo Ohno au Japon.
Eskandar compose de manière intuitive s'appropriant la totalité l'espace.
Etaient de la fête aussi à cette inauguration, des invités de marque dont Tom Krohg, petit fils de Per Krohg, Lelo, épouse de Nello Levy, Françoise, fille de Gaetan Mifsud et Rosemarie Napolitano, commissaire de l'exposition.
Native de Tunisie où elle a vécu plus de vingt ans, Rosemarie Napolitano qui est aussi experte de Pascin, explique que c'est pour la première fois dans son histoire, que le musée de Montparnasse prête quelques unes de ses collections à un privé dans un pays arabe.
C'est ainsi qu'on a pu ramener des œuvres de Derain, Pascin, Foujita, Soutine, Kisling, Picasso, Chagall, Modigliani, Loutreuil, etc.
De son côté, Hamadi Chérif, estime aussi que c'est pour la première fois que sont exposées en Tunisie, des œuvres de grands maîtres, qui ont marqué l'histoire de la peinture du XXème siècle. « Cet événement exceptionnel, a- t-il dit, s'inscrit dans un itinéraire international entrepris depuis 1965 et il est l'aboutissemnt d'une carrière mise au service de l'art, etc.».
Pascin en amoureux de la Tunisie
L'Ecole de Paris selon Mme Napolitano, n'a pas constitué une « école » à proprement parler, mais un groupe de peintres en grande partie venus de l'Europe de l'Est, souvent des juifs fuyant les pogroms, tous attirés par la place prépondérante de Paris, ville phare de la révolution picturale, opérée par Cézanne, Picasso, Braque, Matisse , Derai, etc. Les mouvements d'avant-garde- explique- t-elle, tels que le fauvisme, le cubisme, l'expressionnisme, le dadaïsme, impressionnaient beaucoup ces jeunes artistes étrangers, tous préoccupés de créations artistiques et épris de liberté.
C'est André Warnod, qui en 1925, baptisa ce groupe d'artistes « Ecole de Paris ». On y retrouvait Modigliani, Soutine, Pascin, Foujita, Chagall, Per Krohg, mais aussi des Français, comme Hermine David, Loutreuil, Derain, etc. D'autres arrivaient de Russie, de Lituanie, de Bulgarie, de Norvège, d'Italie et s'installaient à Montparnasse.
La vie de bohême était leur lot ; ils vivaient dans la précarité en espérant vendre leurs œuvres aux collectionneurs et marchands d'art de l'époque. Leurs œuvres qui représentent aujourd'hui une valeur inestimable, constituent une partie des trésors du musée de Montparnasse à Paris.
A Dar Chérif, nous avons eu donc, le privilège de les admirer de près et de nous arrêter sur chaque artiste, particulièrement Pascin, d'origine bulgare qui arrivé à Paris en 1905 trouva une atmosphère de liberté et d'effervescence créatrice. Il y séjournera jusqu'à son suicide en 1930 par dépit d'amour pour Lucy Krohg, grand'mère de Tom Krogh, présent à Djerba.
Pascin qui, contrairement aux autres, ne manquait de rien, se déplaçait souvent, notamment aux Etats Unis où il a passé six années. Mais c'est en Tunisie, explique Rosemarie Napolitano, qu'il ressentira la plus grande émotion au contact de sa population et de ce monde cosmopolite composé d'Arabes, de Juifs, de Français, de Maltais, d'Italiens, etc. qui le fascinait et qu'il interprétait dans ses œuvres. Il y séjournera plusieurs fois en 1908, 1921, 1924 et 1926 et c'est à Salammbô qu'il reviendra plusieurs fois, seul ou accompagné de son épouse, l'artiste peintre, Hermine David.
Du «Groupe des Quatre» à «l'Ecole de Tunis»
Pour l'Ecole de Tunis, les commissaires ont sélectionné des œuvres de Farhat, Yahia, Ben Salem, Mifsud, Lellouche, Roubtzoff, Levy, Boucherle, etc. et c'est à Dorra Bouzid, auteure du best seller "Ecole de Tunis" que Hamadi Chérif a demandé de présenter les Maîtres de cette Ecole, qu'elle a bien connus et très souvent interviewés.
Elle a raconté comment est né ce premier Mouvement pictural: « cela s'est passé à la terrasse du Café de Paris, sur l'avenue Jules Ferry, (future avenue Bourguiba), après la deuxième guerre mondiale. Tous les peintres de l'époque, Tunisiens ou Européens, s'y retrouvaient à l'heure de l'apéro de midi, et émigraient avec le soleil jusqu'au soir dans les autres cafés. Les deux Maîtres de l'époque, Pierre Boucherle et Mosès Lévy, s'y attablaient les premiers. Puis arrivent Ammar Farhat, Yahia Turki, Hédi Turki et les autres.
Malgré le racisme du contexte colonial de l'époque, Musulmans, Juifs et Chrétiens fraternisaient grâce à leur Art. Ils mangeaient peinture, buvaient peinture, parlaient peinture... et s'entraidaient constamment. Jusqu'au jour où Pierre Boucherle décida généreusement d'élargir son "Groupe des Quatre" au Tunisiens, en créant le premier Mouvement pictural de Tunisie : "L'Ecole de Tunis". A l'indépendance, il céda sa présidence à Yahia Turki.
C'est au Café de Paris, ajoute-t-elle, que je les ai connus après l'Indépendance. J'écrivais dans ma première page féminine, celle de "L'Action" future "Jeune Afrique" et dans mon magazine féminin "Faiza". Je sortais de mon bureau du Colisée pour les rejoindre, les connaître et les médiatiser.
Dans mon livre et dans tous mes articles, a-t-elle conclu, j'ai particulièrement souligné leur extraordinaire fraternisation, leur tolérance, et leur dimension novatrice : celle de tourner le dos aux chameaux et aux marabouts orientalistes et de partir de leurs racines musulmanes, hébraïques ou chrétiennes pour fonder un pont de l'amitié et de la tolérance interconfessionnelle. Enfin, celle d'avoir compris qu'ils ne pouvaient atteindre l'Universel qu'à partir de leurs spécificités.


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