La plupart des patients ne sont pas contrôlés Une rencontre de presse autour du diabète a eu lieu récemment à Tunis, et ce, à l'initiative d'un laboratoire pharmaceutique privé. La cérémonie a débuté par un exposé des résultats de l'étude Diabcare, une étude internationale pour évaluer le degré de prise en charge du diabète dans plusieurs pays africains dont la Tunisie . Cette étude a été présentée par le Dr Nadine Ouamara, le directeur médical du laboratoire. La prise en charge du diabète a été ensuite abordée par le Pr Mejda Chéour, psychiatre, chef de service à l'hôpital Razi, qui a mis l'accent sur la nécessité de la prise en charge psychologique et sociale du diabète pour arriver à un bon contrôle de la maladie. Il est à savoir que ce laboratoire, qui est engagé dans la recherche et le développement des solutions pour le diabète ainsi que le soutien des patients diabétiques, a décerné lors de cette rencontre des prix aux journalistes de la presse écrite et aux médias audiovisuels pour la meilleure production journalistique traitant du diabète, partant du fait que les médias jouent un rôle crucial dans la prise de conscience à propos du diabète. Le diabète : un défi du XXIe siècle Aujourd'hui, 246 millions de personnes environ, presque 6% de la population mondiale, souffrent de diabète. On s'attend à ce que ce chiffre atteigne 380 millions d'ici à l'an 2025. Le diabète est, de ce fait, un des plus grands défis médicaux du XXIe siècle. Les complications et les risques pour la santé liés au diabète expliquent en grande partie le poids social et financier de la maladie, c'est un problème sérieux menant à des complications graves s'il n'est pas diagnostiqué précocement et traité correctement. Toutes les 10 secondes, une personne dans le monde meurt du diabète. Dans les mêmes 10 secondes, 2 personnes développement la maladie. Le Dr Ouamara indique, lors de son intervention, que l'évolution de la prévalence du diabète de type 2 en Tunisie est de l'ordre de 10% (tous âges confondus) en 1999, alors qu'il était de 3,8% en 1976. La prévalence du diabète dans les pays arabes est de 8,1% au Maroc, 9,3% en Egypte, 12,3% en Arabie Saoudite, 13,6% en Jordanie et 10,5% au Koweït. L'émergence du diabète, a-t-elle indiqué, est liée à l'obésité, à l'urbanisation, au changement des habitudes alimentaires, à la diminution de l'activité physique. En Tunisie, l'obésité, selon les données de l'enquête nationale menée par l'Institut national de nutrition et de technologie alimentaire, quelle que soit la région, révèle que la prévalence globale est supérieure ou égale à 10%. Chez les hommes, elle est supérieure ou égale à 10%. Chez les femmes, elle se trouve supérieure ou égale à 15%. La prévalence du diabète augmente dans les régions urbaines de façon marquée. Les résultats de l'étude Diabcare Tunisie, dont les objectifs sont de décrire le contrôle du diabète ainsi que la prise en charge des complications tardives chez les diabétiques gérés par les spécialistes en Tunisie et de décrire la prise en charge psychosociale du diabète et identifier les possibilités de son amélioration en Tunisie, ont concerné 5 centres de recrutement de patients et dont les résultats montrent que le contrôle de la glycémie est faible, seulement 28% sont contrôlés, ce qui augmente le risque de complication, en l'occurrence les AVC, les atteintes rénales, le dysfonctionnement érectile, les maladies cardiaques… Les conclusions de cette étude révèlent que les patients sont massivement incontrôlés, que seulement 15% des patients ont atteint une HbA1c inférieure à 7% et que 61% des patients n'ont pas eu un examen des pieds durant les 12 derniers mois. L'étude indique, par ailleurs, que la qualité des soins du diabète reste non optimale et qu'il faut une approche de traitement sur mesure pour le patient, c'est-à-dire responsabiliser les patients à gérer leur maladie en encourageant une alimentation saine, l'exercice et la perte de poids, outre les mesures hygiéno-diététiques. L'éducation thérapeutique du patient Lors de son intervention, le Pr Cheour a indiqué que la survenue d'un diabète, comme toute pathologie chronique, constitue un traumatisme émotionnel et angoissant. Le patient va faire le deuil de sa bonne santé physique qui repose sur cinq phases, à savoir le déni de la réalité, c'est-à-dire le refus du diagnostic et donc du traitement, la révolte caractérisée par des défenses caractérielles et par une mauvaise observance thérapeutique, le marchandage, la dépression, étape importante entre le choc et l'acceptation, enfin, l'acceptation. Raison pour laquelle il est impératif de tenir compte de la psychologie du malade et de son vécu.