Les diabétiques seraient, à l'horizon de 2030, pas moins de 370 millions de personnes dans le monde, dont 284 millions dans les pays en développement. En Tunisie, la prévalence enregistrée en 2009 est de 10% contre seulement 3,8% en 1976. Elle est de 15% chez la gent féminine. Selon l'étude Diabcare, seulement 28% des diabétiques tunisiens bénéficient d'un contrôle médical régulier de leur maladie. Nous célébrons aujourd'hui la Journée mondiale de lutte contre le diabète; une lutte qui, bien que simple à envisager, s'avère être l'un des défis les plus majeurs et les plus difficiles à réaliser dans un pays où la malbouffe, la sédentarité et l'obésité s'incrustent chez les adultes comme chez les chérubins d'une manière quasi naturelle. Le diabète se présente depuis quelques années comme l'un des fléaux les plus redoutables, menaçant la santé publique aussi bien dans les pays développés que dans les nations en développement. Le dérèglement de la sécrétion de l'insuline et ce qui en résulte comme déséquilibre du taux de glycémie constitue le déclenchement d'un trouble désoriantant de tout le métabolisme et vouant le malade atteint par le diabète à un circuit dur à gérer au quotidien. Pas de sucreries, pas trop de pâtes, pas de nervosité excessive et surtout beaucoup d'activité physique, l'astuce semble être facile, voire banale. Pourtant, le quotidien de l'homme moderne ne va pas de pair avec ces consignes. Et pour preuve: la prévalence du taux de diabète ne cesse d'aller crescendo partout dans le monde. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé ( OMS), le nombre des personnes diabétiques risque d'atteindre les 370 millions à l'horizon 2030, soit une augmentation de près de 110% par rapport aux débuts du troisième millénaire. La part du lion en matière d'augmentation du nombre de diabétiques revient aux pays en développement; ces derniers comptent déjà quelque 284 millions de diabétiques. En Tunisie, la prévalence de ce fléau était, en 2009, de l'ordre de 10%, alors qu'elle n'était que de 3,8% en 1976. Les femmes sont plus touchées par cette maladie. La prévalence du diabète chez la gent féminine étant de 15%. Ce taux dépasse ceux enregistrés dans les pays frères de la région: il était de seulement 8,7% au Maroc et de 9,3% en Egypte. Un mode de vie à risque L'augmentation de la prévalence du diabète dans notre pays s'explique par l'existence de plusieurs facteurs à risque. La malbouffe et l'option pour une nourriture déséquilibrée, riche en sucre lent et en sucre rapide comme les pâtes, les biscuits, les confiseries, les gâteaux emballés qui se sont substitués au goûter traditionnel, mais aussi les boissons gazeuses, les jus industrialisés et autres phénomènes gastronomiques font, depuis quelques années, partie de la consommation quotidienne des Tunisiens. Pis encore: cette alimentation loin d'être saine est souvent prise à la légère par les mamans qui— faute de temps et de patience— préfèrent céder aux envies gourmandes de leurs enfants au lieu de mener un bras de fer, nécessaire et salvateur, afin d'orienter les chérubins vers des habitudes nutritionnelles saines. Résultat: obésité infantile en courbe croissante, obésité abdominale chez des chérubins âgés de moins de 10 ans, ainsi que l'apparition de cas nombreux d'enfants atteints par le diabète de type 2. Par ailleurs, la sédentarité a, elle aussi, pris part au mode de vie des Tunisiens de tout âge. Elle est favorisée aussi bien par l'horaire souvent accaparant du boulot, par les responsabilités familiales (faire les courses, déposer les enfants à l'école, repasser les prendre, les aider à faire leurs devoirs, etc.) et par la sensation de fatigue, l'activité physique fait ainsi défaut. Le sport ou même la marche sont pourtant les pires ennemis du diabète. La sédentarité est décelée ainsi au bureau, au siège de voiture et devant le poste de télévision. Pour certains, notamment les jeunes et les enfants, la sédentarité apparaît dans le temps écoulé en position assise se face aux jeux vidéo et face au PC. Certes, le diabète fait partie de la catégorie des maladies chroniques et qu'il est parfois alimenté par un terrain génétique qu'est l'hérédité. Néanmoins, il existe des traitements et des pratiques précises qui permettent de mieux le maîtriser et d'atténuer remarquablement ses répercussions sur l'équilibre métabolique. On rappelle à ce propos que le diabète peut entraîner bon nombre de maladies graves, dont l'insuffisance rénale. Il peut également engendrer la cécité. Une petite blessure anodine peut, chez un diabétique, s'avérer fatale ou le contraindre à accepter de se faire amputer un membre. Mieux vaut donc le prévenir, ou à défaut, le gérer. Prise en charge à optimiser Si les Tunisiens présentent, dans leur comportement au quotidien, toute la panoplie des facteurs favorables à la prolifération du diabète, les scientifiques et les diabétologues réfléchissent sur les approches à adopter afin de responsabiliser les malades et les convaincre de la nécessité d'apprendre à gérer leur maladie. Depuis quelques années, une étude a été menée par un laboratoire privé pour évaluer la prise en charge des personnes atteintes de diabète. Cette étude, à caractère international, s'inscrit dans le cadre du projet Diabcare, lequel projet est soutenu par l'OMS. Les résultats de cette étude, menée en Tunisie dans cinq centres d'accueil pour patients, ont permis de déceler l'inéficience de la prise en charge des diabétiques. En effet, l'étude a montré que seulement 28% de la population diabétique bénéficient d'un contrôle sanitaire régulier. Elle a également permis de constater que 61% des malades n'ont pas effectué l'examen des pieds durant toute une année. D'autant plus que la qualité des soins spécifiques aux diabétiques a été jugée comme «non optimale». De tels résultats mettent les responsables de la santé publique, ainsi que le secteur privé et la société civile œuvrant dans ce domaine, face à l'impératif de réflechir ensemble sur des approches plus pertinentes à même d'améliorer, voire d'optimiser, la qualité des soins pour personnes diabétiques. Cette année marquera la naissance de deux nouveaux organismes dans le domaine du diabète: une Amicale des diabétologue et une «Maison du diabète» qui apporteraient, peut-être, un plus que l'on veut salvateur pour la lutte contre le diabète en Tunisie. Croisons les doigts!