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«L'apprentissage de la liberté est une responsabilité commune»
L'entretien du Lundi - Kamel Gaha (directeur de la Foire internationale du livre)
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 10 - 2013

Choix stratégiques, contraintes, mesures préventives, programme touffu et invités de marque... le tout dans une édition qui se tiendra dans un contexte exceptionnel.
La dernière édition de la Foire internationale du livre a suscité bien des remous et a attiré des critiques bien aigres, et du public et des observateurs. Avez-vous pris des dispositions particulières cette année?
Vous avez raison. Aussi, avons-nous fait tout ce qui est en notre pouvoir et pris les mesures nécessaires, avec les parties concernées, pour pallier les problèmes relevés. Le règlement intérieur, bien détaillé, a été publié et communiqué d'avance aux éventuels participants afin de limiter, voire mettre fin à tous les genres de désagréments ou de dépassements relevés lors de l'édition précédente. Mais force est de constater qu'encore une fois, la Foire internationale du livre se tiendra malheureusement, cette année aussi, dans un contexte national exceptionnel, et ce, sur tous les plans. Cela veut dire qu'il y a des contraintes supplémentaires, malgré tous les défis relevés.
Quels sont les pays participants?
Je vais vous donner quelques repères quantitatifs, bien que pas encore définitifs. Nous aurons plus de 300 participants qui ouvriront leurs stands, soit approximativement le même nombre que l'année dernière ; ce qui est en soi positif. La Tunisie sera présente avec environ 95 stands, l'Egypte avec 89, le Liban avec 34, la Syrie avec 29 et l'ensemble des autres pays avec 45. Certains pays seront présents par «procuration», c'est-à-dire à travers des distributeurs locaux. C'est par exemple le cas de la France qui sera représentée par 457 maisons d'édition.
Cette année, la Foire est placée sous le signe du Sénégal. Pourquoi ce choix?
Nous avons voulu qu'un pays africain soit l'invité d'honneur de la Foire. C'est un choix que le comité d'organisation a voulu stratégique. Nous espérons, en effet, amorcer une collaboration entre les professionnels africains du monde de l'édition. Notre ambition est de créer —progressivement— un véritable marché africain du livre. Cette option est le fruit d'un constat qui révèle la fragilité et la dépendance de ce secteur qui n'a pas encore atteint le niveau de maturité professionnelle requis. Sans une plateforme solide, la présence du livre africain restera toujours modeste. Pour exister sur le marché international en tant qu'acteurs crédibles, il faut que nous existions en tant que corporation et que nous nous insérions dans des structures économiques qui soient soutenues par les politiques. Actuellement, il y a, certes, quelques groupements régionaux, mais ce ne sont que des exceptions, donc insuffisants. La dimension africaine est, par conséquent, stratégique. Les éditeurs en sont conscients, les créateurs aussi. L'insertion dans l'espace africain est capitale, si nous voulons exister en tant que partenaires véritables dans le marché international du livre. Exister et non pas survivre ; car la différence est de taille ! De sorte que, désormais, on pense à nous en termes et en logique de collaboration, et non plus seulement d'«aide».
Il n'y a plus de censure, dit-on. Jusqu'où cela est-il vrai?
A partir du moment où nous avons décidé que la liberté est intangible, personne n'a plus le droit d'imposer à quiconque une manière de penser. Nous avons, effectivement, renoncé, depuis la dernière édition, mais ce choix, pleinement assumé, n'a pas été sans causer certains «débordements». Renoncer simplement à la censure ne suffit pas. Penser librement est une responsabilité et une culture que nous sommes tous en train d'apprendre, avec beaucoup d'hésitation...
Comment avez-vous procédé pour la sélection?
La question qui s'est posée est la suivante : renoncer à la censure veut-il dire que n'importe qui peut faire n'importe quoi? Nous avons tranché quant à la réponse : pour participer à la Foire, il faut être un professionnel du livre. Et c'est la Commission des relations avec les exposants, formée d'éditeurs, de diffuseurs, d'universitaires ainsi que de la direction de la Foire, qui décide de ce statut et non plus les politiques ; dans le sens que le ministère de tutelle n'intervient plus. Cette structure de professionnels veille également au respect du règlement intérieur. Il est, désormais, interdit de vendre des livres dont les contenus incitent à la violence, à la discrimination, etc. Le traitement des différentes listes de livres proposées se fait donc sévèrement. Allons-nous pour autant résoudre tous les problèmes? J'en doute. Toutefois, j'ai grande confiance en le professionnalisme de cette commission. L'apprentissage de la liberté est une responsabilité commune qui incombe aux professionnels, aux autorités responsables et aux visiteurs. C'est un véritable enjeu. Il est, également, important de regarder la société tunisienne telle qu'elle est aujourd'hui, avec ses différentes composantes, ne pas céder à la peur et traiter les problèmes tout en étant intransigeants avec la Culture.
La Foire du livre est pour beaucoup une occasion de trouver des titres qu'ils ne trouvent pas dans les librairies, surtout pour certaines disciplines. Mais le public est souvent déçu...
Nous sommes conscients de ce problème. Nous avons contacté les éditeurs français par voie diplomatique et insisté sur l'importance de leur présence sur les plans symbolique (rôle de la diversité culturelle dans le contexte actuel) et économique. Malheureusement, cette démarche n'a pas vraiment abouti, et ce, pour plusieurs raisons. Je dois d'abord reconnaître que cette procédure a été entamée avec un certain retard. Il ne faut pas oublier que la direction de la Foire et son comité d'organisation ont été nommés il y a seulement quelques mois, ce qui a rendu difficile l'existence d'une politique projective, surtout pour une phase d'exception. Nous ne pouvions donc appliquer tout ce que nous voulions faire. Certains éditeurs ont été découragés par les conditions de sécurité, d'autres par les délais très courts, etc. Nous avons, ainsi, choisi la solution objectivement réalisable, celle de faire représenter ces grandes maisons à travers leurs diffuseurs locaux.
Par ailleurs, vous admettrez sûrement que parmi les éditeurs, il y a de vrais professionnels, ainsi que d'autres qui le sont moins. Cela se répercute sur la diversité des titres proposés. Je mentionnerais aussi que le secteur est très fragile et qu'il n'est pas très présent dans les secteurs scientifiques, par exemple.
L'un des problèmes majeurs du livre en Tunisie est son prix élevé. Ce qui fait qu'il n'est pas à la portée d'une bonne partie de la population. Avez-vous fait des efforts pour que les tarifs soient abordables pendant la Foire?
La question des prix a été précisée d'emblée dans le règlement intérieur de la Foire. Nous avons exigé que les livres soient proposés avec leur prix de vente dans le pays de fabrication, avec une remise de 20%. Nous aurons une équipe de contrôle qui veillera sur le respect de cette règle. Cependant, il faut reconnaître qu'il y a toujours des risques de fraudes avec des éditeurs et des diffuseurs pas très regardants quant à leurs engagements. Le problème se pose, en particulier, pour les pays arabes qui n'affichent pas le prix de vente sur la couverture du livre.
D'après nos sources, le programme des activités scientifiques a été confié à Adam Fethi. Mais nous ne savons pas davantage sur ce volet...
Quatre rencontres importantes seront organisées, dont «L'intellectuel témoin de son temps», «Le roman arabe entre la dynamique du réel et les contradictions de l'imaginaire» et «La traduction, un enjeu stratégique». Des tables rondes sont également au programme. Je peux citer «La présence des auteurs tunisiens dans les livres scolaires» et «L'image de l'Autre dans le roman arabe». L'originalité de cette édition est que les activités culturelles sortiront hors des murs de la Foire. Elles commenceront en son enceinte puis irradieront, dans la mesure du possible, certaines villes du pays (Aïn Draham, par exemple). Les invités vont donc bouger. Comme d'habitude, des rencontres avec des auteurs, des présentations de nouvelles éditions, des soirées poétiques et des manifestations artistiques feront partie du programme de cette session.
Qui sont les invités de marque de cette 30e édition?
Dites-donc, vous voulez tout savoir! (rires). Plusieurs grosses pointures dans le domaine littéraire nous honoreront de leur présence pendant cette édition. Vous aurez toute la liste pendant la conférence de presse. Mais je peux vous dire, dès maintenant, que Tahar Bekri, Nedim Gürsel, Ghassen Khalil Zaqtane, Ulrich Schreiber, pour ne citer que ceux-ci, seront parmi nous.


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