Pour réaliser de nouveau son équilibre, la Terre aura besoin d'une période de 90 jours. Entre-temps, de faibles répliques sont probables Jamais deux sans trois : les régions de Monastir et de Sousse ont vibré, hier, au rythme d'une troisième secousse sismique, enregistrée par l'Institut national de météorologie (INM) et évaluée à 3,4°. Cette secousse succède à celle enregistrée samedi dernier et qui était de 3,6°, ainsi qu'à la secousse principale qui s'est produite vendredi dernier et qui était de l'ordre de 4°. Et il est probable que de telles répliques sismiques surviennent durant les 90 jours qui viennent. Elles seront néanmoins sans gravité notable, tant sur l'infrastructure que sur les humains. Pour mieux comprendre ce phénomène naturel, ses causes et son évolution, nous nous sommes adressés à M. Atef Bouallègue, chef de service de géophysique appliquée à l'INM. Selon le spécialiste, le séisme qui a frappé les régions de Monastir et de Sousse, le 18 octobre, est considéré comme un séisme anodin, mais il n'est pas pour autant prévisible. En Tunisie, l'activité sismique n'est pas occasionnelle, puisque l'INM enregistre entre trois et quatre séismes par mois. Le séisme qui a frappé vendredi dernier est dû à la subduction de la plaque souterraine africaine par rapport à son homologue européenne. Heurtées l'une contre l'autre, les deux plaques produisent une certaine énergie qui se dissipe dans les failles souterraines appelées par les experts les «lignes de faiblesse». «Dans notre pays, il existe trois zones sismiques : la zone du nord-ouest, comptant la région de Jendouba, Le Kef et Ghardimaou, la zone du Sahel, à savoir Mahdia, Monastir et Sousse, et la zone du centre, notamment Gafsa et Meknassi. Ces zones sont soumises en permanence à un système de surveillance sismique, assuré par les 19 stations spécialisées. Toutefois, et malgré l'éventualité d'un choc sismique, il est souvent difficile d'anticiper sur la faille qui connaîtra la secousse», explique M. Bouallègue. Aujourd'hui, les spécialistes sont quasi certains que la faille qui a été touchée par l'énergie sismique n'est autre que celle de Kheniss, située à deux kilomètres de Sousse et à 10 kilomètres de Monastir. Paradoxalement, c'est à Monastir que le séisme a été le plus ressenti. Le chef de service de la géophysique appliquée explique ce paradoxe par l'ouverture de la région de Monastir sur la mer et sur les régions voisines. Après le choc principal enregistré vendredi dernier, la terre aura tendance à se stabiliser. Pour ce, les composantes respectives des deux plaques se restructureront. Certaines d'entre elles seront soulevées, alors que d'autres seront rabaissées. Pour regagner son équilibre, la Terre aura besoin d'un délai de trois mois. Entre-temps, de probables répliques sismiques risquent de survenir. «Les éventuelles répliques seront nettement plus faibles en comparaison avec le choc initial. Aussi, les Tunisiens n'ont-ils aucune raison de s'inquiéter», souligne M. Bouallègue. Et d'ajouter que lesdites répliques n'auront aucun effet sur les autres zones sismiques, notamment celles de la zone du nord-ouest ou encore de la zone du centre, vu que les failles sismiques agissent en fonction de réseaux de failles isolés. «Et afin de rassurer davantage les compatriotes, il est utile de souligner que la ligne sismique méditerranéenne ne traverse pas notre territoire, mais se situe en mer Méditerranée, à pas moins de 30 kilomètres de notre pays», précise le responsable.