Pourquoi le sport et le football doivent-ils trinquer en priorité? «Cette fois-ci, c'est vraiment la bonne!». C'est du moins ce que nous nous sommes tous dit à l'annonce de la décision de reprendre la compétition avec public à partir de ce dimanche. Décision fortement voulue par le ministre de la Jeunesse et des Sports et les présidents des clubs, maintes fois annulée puis retardée par un ministère de l'Intérieur qui n'hésite pas à tout remettre en question au moindre incident. Le sport en général et le football en particulier sont victimes de décisions aussi intempestives que faciles. On annule, on reporte et on n'en parle plus. Entre-temps, les salles de cinéma sont accessibles, les théâtres ouverts à tous, les salles d'exposition accueillent du monde, les restos et les bars ne désemplissent pas et, même si les Tunisiens s'aventurent de moins en moins dehors le soir, le jour est propice à tous les vagabondages. Mais encore une fois, le peuple du sport et du football sera sanctionné ce week-end après qu'on lui eut promis un retour à la normale. Mise à jour de la 3e journée annulée pour cause de deuil national. A la limite, on comprend cela. Mais aller jusqu'à rayer la quatrième journée et opérer un virage à 180 degrés concernant le retour du public, voilà un pas qu'on a allégrement sauté pour revenir à la case départ. Un coup très dur pour un football déjà très mal en point et qui ne peut plus supporter d'ultérieures ondes de choc. On comprend également à la limite que la quatrième journée, initialement prévue demain, se dispute sans public mais de là à tout annuler... Ignorance... Ce que nous ne cessons de répéter depuis un bon bout de temps, c'est que les décideurs, ceux qui décrètent le huis clos, ne connaissent visiblement pas le monde du football, ces gradins où on chante son appartenance, sa loyauté et où l'on fustige l'injustice et les tyrans de tous bords. Les premiers à avoir osé attaquer de front, les remettre en cause et même les insulter, ce sont ces mêmes supporters de l'Espérance à qui on a confisqué le club du cœur. Bien avant le 14 janvier et au moment où le bassin minier et d'autres régions du pays entamaient leur fronde, les supporters des clubs faisaient entendre leurs voix et leurs protestations contre le système. Revenir aux «Hymnes» de l'époque pour croire. Hymnes aux échos sous-estimés par le pouvoir (pourtant très vigilant à ce niveau) mais aussi par les politologues et les sociologues qui pensaient la jeunesse indifférente à la situation du pays et «viciée» par les paradis virtuels et artificiels où on la croyait plongée. Jeunesse aujourd'hui oisive tous les week-ends et en colère parce qu'on lui a confisqué une de ses raisons d'être : le football et le club du cœur. Ceci sans parler des clubs qui ont respiré un bon coup après la décision du retour du public dimanche et qui retombent de haut après la décision d'annuler tout bonnement cette quatrième journée et de la reporter au dimanche 3 novembre. La mise à jour du calendrier et de la 3e journée est programmée pour le mercredi 30 octobre sans qu'on précise si ces deux rendez-vous se disputeront en présence ou pas du public. Et si nous regrettons autant son absence, c'est pour deux raisons objectives. La première, c'est que ce public et nos clubs ont été assez sanctionnés comme ça et qu'il est grand temps de mettre fin à cette sanction collective, à cette injustice. La seconde, c'est que la présence de ce public pourrait et devrait constituer un signal fort contre tous ceux qui entretiennent l'illusion qu'ils peuvent paralyser le pays. Par leur présence massive et par leur passion, les supporters de tous les camps sont capables de mettre en échec le projet obscurantiste. Des stades pleins, c'est une gifle à ces derniers dont une bonne partie squattait nos stades et fêtait le football. Demeure une chose : nous ne savons pas si les dispositions ont été prises pour que ce retour du public se fasse dans la sécurité. Ceci, aucune partie n'en a encore parlé et nous en ignorons la cause. Une chose est sûre : le monde du football a besoin d'un signal fort et d'une décision courageuse et non d'atermoiements. Il sera en mesure d'y réagir positivement...