Et si la compétition s'arrêtait faute d'argent? Le scénario n'est pas à écarter Il fut un temps où être président de club comportait beaucoup d'avantages et très peu d'inconvénients. On se bousculait au portillon et on montrait patte blanche aux autorités pour y accéder. Il faut dire que la tentation est réelle et les résultats (personnels) garantis. Ce qui était valable pour les clubs l'était également pour les fédérations, d'où les fameuses liaisons dangereuses qu'on n'a jamais de cesse de dénoncer. A vrai dire, ce phénomène n'était pas totalement généralisé, mais les exceptions étaient franchement trop rares pour être signalées. Aujourd'hui, si certains continuent d'entretenir l'illusion d'un statut et d'avantages identiques à ceux du passé, la quasi-majorité se rend compte de la complexité de la tâche et de l'énormité des difficultés. Beaucoup pour les présidents des clubs, un peu moins pour ceux des fédérations, véritables assistés, incapables d'offrir à leurs institutions l'indépendance financière, ce pourquoi ils ont été, entre autres, élus. Venons-en à notre sujet. Avec le lourd héritage-déficit du passé, deux années post-révolutionnaires calamiteuses, aujourd'hui le retour du huis clos, la raréfaction des sponsors et, paradoxalement, l'inflation infernale des montants des transferts, ainsi que le fonctionnement des salaires et autres avantages, nos clubs sont arrivés au point de non retour. Tous, à l'exception du Club Africain de Slim Riahi et de l'Espérance de Hamdi Meddeb. Mais ça, c'est une toute autre affaire... Quels montants? C'est vrai qu'on sait que nos clubs sont très lourdement endettés, mais nous sommes à l'obscur des véritables chiffres du déficit et des dettes. On a beau multiplier les appels de détresse, les assemblées générales ; on a beau faire appel aux experts-comptables pour certifier et valider l'authenticité des états financiers de nos clubs; rien n'y fait et nous ne sommes pas près d'avoir les véritables chiffres du désastre. Or, tout commence par-là, si nous voulons véritablement entamer l'assainissement de nos clubs. Prenons deux exemples. Le CSS et l'Etoile, deux grands clubs. Il n'y a pas une seule semaine où le président du CSS ne sorte pour lancer un SOS et annoncer un nouveau chiffre, une nouvelle dette, un nouveau —mauvais— état financier. Combien? Ça, personne ne le sait. Idem à l'Etoile et pour Ridha Charfeddine. Deux grands clubs. Que dire alors de tous les autres, dont les joueurs, les entraîneurs et les créanciers ne sont pas payés depuis des mois, voire des années pour ces derniers?! Pourquoi cette loi du silence? Que cache-t-on? Qui veut-on protéger? Huis clos ravageurs Nous avons longtemps dénoncé les liaisons dangereuses politique-sport. Aujourd'hui, elles reviennent sous une autre forme, mais font autant de tort au football et au sport en général, résultat d'une situation particulière au pays, fruit de l'insécurité (le fameux Infilat al amni). On reporte une journée ou alors on décrète un huis clos à chaque crise ou incident et on oublie au passage qu'on tue le foot et le sport à petit feu et qu'on aggrave une situation déjà dramatique. Ceci sans parler des dizaines de milliers de supporters, habitués à fréquenter les stades, qui se retrouvent le week-end chez eux, dans les cafés ou alors dans les autres endroits que vous savez... Ces décisions ne sont même pas prises par le MJE, mais par le ministère de l'Intérieur. On reporte ou alors on décrète le huis clos, solution de facilité extrême dont on ne mesure même pas l'effet. Pourtant, avec le retour progressif du public, on croyait le problème définitivement résolu. Ce n'est apparemment pas le cas. Qui payera la note? Nos clubs sûrement qui font banqueroute. Sûrement pas les preneurs de décision!