Violence sordide «exportée» sur la scène africaine par le foot national le week-end dernier On n'entrera pas dans les détails du conflit inter «factions» qui représente un résidu de longues années de gestion démagogique des comités des supporters. Seulement, on ne peut pas rester impassible devant le lourd bilan de ces incidents aussi bien sur le plan financier (près d'une centaine de milliers de dinars avec des sièges arrachés, des portails de l'enceinte extérieure endommagés…) que sur celui de l'image de marque du sport roi. Celle-ci ne correspond guère à celle d'un pays qui a consenti un sacrifice humain, le plus lourd et le plus exigeant, dans sa révolution. Celui suprême. Les chaînes de télévision qui ont retransmis les rencontres Espérance de Tunis-Mouloudia d'Alger et Club Africain-Asec ont relayé les scènes de guérilla sur les tribunes du stade d'El Menzah, deux jours de suite dans ce qui ressemble au week-end noir du foot tunisien. Deux conséquences au moins peuvent découler de cet accès de violence : d'abord, au niveau des instances continentales qui avaient déjà depuis belle lurette le foot tunisien à l'œil. Les incidents les plus récents commis par le public du CA, à l'occasion de la rencontre face au Hilal du Soudan, ainsi que le refus de l'Etoile du Sahel de se déplacer au Nigeria pour disputer un match de coupe de la CAF contre Kaduna United pour des raisons sécuritaires ont failli valoir de lourdes sanctions à ces deux clubs de la part de la Confédération africaine. On se rappelle comment la Fédération tunisienne a dû s'employer à fond pour défendre au Caire même, siège de la CAF, la cause des deux représentants dans les épreuves continentales. On peut, par conséquent, craindre que l'instance de la CAF se saisisse du dossier et ne fasse pas une deuxième fois preuve de la même compréhension et de la même «tolérance» à l'endroit d'un sport qu'il serait pourtant inconcevable d'extraire du contexte dans lequel il vit. Celui d'un pays en pleine phase post-révolutionnaire. Ensuite, des conséquences sur la «normalisation» de la compétition nationale et sur la décision tant attendue du nécessaire retour du public dans les stades. On sait que cette mesure ne dépend pas uniquement du ministère de tutelle, puisqu'elle touche à l'aspect sécuritaire avant toute chose. D'ailleurs, il faut comprendre dans ce sens-là la remarque du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Slim Chaker, à ce sujet quand il dit que «le prix à payer d'une deuxième saison consécutive à huis clos serait très lourd, peut-être même insupportable pour les clubs tunisiens en butte à une crise financière aiguë. Nous craignons même que beaucoup d'entre eux en soient réduits à la banqueroute. Le huis-clos risque en tout cas d'être maintenu durant le prochain championnat si de tels incidents se renouvellent», a averti le ministre. Voilà où pourraient mener le sport-roi les violences dans nos stades. La trêve estivale ne paraît pas avoir apaisé les tensions, le dernier week-end tirant à cet endroit la sonnette d'alarme.