L'action se poursuit du 28 octobre au 3 novembre en protestation contre la suppression de la vocation universitaire de plusieurs services pharmaceutiques en milieu hospitalier Quelque huit services de pharmacies hospitalo-universitaires ont été déclassés. La suppression de la vocation universitaire menace et la Faculté de pharmacie et les services de pharmacie aux CHU. Suite à la mise en application des décrets-lois 80 et 40, en date respectivement du 18 octobre 2011 et du 17 mai 2012, et qui délestent huit services de pharmacie hospitalo-universitaires de leur vocation universitaire, le Syndicat national des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens hospitalo-universitaires a décidé une grève. Cette dernière concerne la mission pédagogique et d'encadrement des médecins au sein de la Faculté de pharmacie et des services de pharmacie implantés dans les CHU. La grève, qui a démarré hier, est prévue pour une durée d'une semaine. Elle vient en réaction à ce que les pharmaciens hospitalo-universitaires jugent comme une dangereuse menace tant pour la pharmacie hospitalo-universitaire que pour les jeunes formés et spécialisés en pharmacie hospitalière et industrielle. La grève avait déjà été annoncée le 4 octobre 2013. Elle succède, de surcroît, à la démission, le 15 septembre, du Conseil scientifique de la Faculté de pharmacie de Monastir. Plus qu'une réaction, elle représente une ultime tentative visant à pousser les autorités de tutelle, notamment les ministères de la Santé publique et celui de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à revenir sur les décrets-lois en question. M. Adnane Hanchi, représentant le Syndicat des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens hospitalo-universitaires à Monastir, indique que les ministères de tutelle n'ont pas pris en considération les résultats de la réunion organisée le 18 avril dernier par l'Ordre des pharmaciens et le syndicat. «La suppression de la vocation universitaire des services de pharmacie a pour finalité de rendre les nominations accessibles aux pharmaciens relevant de la santé publique», indique M. Hanchi. Des efforts qui risquent de tomber à l'eau... Le déclassement de huit services de pharmacie hospitalo-universitaires est considéré par la profession comme une réelle menace. Il ne peut, selon les syndicalistes, que se répercuter négativement sur la mission de formation qu'assure la Faculté de pharmacie, mais également sur la qualité des prestations servies dans les services de pharmacies hospitalo-universitaires. Mme Habiba Mizouni, secrétaire générale du syndicat national des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens hospitalo-universitaires, rappelle les efforts fournis depuis 2000 en vue de réussir la mise à niveau du secteur de la pharmacie hospitalière. En effet, cela fait longtemps que la Faculté de pharmacie mène, en collaboration avec le ministère de la Santé publique, une mise à niveau visant « la garantie d'une meilleure qualité de soins et l'optimisation de la gestion des produits pharmaceutiques ». Des efforts suite auxquels une nouvelle spécialité pharmaceutique a vu le jour : la pharmacie hospitalière et industrielle. Cette spécialité avait intéressé de nombreux étudiants qui, ayant bénéficié d'une formation de pointe à l'étranger, ont su, une fois intégrés en 2007, apporter le plus qualitatif aux CHU. « Outre la prescription des médicaments, ils ont contribué au développement de l'unité de préparation de l'alimentation aux nouveau-nés, hospitalisés en soins intensifs au Centre de maternité Wassila Bourguiba. Ils ont également, indique Mme Mizouni, participé au développement de l'unité de préparation des anticancéreux à l'hôpital Salah Azaïez. Ces jeunes ont, par ailleurs, mis en place un programme de prise en charge des plaies chroniques et des escarres au CHU Charles Nicolle. Ils ont, également, conçu le guide national sur la stérilisation du matériel médical». Notons que ces jeunes spécialisés en pharmacie hospitalière et industrielle jouent également le rôle de formateurs, encadrant ainsi les plus jeunes pharmaciens en stage aux CHU. La suppression de la vocation universitaire des services de pharmacie aux CHU risque de réduire les opportunités de stages et de formation des étudiants. Elle prive les patients de la possibilité de bénéficier de prestations pharmaceutiques de qualité et finira par décourager les jeunes de suivre la filière hospitalo-universitaire. A la fin de la première journée de grève, le syndicat national des médecins, des médecins dentistes et des pharmaciens hospitalo-universitaires n'a toujours pas reçu de réponses officielles au problème.