Récits douloureux et analyses critiques Présenté à l'occasion de la 30e édition de la foire internationale du livre, Journalistes tunisiens face à la dictature, une publication du Centre de Tunis pour la liberté de la presse, revient sur les années de braise vécues par un certain nombre de journalistes tunisiens. Récits douloureux, témoignages vivants et analyses critiques meublent, en effet, les pages de ce livre et alertent contre le retour des anciennes pratiques. Présentant l'ouvrage, Mahmoud Dhaouadi, journalistes opprimé par la machine infernale du régime déchu et un des auteurs dudit document, note que ce travail vise une relecture de l'histoire pour l'Histoire. « C'est un document qui revient, souligne-t-il, sur la période de la crise traversée par la presse tunisienne, une crise qui a favorisé la mort morale et politique de la nation ». Journalistes tunisiens face à la dictature aborde également la question des procès ayant ciblé la presse d'opinion et la presse partisane à l'ère du régime dictatorial et met à nu les pratiques répressives à l'encontre de certaines plumes qui ont refusé de plier l'échine devant les diktats du palais de Carthage. Tout au plus, le livre est alimenté en témoignages et études scientifiques se rapportant aux crimes commis par certains organismes de presse, à commencer par ceux de l'agence tunisienne de la communication extérieure Atce. De ce point de vue, des documents témoignant de l'implication de diverses parties étrangères dans l'extorsion de l'ancien régime y sont inclus. L'ensemble des témoignages collectés auprès de journalistes ayant passé de longues années derrière les barreaux et qui ont fait l'objet d'atroces tortures, vise, selon le même interlocuteur, à mettre en garde contre le retour des mauvais réflexes. Le livre transmet, du reste, des messages dont il incombe aux lecteurs de déchiffrer la portée. Le plus explicite de ces messages donne à lire que les gouvernements ayant succédé à la tête du pays n'ont jamais œuvré à soutenir les organes de presse sérieux et respectueux des règles déontologiques alors qu'ils ont favorisé les feuilles de choux et la « presse de caniveaux ». « Les mêmes pratiques semblent être perpétrées par les temps qui courent et l'on risque de renouer avec les pratiques d'autrefois, vu le nivellement par le bas du discours médiatique et la précarité dans laquelle évoluent, la plupart des journalistes aujourd'hui », adjoint Dhaouadi. A noter, par ailleurs, que les éditions en français et en anglais de Journalistes tunisiens face à la dictature, paraîtront prochainement avec le soutien financier de deux maisons d'édition des plus fameuses en Europe.