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«Une conception tronquée de la modernisation est à l'origine de la révolution tunisienne!»
Eclairages: «Economie politique d'une révolution», nouveau livre de Hakim Ben Hammouda
Publié dans Le Temps le 13 - 05 - 2012

Moment fort de l'histoire tunisienne, voire même de l'histoire humaine, la révolution du jasmin a inspiré les écrivains de tous bords. Journalistes, blogueurs et autres essayistes s'en donnent à cœur joie depuis la chute de Ben Ali, pour raconter ce tournant historique, celui de la renaissance d'un monde arabe qui a besoin de rattraper un retard criant et d'étancher sa soif de changement.
Plusieurs essais, romans et livres témoignages consacrés au soulèvement populaire qui a eu un effet domino dans la région ont paru ainsi ces derniers mois. L'écrasante majorité de ces ouvrages est ancrée dans l'actualité, rédigée à chaud. Des récits captivants autant qu'un précieux témoignage historiques. Très peu d'essayistes se sont, cependant, aventurés dans l'analyse des origines profondes de ce soulèvement. C'est à cet exercice difficile d'analyse que l'économiste tunisien spécialiste des questions de développement et d'économie internationale, Hakim Ben Hammouda, s'est essayé dans son dernier livre intitulé «Tunisie: Economie politique d'une révolution».
L'ouvrage paru tout récemment chez l'éditeur belge De Boeck a été présenté vendredi après-midi à Tunis lors d'un déjeuner de presse organisé par la délégation Wallonie Bruxelles à Tunis. Exerçant actuellement de hautes fonctions à la Banque Africaine de Développement (BAD), après avoir été haut fonctionnaire à l'Organisation Mondiale du Commerce et chef économiste à la Commission Economique pour l'Afrique (ONU), l'auteur y explique les origines profondes de la révolution en Tunisie. Il estime que le geste de désespoir du marchand de légumes Mohamed Bouazizi, qui a débouché sur la chute de la dictature et donné l'impulsion à d'autres révoltes dans les pays arabes voisins, concentre des frustrations de longue date liées aux inégalités sociales et régionales, à la corruption, au népotisme et au chômage. Ces frustrations trouvent leurs origines dans les limites de l'expérience de la modernisation menée depuis les années 70 par Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante, et son successeur.
Efforts de modernisation, incomplets …
L'auteur aborde tour à tour la modernisation économique conjuguée à l'autoritarisme politique dans les années 70, la tentative d'ouverture et de réformes dans les années 80 ; l'avènement du régime de Ben Ali et sa transformation progressive en dictature ; les effets de la crise globale sur la crise du régime tunisien. Le constat qu'il dresse est sans appel: la révolution tunisienne est le pur produit d'une conception tronquée de la modernisation telle que menée par les élites politiques depuis l'indépendance. «Ceux qui ont pris le pouvoir après l'indépendance ont mené la bataille de la modernisation de l'économie et des structures de l'Etat. Ils ont, toutefois, oublié une dimension importante de la modernisation : la démocratisation de la vie politique et le respect des libertés publiques et individuelles », précise M. Ben Hammouda. Et d'ajouter : « ce qui a perdu l'ancien régime est, en fait, son incapacité à se réformer de l'intérieur».
Docteur en économie internationale de l'Université de Grenoble, l'auteur estime que les occasions manquées de la démocratisation de la vie politique étaient légion aussi bien sous le règne de Bourguiba qu'après l'arrivée de Ben Ali au pouvoir. Il s'agit, entre autres, du congrès du Parti Socialiste Destourien en 1971 marquée par le triomphe de l'aile autoritaire du parti, des élections législatives de 1981, remportées haut la main par le Mouvement des démocrates socialistes, mais qui ont été finalement truquées.
La crise globale a fait fleurir le jasmin
D'autre part, Hakim Ben Hammouda que l'essoufflement du modèle économique tunisien constitue la deuxième explication de l'effondrement de l'ancien régime. « Le modèle de développement, naguère considéré comme véritable force d'appui pour le régime politique, est devenu son fossoyeur », précise-t-il. La corruption qui s'est développée dès le début des années 1990 et qui a bénéficié aux cercles les plus proches du pouvoir a été, en effet, à l'origine de l'accumulation de grandes fortunes dans un temps très limité et surtout d'une main mise sur d'importants secteurs économiques, notamment dans le domaine bancaire, dans le tourisme, dans la construction immobilière entre autres. Le népotisme a aussi freiné les investissements privés. Touché par l'incertitude et les inquiétudes croissantes liées aux pratiques de la corruption et au manque de transparence, le secteur privé a réduit ses investissements et ses prises de risques sur le futur. Ainsi, les blocages de la transition vers une croissance intensive en capital ont été à l'origine de l'approfondissement du chômage et particulièrement du chômage des diplômés. Les chiffres officiels ont estimé le taux de chômage à 14,2 % en 2008. Mais, chez les jeunes entre 20 et 24 ans, ils remontent à 30 % et celui des diplômés atteint 19 %.Les blocages du modèle économiques tunisiens ont été renforcés dès 2008 par la crise globale dont l'onde de choc a touché le pays très ouvert sur l'extérieur de plein fouet. Autant de facteurs qui ont fait fleurir le jasmin. Mais les défis sont aujourd'hui énormes.
L'auteur pense que la révolution tunisienne se trouve désormais en face de trois préoccupations majeures à court terme. La première est liée à l'explosion de revendications sectorielles que le régime autoritaire a réussi à contenir et qui explosent aujourd'hui et exigent des solutions. Le second type de défis est d'ordre sécuritaire. Il est lié au démantèlement de l'ancien appareil sécuritaire reposant sur les anciens clans mafieux et aux difficultés de le reconstruire. Le troisième défi est lié aux difficultés de fonctionnement des institutions.
À moyen et long terme, M. Ben Hammouda met s en exergue trois enjeux majeurs. Le premier est lié aux réformes politiques et à l'instauration d'un nouveau régime démocratique. Le second défi est d'ordre économique et concerne la définition d'un nouveau modèle de développement qui assure une véritable transition vers l'économie du savoir et des nouvelles technologies. Enfin, le dernier enjeu de taille est celui de l'émergence d'une nouvelle élite politique.


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