Le coût de l'abandon scolaire précoce est d'environ 345 millions de dinars par an, soit près de 13% du budget du ministère de l'Education. Les chiffres sur les abandons scolaires ont choqué les Tunisiens. Les estimations se situent entre 100.000 et 110.000. Cela paraît énorme. Seulement il faut relativiser. Certes, un seul élève qui quitte l'école est une catastrophe. Ce que beaucoup de Tunisiens ne savent peut-être pas, c'est qu'il y a eu des chiffres plus importants au cours des années précédentes.Durant l'année 2005-2006, près de 83 mille élèves auraient quitté les bancs de l'école au cours du premier et du second cycle de l'école de base. 65 mille autres, environ, en auraient fait de même dans le secondaire. En tout, ce sont 148.000 élèves de moins de 16 ans. Les statistiques dans ce sens ne sont pas faites pour donner une idée claire sur le phénomène.Il serait bon de savoir, aussi, que ces décrochages ne sont pas nécessairement liés à des dysfonctionnements du système éducatif en soi, mais à des problèmes strictement personnels ou familiaux. Dans le milieu rural, on a beaucoup besoin de la présence de bras pour le travail agricole. La disponibilité des enfants est essentielle. Un choix s'impose : l'école ou la perte des récoltes et du travail agricole.D'autres jeunes trouvent un travail et s'intègrent dans un créneau qui peut les avantager en leur permettant d'accéder plus vite à la vie professionnelle. Nombreux sont les jeunes qui entrent en apprentissage soit chez des privés (coiffeurs, mécaniciens, menuisiers...) ou carrément dans des centres appropriés. Ni le ministère, ni les autres structures ne disposent de statistiques précises sur la situation. C'est ce qui devrait être fait, normalement, par les parties chargées d'encadrement des jeunes (et, plus particulièrement, pour les défaillants scolaires).Il est vrai, aussi, que l'abandon scolaire est le résultat de difficultés indépendantes de la volonté de l'élève ou de ses parents. L'intéressé quitte l'école pour ce qu'on pourrait appeler des raisons de force majeure. On peut citer l'exemple de l'impossibilité de suivre le parcours scolaire pour des raisons matérielles (pauvreté). Mais là, aussi, il est toujours possible de s'adresser aux structures associatives pour sortir de l'impasse. Or, dans de nombreux cas la famille ignore l'existence de ces circuits ou ne cherche pas, à prendre contact avec elles par méfiance. Il y a, également, la réticence de l'élève lui-même. Sans oublier, non plus, les difficultés d'accès aux établissements. Le fait de parcourir plusieurs kilomètres par jour dans les deux sens a de quoi rebuter les plus courageux.Tout cela n'exclut pas l'existence de causes liées au système d'enseignement. Des facteurs pédagogiques, en lien avec la faiblesse des systèmes de formation des formateurs, ainsi que les méthodes de recrutement des enseignants au cours des deux dernières décennies, seraient à l'origine de l'échec et de l'abandon scolaires précoces. L'abandon scolaire dans le primaire représente 1,2%, à l'échelle nationale, alors qu'il oscille entre 2 et 4%, dans les régions intérieures à caractère rural.D'ailleurs, des études ont montré que le coût de l'abandon scolaire précoce atteint 345 millions de dinars par an, soit près de 13% du budget du ministère de l'Education (137 millions de dinars pour le coût des redoublements et 207 millions de dinars pour l'abandon scolaire).