• Une étude a montré les faiblesses du système scolaire et les problèmes qui mènent à l'échec et à l'abandon scolaires. • Nécessité de fournir un soutien à l'élève à travers des heures supplémentaires d'accompagnement et de dynamiser le rôle du directeur d'école dans le domaine pédagogique et de contrôle. L'échec scolaire est dû à plusieurs facteurs qui empêchent l'élève d'assimiler les connaissances de façon normale. Les rapports familiaux comptent beaucoup, en effet, dans la réussite de l'enfant. Plus ces rapports entre les parents et les enfants sont stables, plus l'enfant trouve un environnement idéal pour apprendre ses leçons à la maison. Toutes proportions gardées, la pauvreté est parfois à l'origine de l'échec et de l'abandon scolaires et l'on constate souvent que la fille est plus touchée que le garçon et les zones rurales plus concernées. Si l'école est éloignée de la maison, par exemple, il est difficile pour l'élève d'accéder à l'école surtout en temps de pluie. Parfois, les parents obligent leur progéniture à rester à leurs côtés pour faire quelques petits travaux et contribuer ainsi à subvenir aux besoins de la famille au lieu d'aller à l'école. En effet, plusieurs parents pensent que les études ne mènent à rien compte tenu du nombre des chômeurs qui ne cesse de croître. Tous ces problèmes doivent donc être traités à la base en vue de trouver les solutions appropriées à même de réduire l'échec et l'abandon scolaires. Et dire que l'Etat consacre chaque année un budget conséquent au titre des nouvelles constructions d'écoles, d'aménagement des salles de classe, de paiement des enseignants et des directeurs. C'est vrai que certains parents tiennent absolument à fournir toutes les conditions de succès à leurs enfants – quitte à les inscrire dans des cours particuliers – alors que d'autres pensent, à tort, que les heures des cours à l'école sont inutiles ! Diagnostiquer le phénomène de près D'où la nécessité d'adopter une démarche réfléchie en vue d'identifier des solutions efficaces et pratiques de nature à réduire un tant soit peu l'échec et l'abandon scolaires. Des études scientifiques et statistiques crédibles et périodiques qui reflètent la réalité, peuvent s'avérer nécessaires pour diagnostiquer le phénomène de près. On peut souligner déjà que les conditions d'études et l'environnement familial et social sont très importants dans la vie scolaire de l'élève. Les bureaux d'écoute et d'orientation qui ont été installés il y a quelque temps dans certaines écoles sont, par exemple, utiles et il faut les maintenir et les généraliser. Ainsi, ces bureaux se penchent sur les problèmes d'ordre social et familial que vit éventuellement l'élève pour contribuer à les résoudre. Les parents peuvent être invités par ces bureaux pour une éventuelle conciliation entre eux, et ce, dans l'intérêt de leurs enfants. Il est possible aussi d'améliorer leur revenu – au cas où ils vivent dans la pauvreté – en les aidant à bénéficier d'une subvention accordée par les autorités compétentes aux familles démunies. De plus, l'enfant qui trouve du mal à assimiler ses leçons fait l'objet d'un suivi permanent et de cours particuliers gratuits pour améliorer son niveau et le motiver à apprendre. Une réforme du système éducatif doit impérativement tenir compte de ce phénomène d'échec et d'abandon scolaires pour le contrecarrer grâce à une stratégie cohérente basée sur l'environnement familial et social de l'enfant. D'ailleurs, les principaux axes de cette stratégie ont été déjà définis. Ils s'articulent notamment autour de la formation continue des enseignants, surtout après la décision de rouvrir l'Institut supérieur de l'éducation et de la formation continue et le rattacher à l'Université virtuelle, le développement des méthodes pédagogiques basées sur l'apprentissage de la réflexion critique et la complémentarité entre les établissements publics et la société civile dans la lutte contre les causes de l'abandon scolaire. Ceux-ci concernent entre autres, la pauvreté, l'éloignement des écoles des habitations en milieu rural et la malnutrition. Pour une meilleure hygiène de vie En fait, la nutrition constitue un autre élément à mettre en exergue, car un enfant mal nourri et qui manque des vitamines nécessaires n'arrive souvent pas à étudier efficacement. L'hygiène de vie compte beaucoup également dans la vie scolaire et les parents sont responsables de l'emploi du temps de leur enfant qui doit être partagé entre la révision, les loisirs et assez de temps de repos. Favoriser le dialogue dans ce domaine en impliquant les acteurs concernés, à savoir les parents, la société civile et les enseignants, en organisant régulièrement des réunions périodiques élargies peut avoir des conséquences positives sur la vie scolaire de l'enfant. Car chaque élève et chaque famille ont leurs problèmes et leurs conditions spécifiques à traiter à part. Le débat et les interventions des acteurs concernés, y compris les élèves, permettent de dégager des idées pour l'intérêt général. Mais la réalité est tout autre aujourd'hui: les réunions sont rares pour ne pas dire inexistantes et les canaux du dialogue sont presque fermés. De nouvelles traditions doivent donc être créées en instaurant le débat libre entre les différents intervenants pour découvrir les problèmes et y apporter les solutions idoines. L'amélioration du rendement du système de formation des formateurs et la pertinence des recrutements peuvent diminuer également au cours des années à venir l'échec scolaire. Une étude relative à l'évolution du phénomène de l'échec et de l'abandon scolaires élaborée auprès d'un échantillon de 17 mille élèves a permis déjà de mettre le doigt sur le mal. Cette étude, considérée comme la première du genre en Tunisie, a démarré en 2002. Elle a montré que le coût de l'abandon scolaire précoce atteint 345 millions de dinars par an, soit près de 13% du budget du ministère de l'Education. A eux seuls, les redoublements coûtent près de 137 millions de dinars. Par ailleurs, la même étude souligne que le phénomène de l'abandon scolaire commence dès le primaire pour se poursuivre au collège et au lycée, et ce, à cause des politiques éducatives adoptées. Ce phénomène ne concerne pas uniquement les filles mais touche de plus en plus les garçons au cours des dernières années. L'abandon scolaire dans le primaire représente 1,2%, à l'échelle nationale alors qu'il varie entre 2 et 4% dans les régions intérieures rurales. Parmi les recommandations formulées à l'issue de l'étude en question comme, à titre d'exemple, la nécessité de fournir un soutien à l'élève à travers des heures supplémentaires d'accompagnement et de dynamiser le rôle du directeur d'école dans le domaine pédagogique et de contrôle. Il s'agit aussi de renforcer le rôle des conseils d'écoles et d'assurer une meilleure coordination entre les ministères chargés de la Femme et de l'Enfance, de la Santé, des Affaires sociales qui doivent agir en concert dans le cadre d'une action commune pour apporter le soutien approprié à l'élève.