A cause des grèves, l'Etat pourrait avoir du mal à couvrir ses dépenses à partir du mois de décembre ou de janvier TRIPOLI (Reuters) — La Libye pourrait avoir du mal à couvrir ses dépenses publiques à partir du mois de décembre ou en janvier si les grèves qui paralysent les terminaux pétroliers et l'exploitation des gisements d'hydrocarbures ne prend pas fin, a averti hier le Premier ministre libyen, Ali Zeidan. Des milices, tribus et fonctionnaires en quête de droits politiques ou d'augmentations de salaires ont pris le contrôle de ports pétroliers et de certains gisements, réduisant la production à une fraction seulement de sa capacité, qui est de 1,25 million de barils par jour (bpj). «Le budget s'appuie sur l'hypothèse que les revenus pétroliers sont constants toute l'année», a dit Ali Zeidan aux journalistes. «A partir du mois prochain, ou le mois suivant, nous pourrions avoir du mal à couvrir les dépenses». Le gouvernement, a-t-il dit, a donné aux protestataires une semaine à dix jours pour dégager les gisements et les terminaux paralysés. «Faute de quoi, nous prendrons des mesures», a dit le chef du gouvernement sans donner de précisions. Le blocus du terminal de Mellitah, dans l'ouest de la Libye, menace d'interrompre les livraisons de gaz à l'Italie via un gazoduc sous-marin, a-t-il prévenu. Ce complexe appartient à la société italienne des hydrocarbures ENI et à la compagnie nationale des pétroles libyens National Oil Corporation (NOC). Dans l'Est, un mouvement autonomiste dont les membres tiennent plusieurs ports a lancé hier un nouveau défi à Tripoli en annonçant la création d'une compagnie pétrolière locale. Son siège sera provisoirement installé à Tobrouk, dans l'extrême Est, dont le port est occupé par des manifestants qui ont empêché vendredi le chargement d'un pétrolier affrété par le gouvernement central, ont annoncé les dirigeants du mouvement lors d'une conférence de presse organisée à Ajdabia. Deux policiers et un juge tués Deux policiers libyens ont été tués par balle samedi à Benghazi, au lendemain de l'arrivée d'une colonne de l'armée libyenne pour rétablir l'ordre dans la grande ville de l'Est, a-t-on appris auprès d'une source des forces de sécurité. Les deux agents ont été abattus alors qu'ils rentraient à leur QG après une patrouille. Les tireurs ont pris la fuite. Le président d'un tribunal de Derna, une ville située à l'est de Benghazi, a par ailleurs été tué par l'explosion d'une bombe placée sous son véhicule alors qu'il quittait son domicile, d'après une autre source des services de sécurité. Deux ans après la chute de Mouammar Kadhafi, le gouvernement central de Tripoli peine toujours à imposer son autorité à travers le pays, en particulier sur Benghazi, berceau de la révolution de 2011. L'armée a prévenu qu'elle ne tolérerait plus aucune violation de l'ordre public et des forces spéciales se sont déployées vendredi à travers la capitale de Cyrénaïque, qui compte un million d'habitants.