Signalé ici et là, tantôt en Tunisie, tantôt à l'étranger, l'homme fort d'Ansar Echaria court encore et menace toujours Depuis lundi dernier, le nom d'Abou Iyadh est, de nouveau, d'actualité, sur fond de rumeurs persistantes faisant état de son retour en Tunisie où il serait réfugié à Kébili, après avoir réussi, avec la complicité des uns et le soutien logistique des autres, à traverser clandestinement nos frontières avec la Libye. Selon les mêmes rumeurs relayées sur la Toile par des sites jihadistes algériens, mauritaniens et surtout tunisiens, l'homme fort d'Ansar Echaria serait revenu au bercail, chargé de deux sales besognes, à savoir : – La réorganisation de sa troupe, en y injectant des renforts acheminés de Libye, afin de colmater les brèches laissées par la disparition de plusieurs de ses proches lieutenants, qui arrêtés, qui abattus, tour à tour, à Séjoumi, à Goubellat, à Sidi Ali Ben Aoun, à Ben Guerdane et à Kasserine. – La finalisation des préparatifs inhérents aux projets d'attentats devant être commis dans le pays et visant, comme on le sait, édifices publics, centres commerciaux, postes de police et de la garde nationale, prisons et intérêts occidentaux. L'alerte de Souk El-Ahad Prenant au sérieux toutes ces rumeurs, nos forces de sécurité intérieure, avec le soutien logistique et aérien de l'armée, ont immédiatement «investi» le gouvernorat de Kébili et plus particulièrement la délégation de Souk El-Ahad où se serait caché Abou Iyadh. Hélas, peine perdue, aucun signe de vie de ce dernier. D'où la question de savoir s'il s'y trouvait réellement avant de s'enfuir, à l'approche de la descente policière. «Nul ne le sait», nous répond une source sécuritaire bien informée, qui précise qu'avec cet homme dangereux, tout est vraiment possible, quitte, faut-il l'avouer, à le voir profiter de complicités parmi les soldats et les forces de sécurité intérieure», et d'ajouter, encore plus inquiet: «C'est pour la... énième fois qu'Abou Iyadh... nous brûle la politesse, en s'enfuyant de justesse. Cela prouve assurément qu'il est bien organisé et fortement entouré». Histoire de... sosies ! Dans les coulisses de la BAT (Brigade antiterrorisme), cette énigme prend même l'ampleur d'un véritable casse-tête, puisqu'on y parle de l'existence de plusieurs tours de renard inventés par Abou Iyadh. En effet, outre son changement quotidien de domicile et de look, outre aussi son étonnante capacité de circuler «incognito» entre les régions du pays et nos frontières avec l'Algérie et la Libye, on assure, chez ladite brigade qui s'occupe de sa traque, que cet homme a sans doute opté pour l'utilisation... de sosies, afin de passer inaperçu. D'ailleurs, certains de ses acolytes arrêtés récemment lui ressemblent comme deux gouttes d'eau ! Par ailleurs, il s'est avéré, selon des enquêteurs en charge de ce dossier brûlant, qu'Abou Iyadh circule avec de faux papiers et ne porte jamais de portable sur lui, afin de dérouter, bien entendu, les objectifs détecteurs des satellites, les écoutes sécuritaires et le flair des indics. Entre la Libye et l'Algérie Cela dit, où se trouve maintenant «l'homme le plus recherché de Tunisie» ? «Partout et nulle part», répond laconiquement une source policière qui indique toutefois qu'«il est certain qu'Abou Iyadh, selon les aveux mêmes de jihadistes arrêtés récemment, circule dans les régions sahariennes situées aux frontières entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye». Non, il court, il court Abou Iyadh !