Le projet de reconstruction ne fait pas l'unanimité parmi les riverains Dimanche dernier, des citoyens ont posé des bougies tout le long du petit pont de Marsa-Plage, à partir de 18h00, pour exprimer leur refus du projet de reconstruction tel qu'il a été conçu et décidé par les autorités locales. «C'est une action symbolique, une initiative de plusieurs associations et surtout les jeunes de La Marsa, pour dire qu'on est là. Il faut consulter les citoyens avant de prendre des décisions qui les concernent», estime Seima Chikhaoui, étudiante et membre de l'association Histoire et réconciliation de La Marsa. Une réunion avec la délégation spéciale de la ville de La Marsa avait été organisée le 26 octobre pour présenter le projet. Les citoyens qui étaient présents s'attendaient à pouvoir donner leur avis et à discuter du projet. «Malheureusement, le projet était déjà ficelé et décidé, prêt à démarrer», raconte Hakim Bahri, membre de l'Association de sauvegarde de la ville de La Marsa. Lors de la réunion, une maquette 3D du nouveau pont a été présentée. «On ne voyait pas l'intégration dans le paysage. C'est un pont classique qu'on peut trouver sur les voies rapides ou dans les grandes villes. Ce n'est pas un pont qui me semble adapté à la ville de La Marsa», estime Hakim Bahri. «D'autre part, on n'a pas réussi à avoir des informations sur l'étude d'impact. (...) Il n'y a pas eu un refus de la part de la délégation spéciale de nous délivrer un dossier détaillé avec les expertises, mais ça traîne, on ne sait pas pourquoi», rajoute-t-il. Plusieurs personnes présentes à l'action de dimanche ont exprimé leur souhait de voir le pont sauvegardé et réhabilité. «Le pont fait partie du patrimoine (...) Il pourrait rester une zone piétonne. Eté comme hiver, la circulation à La Marsa est infernale. La ville est envahie par les voitures», assure Seima. Absence d'indications Le pont est devenu une zone piétonne depuis mai 2012, parce qu'il est «condamné» et «ne peut plus supporter la circulation de la ville de La Marsa» , avait expliqué Maher Zaher, premier vice-président de la délégation spéciale de la municipalité de La Marsa à La Presse, le 26 octobre. Dans une pétition adressée à la municipalité en juillet dernier, des commerçants et des riverains se sont plaints de cette mesure. «J'avais signé cette pétition, j'aimerai que le pont soit à nouveau ouvert à la circulation», affirme Mme Meherzi, commerçante. «J'ai perdu 50% de ma clientèle depuis mai dernier. Le problème, c'est que l'accès à l'avenue Habib-Bourguiba est devenu compliqué. Il n'y a pas d'indications pour les automobilistes qui puissent leur montrer par où ils peuvent accéder à l'avenue et où est-ce qu'ils peuvent parquer leur voiture», explique-t-elle. Hamza El Hafi, glacier, rencontre lui aussi des problèmes financiers depuis que le pont a été fermé: «C'est la grosse crise. Les voitures ne peuvent plus circuler devant notre local et celles qui sont mal garées sont directement emmenées à la fourrière. Cela décourage les clients». Pour Aziz Bey, riverain de La Marsa, il faudrait essayer de trouver une solution pour éviter la destruction du pont et le sauvegarder. «On a perdu beaucoup de monuments à La Marsa, la ville risque de perdre son cachet. Le palais Dar Tej a été détruit avec de la dynamite sous prétexte qu'il était en mauvais état. Borj Hammouda Bey, à Marsa-Nessim, a également été détruit à la dynamite. Il faut préserver et mettre en valeur notre patrimoine. Quand on n'a pas d'histoire, on n'a pas de présent ni de futur», conclut le jeune homme.