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Le mythe des fleurs tunisiennes en péril
Encore une attaque contre les artistes
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 11 - 2013

Jamel Mokni, le réalisateur du film « Hymen National, malaise dans l'islam », menacé de mort
Quand on s'interroge sur l'acte d'explorer les terrains vierges et ignorés, les sujets d'étude occultes ou encore les interdits sociaux, Sénèque nous répond majestueusement que « ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles » ». Ainsi, déblayer ce qui érode une société dans l'acte d'éclairer certaines choses équivoques et jugées prohibées dans les structures et les comportements sociaux en vue d'en analyser les soubassements cachés, serait la mission, voire le devoir des artistes, des écrivains et des journalistes qui réclament une voix et un verbe libres, dans le but de semer et d'ancrer une pensée libre.
En Tunisie, on est témoins du statut et de la stature des cinéastes censurés mais aussi du pouvoir réfringent de leur image impérieuse et périlleuse. Le plus curieux c'est que nos artistes tunisiens résidents à l'étranger subissent une damnation impitoyable, nos caricaturistes, par exemple, se cachent sous des pseudonymes, ils vivent dans un prisme tenace comme au mauvais vieux temps. Ces artistes qui sont surveillés sur les réseaux sociaux, reçoivent de terribles menaces. Récemment, justement, des extrémistes ont menacé sur une page Facebook et en France Jamel Mokni de mort, l'accusant d'atteinte à l'ordre public, à la pudeur et aux valeurs sacrées. Ce réalisateur tunisien qui a fait ses études de cinéma en Belgique et dont la sortie du film en 2010, « Hymen national, Malaise dans l'islam », n'a pas suscité une polémique pareille à celle d'aujourd'hui, a été défendu de rentrer en Tunisie, son pays natal : l'épicentre et le centre de son inspiration.
Hymne féminin : racontez-moi la femme !
Les lignes de force de ce film franchissent une barre rouge restée jusque-là un tabou dans notre société et dans les sociétés arabo-musulmanes : le pucelage. L'audace du sujet nous laisse penser que le « deuxième sexe » beauvoirien est une femme libre, libérée de toute contrainte sociale qui annihile son épanouissement et son bien-être. Cette portée-là est implicitement un paratexte dans le film. À fleur de peau et d'âme, la femme n'est pas cette écorce épidermique ou une portion de chair. La femme est cet esprit qui dérange, cette pensée qui cogite, ces mains qui caressent les pleurs d'un enfant, cet être aimant et aimé.
Au cœur de la société, de la vie mais aussi de l'art, la femme est un procédé d'expression cinématographique qui a permis au réalisateur de rendre hommage à cette troublante créature et à défricher le mal qui accable certaines femmes dans cette société de mâles.
Ce doc ad hoc où par moments, des scènes monotones sont discernées, est un film dont l'approche est linéaire et un peu trop soulignée; préférant l'explicite à l'acte de suggérer de par le discours direct, le réalisateur a mis en scène certaines images portant un message itératif où l'esthétique de l'image est, à notre sens, loquace, nous plongeant illico dans la conception documentaliste que défend l'artiste qui n'est autre qu'une responsabilité que doit assumer chaque artiste et chaque citoyen et comme l'a bien signé Abbé Pierre « la responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire. ». Ce qui glose que le cinéaste se doit de montrer à travers ce montage réaliste l'image d'une société qui est une identité inhérente à une culture globale et structurée.
Le réalisateur qui a voulu cadrer son petit univers, remettre en scène sa société, a choisi de nommer les choses dans le naturel le plus absolu car son but est de saisir et cerner cette problématique à l'égard de cette synergie entre hymen et hymne. Ainsi, saisir l'instantané et le provoquer est perçu, grâce à une triade dont les codes sont : l'éthos, le pathos et le logos.
Hymen social : racontez-moi les lois
Se voyant comme des résidus de la vie sociale, les femmes dépucelées avant le mariage avouent qu'elles sont mal jugées : elles sont rejetées, et la plupart d'entre elles sont vouées à l'échec social. A travers les interviews, on voit la mise en scène d'un vrai théâtre ; celui de la société qui nous jette dans un monologue infernal qui tend à culpabiliser la femme et un dialogue interminable où les lois et la morale gagnent la cause. D'ailleurs quand ces femmes évoquent leurs expériences sexuelles, on voit bien par le biais de la gestuelle et l'expression du visage leur trouble et leur complexe.
Quant aux autres femmes qui réussissent à sauver leur peau et leur hymen recourent à la chirurgie de reconstruction afin de pouvoir jouir d'une vie normale, en se mariant.
La fleur rhétorique : racontez-moi la vie !
La fleur qui est la femme est dans ce film dévoilée à travers une classe intellectuelle qui s'oppose à celle du peuple simple et simpliste, des quartiers populaires, cette classe comporte une avocate, une psychologue, une chercheuse... Celles-ci analysent avec clairvoyance et nous montrent que la structure sociale ne peut pas s'échapper du recours à la psychologie, à la médecine et aux actants et acteurs de la société intellectuelle. Ils se complètent tous et toutes.
Dans les témoignages, et à travers cette parade, on retrouve le spontané, le réfléchi, le sentimental, le psychologique, la tristesse et la résignation dans les regards, l'acte d'assumer, bref, la vie dans tous ses méandres et contours.
L'enfer c'est les autres
Ces forces aveugles de la société tendent à engourdir la femme, puisque les lois représentent un fait incontestable: elle est synonyme de mal, de péché. Les femmes qui n'ont pas pu se marier, sont devenues des « maîtresses », et confient dans le film leur regret vis-à-vis de cette expérience dont elles parlent avec amertume.
Aujourd'hui, après trois ans de la sortie du film, le réalisateur exprime son angoisse par rapport aux femmes qui ont témoigné. Au détriment de toutes ces révélations, on voit que le corps de la femme et le corpuscule des coutumes et des règles sociales sont de pires ennemies qui peuvent provoquer et déclarer la guerre.
Faisons l'amour et pas la guerre ?
Loin d'être un film exotique, cet ouvrage qui se doit d'être protégé en tant qu'œuvre d'art et en tant que matière vraie est un avant-propos à l'amour et à l'estime de l'autre sans préjugés, ni pénitence, ni médisance. L'hymen doit être épuré et tissé par cet hymne à la vie, à la paix et au respect de l'autre.
Finalement et quoi qu'il en soit, pâtir des menaces pareilles ne peut que putréfier et le cinéma réaliste et le cinéma dans toute sa splendeur artistique. On crée pour exprimer nos tourments, les malaises de la société et les obsessions d'autrui; nos artistes qui renaissent libres dans leur création ne doivent pas être des victimes de ces bourreaux qui veulent mettre nos confrères et nos artistes derrière les barreaux ou sous les cachots. Créer c'est oser, c'est s'engager et risquer, et c'est incontestablement un droit impérissable, car comme l'a bien dit Oscar Wilde : « quand le droit n'est pas la force, il est le mal ».


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