«Les Fourberies de Scapin» de Molière par la Compagnie Emilie Valantin (France) au Quatrième Art «A vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je veux m'en mêler. J'ai sans doute reçu du Ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies», disait Scapin dans la pièce. L'histoire de ce personnage coquin commence lorsqu'un jeune bourgeois, Octave, s'éprend d'une jeune fille et que son ami Léandre épouse une jeune Egyptienne sans le consentement de leurs pères. Alors que ces derniers avaient d'autres projets pour eux. Les amoureux, désespérés, ont recours aux ruses de Scapin pour que leurs pères changent d'idée. Se disant au service de l'amour, le valet, manipulateur et rusé, ne recule devant rien pour parvenir à ses fins et il en profitera pour escroquer les vieux et assouvir quelques petites vengeances, au risque de subir les colères de ses patrons. Dès lors, vont se succéder des retournements de situations, des bouleversements familiaux et des face-à-face comiques et divertissants. C'est Jean Sclavis, Scarpin, l'homme de la situation, éblouissant manipulateur par qui triomphait un spectacle aussi sobre qu'intelligemment construit. Faisant partie de l'équipe de la Compagnie Emilie Valentin fondée en 1975 à Montélimar, il a interprété en 2006, en solo, la pièce de Molière «Les Fourberies de Scapin», dans laquelle il incarne un Scapin-manipulateur entouré de huit marionnettes de taille presque humaine. Nominé aux Molières dans la catégorie "meilleur spectacle en région" en 2008, le spectacle remporte un franc succès en France et à l'étranger et comptera bientôt 300 représentations dont celle que nous avons eu le plaisir de découvrir dans le cadre des actuelles JTC. Molière donne souvent des rôles importants aux domestiques et, dans cette comédie, le valet s'avère plus brillant que le maître; il mène comme bon lui semble, à travers péripéties et situations burlesques, les autres personnages de la pièce, à l'image du comédien dans cette mise en scène qui détient et tire à sa guise les ficelles de ses personnages. Il est difficile de décrire l'incroyable précision et l'étourdissante virtuosité avec lesquelles s'est déroulé le spectacle, sans aucun temps mort, Jean Sclavis a campé l'omniprésent Scapin, en offrant toute la désinvolture et la finesse qui siéent au personnage. Il a manipulé les huit magnifiques et élégantes marionnettes qui occupaient le devant de la scène tout en apportant sa voix aux personnages qu'elles représentent, jouant, au bout du compte, la pièce de Molière tout seul ! Bref, Jean Sclavis traite Les Fourberies de Scapin à sa juste valeur, c'est-à-dire comme une farce attachée avec de grosses ficelles et dont les rebondissements, bien que prévisibles, s'avèrent comiques. La drôlerie ici naît, bien sûr, des situations dramatiques, mais surtout du rythme et de l'ingéniosité des petites trouvailles du metteur en scène. On sort heureux du spectacle sans doute le plus original dans son adaptation du grand classique de Molière. Créativité, humour et drôlerie, le public était ravi !