Un surtitrage ou même quelques petits extraits traduits du texte mis à la disposition du public le jour de la représentation n'auraient pas été de refus «Brouiller les cartes pour perdre la partie» étaient presque les seuls mots, prononcés en italien, que l'on a pu saisir, dimanche dernier, lors de la représentation de la pièce «Odore di cipria» (odeur de poudre) au Mad'art de Carthage avec la collaboration de l'Institut culturel italien. Des mots certes dits, ainsi que tout le texte de la pièce adaptée de l'œuvre poétique «Stornello» de Giorgio Caproni, avec beaucoup de théâtralité, de lyrisme et d'émotion par le comédien Antonio Piovanelli mais qui malheureusement n'étaient pas surtitrés! L'on aurait pu mieux apprécier et profiter de ce travail tiré des vers de l'écrivain et poète italien Caproni où l'on semblerait, comme le précise le texte de scène, évoquer des thèmes tels que la mère, la cité, l'amour, le mariage, la foi et tutti quanti. Des thèmes si chers à l'auteur connu pour son bref mais éloquent vers: «Ma mère montait lente, comme une grande pierre, qui en silence se lézarde.» A l'image de ces mots, l'émotion montait lentement aussi sur scène, les mouvements aussi, ceux du comédien qui donnait la réplique tout en vers et ceux de la danseuse Erika Crescenzo qui se mouvait délicatement, empruntant tantôt une échelle ou montant sur une des chaises posées, çà et là, sur les planches. La frustration causée par la barrière de langue montait lentement, elle aussi... La pièce est, certes, aussi visuelle, par la présence de la danseuse mais aussi les mouvements de scène du talentueux comédien. Interprétant, respectivement, les personnages du prêtre et de la prostituée, et endossant sur scène, à mesure qu'évoluait la pièce, d'autres costumes étalés sur les chaises. Lentement, l'on vivait sur scène, l'on bougeait, l'on dansait, l'on criait, l'on pleurait mais l'on parlait aussi, et surtout! et même si le langage du corps, riche de sens et de symbolisme, parvenait à dégager une certaine émotion, cela n'a pas suffi et l'on aurait voulu être touché par la grâce des mots également. D'ailleurs quelques spectateurs, visiblement frustrés, n'ont pas hésité à quitter la salle. Un surtitrage ou même quelques petits extraits traduits du texte mis à la disposition du public le jour de la représentation n'auraient pas été de refus! Car le public n'est pas censé connaître (par cœur) l'œuvre de Caproni ni même comprendre l'italien. Pire encore, l'on n'a pas à faire, dans les JTC, dans les représentations à public ciblé! Bravo tout de même pour l'interprétation du comédien et de la danseuse.