Au grand bonheur de ceux et celles qui admirent son talent qui est immense et pluriel, Samir Besbess est de retour sur la scène picturale. Depuis mardi 15 juin, il est l'invité de la galerie Ali-Guermassi, à Dar El Kateb. Maître assistant de l'enseignement supérieur, Samir Besbess a une licence et une maîtrise de cinéma (études cinématographiques et audiovisuelles); il est aussi diplômé de l'Ecole Louis-Lumière de photographie, de cinématographie, de son et vidéonie de Paris. L'artiste, pour cette exposition, a eu l'intelligence de se servir des cells (terme technique utilisé dans les dessins animés) des films qu'il a réalisés de 1984 à nos jours et qui ont pour titres: Jahjouh I et II, Les Ficelles, Jahjouh et la Sirène. Des miniatures de facture délicate, des compositions picturales en réduction qui vous mettent l'eau à la bouche tant elles sont séduisantes par la finesse exquise des situations et l'exubérance des couleurs. L'exposition, un pur enchantement pour les yeux, occupe pratiquement tout l'espace, jusqu'au parquet tapissé par une animation en volume qui a nécessité un travail de recherche très poussé. De la sorte, le visiteur se trouve entraîné dans le sillage des planches d'expérimentation avec de magnifiques cavaliers zlass, en mouvement, sur de superbes montures, qui semblent prêts à partir au galop. Des figurines, d'un demi-mètre de hauteur, participent à ce mouvement. Il s'agit de la Mehala beylicale, l'armée des suppléants indigènes, engagés auprès des corps d'infanterie ottomane. A voir, rien que pour le côté inédit et original de l'exposition. Son installation intitulée Gaza a la justesse de remuer en nous des sentiments de révolte et d'indignation. Samir Besbess nous donne à voir une ville dévastée avec tout l'insoutenable spectacle du drame humain. Ses oiseaux, principalement des hérons, semblent dialoguer à bride abattue. Le bec qu'ils ont si long se prête à de telles palabres. Il y a aussi les galions de grandes proportions; ils sont là pour nous rappeler qu'aux XVIe et XVIIe siècles les maîtres de la Méditerranée étaient bien les Ottomans ou, même, les descendants des Turcs en Tunisie. Des navires baptisés Dragut, Corso et Allegro. Une série de masques, conçus pour le théâtre, fabriqués dans de la mousse ou taillés dans le tissu, achève les mouvements et oscillations de cette exposition. Des masques funéraires et décoratifs tantôt carthaginois, tantôt d'inspiration italienne, baptisés Dottore, Briguella, Pantaloni, etc. ————— * L'exposition se poursuivra à la galerie Ali-Guermassi jusqu'au 30 juin 2010