Le titre de l'exposition pourrait induire en erreur en faisant penser à une exposition de poupées animées de manière mécanique, électrique ou électronique. Ce n'est qu'en entrant dans la salle d'exposition qu'on s'aperçoit qu'on est en présence d'une panoplie de belles statuettes, de véritables objets d'art si bien ouvragés, qu'on prend plaisir à contempler dans les moindres détails. Voyons ces précieuses poupées faites d'argile, ce cortège de cavaliers en miniature dont les chevaux sont tantôt au pas tantôt au galop et qui rappellent par leurs habits et leur maintien les officiers ottomans. Et ces bateaux à voiles ou navires de guerre, appelés Nigrou, Torpedo et Galion, qui font penser à ceux utilisés par les Espagnols dans leurs batailles contre les Turcs en Méditerranée au XVIème siècle. Ces deux oiseaux marins soigneusement sculptés ne sont autres que deux hérons aux longs becs dressés vers le ciel, comme pour nous inviter au voyage, à la liberté. Il y a aussi cette série de masques historiques ou funéraires (ceux des Carthaginois) ou de théâtre (la Commedia del Arte), tels que Pantalloni, Briguella ou Dottori. Le visiteur aura aussi à voir des tableaux que l'artiste a sélectionnés à partir de ses films de dessins animés « Les aventures de Jahjouh » qu'il avait réalisé en 1984 et d'autres extraits de son film « Jahjouh 2 » réalisé en 1989. Samir Besbès, connu essentiellement pour ses productions cinématographiques et audiovisuelles, révèle ici d'autres talents artistiques, notamment son travail de l'argile d'où sont tirées ces belles poupées et ces exceptionnels personnages et objets, sans oublier la sculpture dans la mousse, dans le bois ou la taille dans la pierre ou le tissu. Le clou de cette exposition est cette planche horizontale intitulée « Gaza, mon amour » qui rappelle ces images atroces de l'agression israélienne diffusées à la télévision, que l'artiste a reproduites en sculptures : une vue générale de la ville de Gaza transformée en un véritable champ de bataille où l'on voit des enfants blessés ou massacrés, des têtes détachées de leurs corps, des victimes gisant dans leur sang. De cette exposition, on retiendra que tous ces objets d'arts (poupées, figurines, marionnettes, santons et tableaux) sont le fruit d'une aventure artistique qui a leur bien insufflé la vie.