La nouvelle exposition d'Ahmed Souabni nous fait entrer dans un univers plastique très personnel, lumineux et raffiné. «Lorsque Souabni expose, le printemps se déplace même en décembre», disait Nja Mahdaoui en parlant de l'œuvre d'Ahmed Souabni. C'est cette impression-là que suscitaient les toiles du peintre exposées depuis samedi dernier à l'espace des beaux-arts Caliga. La peinture d'Ahmed Souabni est sensible et sensuelle, mouvementée et structurée. Elle est la réflexion douce et harmonieuse des manifestations extérieures de son existence passée et présente qui se composent sur la toile, laissant apparaître des éléments qui s'épousent, des formes qui se mêlent et des couleurs qui s'engendrent. Dans son travail, la sûreté de sa main s'allie à la délicatesse de son âme et rehausse sa distinction artistique. Il a le pouvoir de donner à tous les sujets qu'il traite, sur l'espace infini qui se déploie dans ses tableaux, une dimension sublime et intemporelle: natures mortes, portraits, cavalcades, etc. Les couleurs ont tendance à être monochromes : elles vont des bleus glacés aux rouges intenses, en passant par les verts nostalgiques. Sa technique consiste à appliquer des taches successives et des éclaboussures en glacis légers, laissant ainsi apparaître le sujet comme lorsque Baudelaire parlait : «Dans l'indéfini du lieu, dans l'indépendance du temps, le vivant ciselé sur la toile, baigné dans la lumière, jouit d'une ambiance intime et poétique». Le mouvement indépendant n'a donc pas besoin de mécanique ou d'effets optiques pour sublimer l'effet, il s'opère par l'agencement et la construction des couleurs les unes près des autres, dans une fresque de diverses formes et une palette aux couleurs vives et chaudes comme celles d'un éternel printemps. Une belle exposition à admirer de près jusqu'au 21 décembre.