Vous avez appelé, dans la conférence de presse d'Al Massar, tenue hier, le Quartet «à ne pas proclamer le 14 décembre l'échec du Dialogue national, même en cas d'absence de consensus sur le nom du futur chef du gouvernement» et à «rendre opérationnel le blanc seing que leur ont accordé les partis politiques». Pouvez-vous nous expliquer davantage votre position ? Le Quartet a décidé, à la demande des partis politiques, de prolonger le Dialogue national de dix jours, mais afin d'éviter un autre blocage, en cas d'échec et d'absence de consensus, nous avons proposé, afin de trancher dans le vif, que le Quartet recoure à des mécanismes impératifs. Autrement dit, c'est au Quartet de choisir le prochain chef du gouvernement en optant pour le candidat ayant bénéficié du plus large consensus des partis politiques participant au Dialogue, optant pour une méthodologie moins complaisante envers les partis. Nous proposons, ainsi, que le consensus ne soit plus le mécanisme dominant pour le choix du candidat, mais celui de la majorité, même si une minorité le refuse. Car je vous le répète, la situation dans le pays est tellement critique sur tous les plans, économique, social, sécuritaire et autres, que les partis politiques devraient prendre leurs responsabilités afin que le Quartet, en cas d'échec du Dialogue national, puisse avoir recours à d'autres mécanismes. Il est vrai que nous avons préféré auparavant le consensus, mais maintenant c'est l'occasion ou jamais pour que le Quartet impose un mécanisme impératif dans le but de sortir le pays de la crise politique qui le mine. Sinon en cas d'échec, c'est au peuple tunisien d'assumer ses responsabilités le 17 décembre, date anniversaire de la révolution et proche. Sans compter que le mois de janvier sera sans doute chaud si la crise se perpétue. Quel est votre nouveau candidat à la primature ? Al Massar émet le vœu que le futur chef du gouvernement soit une femme. Concernant l'Isie (Instance supérieure indépendante des élections), il semble que le Quartet proposera une nouvelle méthodologie afin d'éviter d'autres éventuelles sanctions du Tribunal administratif. Qu'en est-il précisément ? Il s'agit soit de continuer à travailler sur la base de l'ancienne procédure de sélection des candidatures à l'Isie et donc de tenir compte des remarques du Tribunal administratif, soit de ne pas en tenir compte et de continuer à travailler comme si de rien n'était ou, enfin, de proposer un projet de loi afin d'éviter d'être sanctionné par le Tribunal administratif. C'est pourquoi le Quartet, dont l'un des membres n'est autre que le bâtonnier Mohamed Fadhel Mahfoudh, et qui, de surcroît, était membre de l'ancienne Isie, a proposé la possibilité de réviser la loi en présentant un autre projet de loi afin d'éviter d'éventuelles sanctions du Tribunal administratif.