Un premier long métrage de la Palestinienne qui aurait pu être très intéressant. Lorsqu'elle a présenté son film héritage au festival Méditerranéen de Bruxelles, Hiam Abbas, de vert vêtue et serrant fort le micro entre ses mains, a insisté sur cette appellation «Arabe israélien» contre laquelle elle semble se battre. «C'est absurde comme appellation, dit-elle, on ne dit jamais par exemple, Arabe algérien ou Arabe tunisien...» une stigmatisation péjorative pour cette communauté qui vit en Israël où se déroule le drame du film de Hiam Abbas, son premier film en tant que réalisatrice. Un premier film qui ne constitue pas ce qu'on appelle un «foudre de guerre»... vu les différentes parties qui ont contribué à la production , et disons-le, le film ne semble pas avoir eu de problèmes de financement grâce au nom de l'actrice qui a fait déjà ses preuves en réalisant déjà quelques courts métrages . On s'attendait à un meilleur traitement, sincèrement ! Le public belge attendait plus de la réalisatrice ce soir-là d'autant plus qu'elle avait un sujet facilement malléable et possiblement émouvant, même si l'histoire de la fille arabe (rôle campé par Hafsia Herzi) qui veut épouser un non musulman est déjà usité. En voici le synopsis : «Alors qu'Israël et le Liban sont en guerre, une famille palestinienne se rassemble autour du mariage de l'une des filles. Mais la vie n'est simple pour personne : Hajar, de retour de Londres, n'ose pas annoncer à ses parents qu'elle est éprise d'un Anglais, Matthew. Ahmad est candidat aux élections municipales. Il a fait le choix de travailler avec les Israéliens. Majd cache son endettement alarmant au reste de la famille. Marwan se désespère de ne pouvoir avoir d'enfants. Hajar finit par confier à son père, Abu Majd, son amour pour Matthew. Le père, courroucé, réagit en demandant au cousin Ali de mettre tout en œuvre pour dissuader sa fille de l'épouser... et, en toile de fond, il y a la guerre entre Israël et le Liban. Une guerre qu'on entend beaucoup dans la bande-son du film, comme le précise, d'ailleurs, Hiam Abbas qui a déclaré avoir travaillé avec des effets spéciaux pour l'image des avions et le bruit des explosions. Voici un côté très réussi du film. Le film remet en question des traditions et des préjugés de la société arabe qui refuse encore qu'une de leur fille épouse un chrétien et de surcroît anglais. «Mais c'est à cause des Anglais que la Palestine est dans cet état!», lance l'oncle lorsqu'il apprend que sa nièce allait se marier avec le jeune étranger. Une réplique du film qui révèle tout un état d'esprit et un arrière-fond politique qui traduit assez bien la plus grande déchirure du Moyen-Orient. Malgré les lacunes du film, trois personnages retiennent l'attention : Hajer, la jeune fille amoureuse qui tente d'échapper à l'autorité familiale , le frère, médecin, qui a honte de se découvrir stérile, et l'oncle, avocat, accusé de traîtrise et de collaboration avec Israël lorsqu'il tente de se présenter aux élections. La réalisatrice elle-même joue le rôle de la tante de Hajer, un rôle qu'elle réussit magistralement. Mais dans tout cela, le film pèche par un ensemble de situations introduites sans souplesse narrative et par une mauvaise circulation de la passion et des sentiments entre les différents personnages. Mais la réalisatrice y a beaucoup mis d'elle-même, du moins assez pour nous faire sentir la déchirure que provoque la double identité.