Trois réalisatrices arabes : la Tunisienne Hind Boujemaâ, la Palestinienne Hiam Abbas et la Saoudienne Haifa Al Mansour ont présenté, dernièrement à la Mostra De Venise, leur premier long métrage traitant de faits de société ayant survenu dans leurs pays respectifs. « C'était mieux demain », long-métrage documentaire de la réalisatrice tunisienne Hind Boujemaâ, a été présenté en première mondiale à la 69ème édition du Festival du Film de Venise, où il a fait partie de la Sélection officielle – projections spéciales.
À travers le tumulte d'une révolution, « C'était mieux demain » suit Aida, une Tunisienne cherchant à reconstruire sa vie sans vouloir regarder en arrière. Sa vie patauge d'un quartier défavorisé à l'autre. Mue par la volonté de trouver un toit pour elle et ses enfants, elle fait fi des événements historiques qui l'entourent. Son seul but étant de se reconstruire, elle est convaincue que la révolution est une bénédiction.
« C'est un film assez spontané parce que (Aida, la protagoniste) est une personne que j'ai rencontrée juste après le départ de Ben Ali, au moment des manifestations, quand le pays commençait un peu à émerger du choc de l'annonce, et en fait, il y a eu tout de suite quelque chose qui s'est passé avec cette personne, et on a foncé, comme ça, toutes les deux. Ça s'est décidé en une heure de temps » ,explique la réalisatrice et de poursuivre « On a de la chance de vivre (une révolution), après, le plus dur, c'est la reconstruction. Après la révolution, à un moment on se dit ‘on va avoir le droit à tout'. Et chacun a rêvé la Tunisie comme il la veut ».
« Inheritance », le premier film de Hiam Abbas, était en compétition aux Venice Days de la Mostra de Venise. Le film raconte l'histoire d'une famille palestinienne vivant dans le nord de la Galilée et se retrouvant pour célébrer le mariage d'une de leurs filles, alors que la guerre fait rage entre Israël et le Liban. Lorsque le père tombe dans le coma et que sa mort approche, les conflits entre les différents membres de la famille deviennent aussi impitoyables que la guerre.
« J'ai vraiment essayé de donner à chaque personnage une sorte de symbolisme de la société palestinienne vivant aujourd'hui en Israël. Ce sont des conflits quotidiens, mais dans un conflit politique, ce qui en partie, signifie être Palestinien en Israël ».
Après avoir joué avec elle dans « La source des femmes », la réalisatrice a choisi Hafsia Herzi, une actrice française d'origine algérienne et tunisienne, pour jouer la protagoniste, bien que l'actrice ne parle ni l'arabe palestinien, ni l'anglais. « Pour moi, il était important de prendre quelqu'un de presque extérieur à cette famille parce que sa différence devait s'imposer sur les gens, sur sa propre famille, et sur le spectateur regardant le film... », indique la réalisatrice.
« Wajda », premier film de Haifa Al Mansour. Au-delà des pays du Sud de la Méditerranée, l'Arabie Saoudite a été représentée par la première réalisatrice du pays, Haifaa Al Mansour, qui a fait ses débuts en tant que réalisatrice de long-métrage à Venise avec le film « Wadja », et qui a aussi voulu parler de cette société changeante. « La complexité de la société est en train de bouillir et de remonter à la surface et c'est un très bon environnement pour les cinéastes. Pour les documentaires par exemple, vous n'avez qu'à mettre une caméra dans la rue et vous revenez avec des choses incroyables », a déclaré Al Mansour.
Plus loin, elle confie « Nous voulons que les arts libéraux jouent un rôle plus important dans la construction des Nations arabes à l'avenir, et pas seulement les idéologies conservatrices comme dans l'art islamique ».