Tout semble avoir été réuni pour que Ansar Echaria ne tienne pas, ce soir, sa promesse de faire des malheurs à l'occasion du réveillon. Rassurant, mais sait-on jamais ? Aujourd'hui, 31 décembre : c'est le réveillon. C'est la fête que la Tunisie célèbre en fanfare et, très souvent, en grandes pompes. Paradoxalement, il se trouve que, quelque part et depuis précisément l'avènement tragique de l'hydre terroriste dans nos murs, on nous «envie» cette vieille tradition, ce grand bonheur et cette belle parade annuelle. Et celui qui nous envie cela et qui en est jaloux n'est autre qu'un certain Abou Iyadh qui a promis, comme on le sait, de gâcher la fête de ce soir, à coups d'attentats terroristes qui viseraient, selon évidemment leurs slogans haineux, laïcs, mécréants et apostats parmi les Tunisiens et les touristes qui ont choisi de réveillonner parmi nous. Cela revient à dire que ce sont les hôtels, les restaurants et les boîtes de nuit qui seraient pris pour cibles potentielles, afin de... mieux faire mouche ! Cependant, en se remémorant le modus operandi qui avait accompagné des attentats perpétrés jusqu'ici par Al Qaïda, en pareille circonstance de par le monde, on constate clairement que les disciples de Ben Laden jamais en panne de sombres desseins, peuvent frapper ailleurs : dans une caserne, dans une prison, dans un poste de police ou de la Garde nationale, dans une grande surface, dans une ambassade et, souvent, dans un édifice public. Cela sans compter les prises d'otages, les assassinats politiques et les détournements d'avions. Le tout avec d'autant plus de cynisme que Ben Laden, au lendemain de l'assaut foudroyant des siens, lancé dans les années 90 dans une boîte de nuit de Berlin, fréquentée cette nuit-là par des soldats américains, n'a trouvé mieux, pour exprimer sa joie immense, que de dire «Bravo les gars, vous les avez privés de la joie de vivre, ces chiens». Le mouvement Ansar Echaria se désiste ? L'autre probabilité, non moins soutenue par des experts occidentaux en la matière est de voir les lieutenants de Abou Iyadh ordonner sine die le report de la mise en exécution de son plan d'action échafaudé spécialement pour le réveillon. Et cela après l'arrestation, si elle se confirme, de leur chef et s'ils ont la conviction, preuves matérielle à l'appui, que leurs attentats n'ont aucune chance de réussite. Et là, on ne peut espérer un... meilleur cadeau pour la Tunisie ! Il est vrai que les mesures préventives, réellement exceptionnelles, prises récemment par les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont de quoi dissuader tous les terroristes, aussi coriaces qu'ils soient. «Quand on voit des agents de l'ordre, un peu partout, le doigt sur la gachette, cela nous réconforte et nous incite à aller réveillonner quelque part dans la banlieue», nous confie un banquier qui indique avoir tôt fait de réserver deux nuits pour sa famille dans un hôtel de Gammarth. Un hôtelier de Sousse déclare: «Nous sommes, depuis deux jours, à l'heure du surbooking. N'est-ce pas là une preuve que les menaces des terroristes sont improductives ?». Par contre, M.D, professeur de son état, ne l'entend pas de cette oreille. «Le terrorisme, déplore-t-il, est en train de frapper partout dans le monde, y compris aux Etat-Unis. Alors pourquoi pas, en Tunisie, et en plein réveillon ? Alors, rien ne vaut, à mon sens, une veillée familiale en pantouflards», dit-il. Reste à dire que les noctambules qui réveillonneront ce soir en déplacement, sont appelés à aider policiers et agents de la Garde nationale qui, armés jusqu'aux dents, vont cravacher dur et endurer des sacrifices pour faire avorter toute éventuelle tentative diabolique des sbires d'Abou Iyadh et, par là, pour permettre aux Tunisiens, d'être sains et saufs. Alors, répondons de bonne grâce à leurs sommations et bon réveillon.