Bien que le ministre de l'Intérieur en personne ait reconnu l'existence de sérieuses menaces d'attentats terroristes à l'occasion du réveillon, rien ne prouve que les jihadistes tiendront parole, tactique oblige Le ministre de l'Intérieur a reconnu, dans une récente déclaration publique, l'existence de sérieuses menaces d'attentats que les terroristes promettent de commettre, à l'occasion des fêtes de fin d'année. Curieusement, c'est pour la première fois que Lotfi Ben Jeddou balance un aveu plus blanc que blanc, qui tranche avec le mutisme de son département, qui jusque-là s'évertuait, à coups de démentis assourdissants, à affirmer que «tout baigne dans l'huile» et qu'«il n'y a pas de dangers terroristes, «balayant ainsi, d'un revers de la main, les multiples mises en garde que nous ne cessons, depuis déjà fin 2011, de publier sur ces mêmes colonnes. Fermons la parenthèse, et souhaitons bonne chance à nos vaillants policiers, gardes nationaux et soldats lors de leur bataille contre le terrorisme. Comment s'annonce cette bataille ? Quel coût nous vaudra-t-elle ? Ou, par hasard, sera-t-elle reportée aux calendes grecques, pour des raisons purement tactiques ? Scénarios apocalyptiques Si cette bataille venait réellement à se déclencher selon les prévisions de ses commanditaires, elle donnerait lieu à des scénarios tragiques. En effet, en se basant sur la nature des attentats perpétrés dans la pure tradition d'Al Qaïda depuis la guerre d'Afghanistan jusqu'au conflit syrien actuel, en passant par les autres «exploits» des acolytes de Ben Laden en Algérie, au Pakistan, en Irak, au Kosovo, en Tchétchénie, en Libye, au Yémen, en Somalie, au Mali et au Nigeria, les jihadistes islamistes ont toujours opté pour la variété des opérations: voitures piégées, rapts, attentats à la ceinture explosive et minage des lieux ciblés. Comptant sur d'importants effectifs de kamikazes des deux sexes, les terroristes ne visent que les endroits stratégiques: édifices publics (ministères, sociétés...), postes de police et de la Garde nationale, casernes, prisons, hôtels, grandes surfaces, usines, complexes industriels et ambassades. Selon les mêmes révélations des services de renseignements occidentaux, «les terroristes mettent souvent entre deux et trois mois pour peaufiner les préparatifs d'un attentat, à travers un modus operandi basé sur trois plans A, B et C. Et ils y vont le jour J, l'heure H, sans la moindre hésitation, quitte à perdre plus d'hommes que leurs victimes». Autre scénario non moins redoutable: les jihadistes, terriblement imprévisibles, restent capables, au moment de l'attentat, de faire usage d'armes sophistiquées, l'objectif étant de causer le maximum de dégâts, c'est-à-dire en pleine conformité avec leur idéologie sanguinaire. «C'est justement l'effet surprise, principal atout des terroristes, qui nous inquiète le plus», reconnaît un agent de la Garde nationale qui met l'accent sur «la nécessité de redoubler de vigilance, de mieux exploiter les précieux renseignements émanant des Algériens et enfin de prendre des mesures préventives exceptionnelles à l'approche du réveillon». Et s'ils ordonnaient... un hors-jeu Cela pour les scénarios dramatiques. Et si le contraire venait finalement à se produire? En effet, il n'est pas non plus exclu, révèlent les archives d'Al Qaïda, que les terroristes ne frappent pas du tout. D'abord, parce que leurs opérations pourraient avorter de justesse grâce à l'omniprésence sécuritaire. Ensuite, parce que, dans leur style, ils n'hésitent pas à renoncer, in extremis, à l'exécution d'un attentat dont tout le monde a eu prématurément vent. A ces deux facteurs, il faut ajouter un autre tout aussi crédible, à savoir que Abou Iyadh et ses hommes, en proférant leurs menaces contre les hôtels fêtant le réveillon, cherchent à pousser l'essentiel de l'armada militaro-sécuritaire du pays à se concentrer sur les établissements touristiques dans l'espoir de desserrer l'étau asphyxiant qu'endurent encore leurs camarades au Jebel Chaâmbi. «Une hypothèse à ne pas écarter», soutient un policiers qui parle d'«un ennemi imprévisible et donc capable de tout».