On ne vous invite pas à une partie de cartes. On laissera volontiers la pratique de ce sport, non moins roi que le foot, à la masse des mordus invétérés qui occupent les cafés sept jours sur sept à longueur de journée. Se tuant à tuer le temps, sans vouloir rien faire de bon... On va plutôt parler un peu de la manière de servir dans certains cafés à Tunis et ailleurs. Là, le client est souvent traité en valet... et même pas en roitelet! Si on vous fait installer devant une table crasseuse, inutile de réclamer son nettoyage. Parce que le chiffon de misère qu'utiliserait le serveur, aux ongles en deuil, est souvent imprégné d'eau noirâtre et «cochonnée»... Et sans vous faire du mauvais sang, arrangez-vous, avec votre papier-mouchoir, pour nettoyer vous-même sans prendre la peine de héler le garçon! Si vous commandez un café-crème, n'oubliez pas de dire au serveur et d'insister : «Sans mousse, SVP!». Sinon, on vous servira un petit verre à thé à moitié plein de mousse de lait! Si vous êtes dans un café huppé, ne vous étonnez pas si le bonhomme au tablier tient à vous «gâter». En cherchant à vous «gratifier» d'un thé aux pignons ou aux amandes et non un thé... nu, et «sans souliers» (selon notre expression populaire). C'est en quelque sorte un jeu à quitte ou double bien singulier. Payer le double du prix du breuvage (et parfois beaucoup plus) ou bien quitter le café... sur la pointe des pieds... Ici, en «client-valet», vous n'avez aucun droit. Rien que le devoir de casquer. Avec, en sus, un pourboire «forcé». Le serveur trouvant souvent plus pratique et logique d'arrondir l'ardoise à son profit, sans hésiter. Cela dit, qui, en fait, est roi? Le client ou le cafetier?