Le vocabulaire ne s'y refuse point : on regarde une équipe et on voit des joueurs d'exception qui invitent plus à pénétrer qu'à observer. La répartition des rôles donne plus d'assise au jeu. Le positionnement des joueurs facilite la tâche, donne et suggère des solutions Une coupe du monde n'est pas faite seulement pour jouer, mais aussi pour se régaler. Les joueurs ont aussi le droit, en dépit de la pression qu'ils ne cessent de subir, d'y goûter. L'on oublie parfois que le football est avant tout une question de motivation. L'histoire l'a souvent démontré. Mais c'est aussi et surtout une question de mentalité et d'état d'esprit. Certaines équipes n'hésitent pas à le confirmer et encore une fois leur nom, leur statut leur donnent la force et même la légitimité de survivre à toute autre vérité. L'esprit de jeu n'a pas changé même lorsque que la civilisation du football change de nom et de signification. L'incarnation d'un moment historique ne saurait être remplacé. Cela donne de la force, un pouvoir de résolution. Ceux-là même qui rendent les choses à leur juste valeur en les empêchant de rentrer dans le rang. Au fond, le mérite d'une équipe, notamment lorsqu'elle se trouve impliquée dans une épreuve comme la coupe du monde, ce n'est pas seulement le résultat, ni la régularité dans le rendement. C'est aussi et surtout une philosophie. Plus encore : une liberté de s'exprimer, une vocation, une morale. Ce que le Portugal a révélé face à la Corée du Nord, ce que le Chili n'a cessé de confirmer lors de ses deux premiers matches, les promesses de l'Espagne après la défaite de la première journée, tout cela indique qu'on ne pense pas seulement à la virtuosité, mais également à une certaine éthique sportive, une déontologie avec, en alternative, autant de style de jeu que de mode de comportement. L'on se demande comment ces équipes-là parviennent à concilier tout cela, à épouser un style tout en continuant à jouer tous les rôles. Quelle est l'équipe qui peut de nos jours avoir vraiment une ouverture de compas? Pourtant au fur et à mesure que l'on avance dans cette coupe du monde, il nous a semblé qu'il y a et qu'il y aura toujours celles qui ont la force de pouvoir encore incarner l'impeccable spontanéité du geste, le football-bonheur tant qu'elles ne se soumettent pas à un lexique de retard. Toujours l'esprit de l'escalier ! Un penchant permanent pour placer le contexte dans le jeu et non pas seulement dans l'enjeu. La manière de jouer de ces équipes-là ne peut prendre vraiment forme que lorsque sa représentation sur le terrain devient encore plus importante ; notamment avec plus d'inspiration ; ce qui n'intervient qu' à partir du moment où la créativité remplace le seul fait de jouer, au moment où tout ce qui s'y conçoit ne peut être uniquement l'œuvre de l'artisan, mais tout particulièrement de l'artiste. Ils se font une raison Le vocabulaire ne s'y refuse point. On regarde une équipe et on voit des joueurs d'exception qui invitent à pénétrer et non pas seulement à observer. La répartition des rôles donne plus d'assise au jeu. Le positionnement des uns et des autres facilite la tâche, donne et suggère des solutions. Il faut dire qu'une approche pareille résulte des effets conjugués d'inspirations tactiques, de modalités et de stratégies bien pensées. Le temps du joueur ordinaire, de l'équipe ordinaire, dont le comportement n'ose pas dépasser un minimum de vertu, n'a plus le droit d'être cité en coupe du monde. L'épanouissement dans le jeu est désormais un compromis raisonnable, une stratégie sauvegardée par des méthodes et des stratégies créatives. L'exigence du haut niveau impose forcément un comportement d'une plus grande dimension et lorsqu'on tient à réussir dans le plus grand rassemblement footballistique du monde, beaucoup de choses doivent nécessairement évoluer. Il faut se dire que la gestion humaine ne peut pas rester la même, que les joueurs soient motivés par des ambitions surdimensionnées quelles que soient la nature de l'adversaire ou encore l'importance du match. Le message est le suivant : l'exigence devant le jeu serait pour ainsi dire de nature à se traduire en un véritable état d'esprit à l'égard de tout ce qui est beau, tout ce qui fait rêver…